Le mois de juillet 1962, le 1er Novembre 1954, le 19 mars, le 17 octobre 1961, sont sacrés pour les Algériens. Ces dates sont inoubliables pour les Algériens, elles sont le passé, le présent et l'avenir de tout un peuple, et le cordon ombilical de toute une Nation. Dans sa tentative de contenir la Révolution algérienne, l'armée française coloniale a créé des centres de détention où elle enfermait les Algériens qui affichaient leur appartenance et sympathie pour l' Armée de libération nationale (ALN), dans le but de les dissuader d' entreprendre une quelconque action révolutionnaire. La stratégie de contrôle de la population amène les autorités militaires françaises, qui disposent des pleins pouvoirs depuis 1956, à mettre en place des camps de prisonniers. À partir de 1957, on comptait 86 Centres de tri et de transit (CTT), dans toute l' Algérie, détenant environ 10 000 personnes. Les personnes raflées, y étaient systématiquement envoyées et dirigées vers l'un des deux types de camps : les centres d'hébergement administrés par les autorités civiles où on comptait 11 000 personnes. Les camps d'hébergements les plus durs se situaient dans des régions semi- désertiques et se trouvaient à Paul Gazelles, Bousset et Djorf. Quant aux détenus européens, on les enfermait dans le camp de Lodi, à Douéra. Les mineurs étaient enfermés dans le camp du Maréchal, à Tadmaït. Les camps militaires d'internés, les (CMI) étaient au nombre de sept, créés à partir de 1958. On y envoyait les combattants de l'ALN et chaque Algérien pris les armes à la main. Dans ces camps, des actions psychologiques étaient infligées aux détenus, tant et si bien que certains finissaient par s'engager dans l'armée française. L'impact resta très limité et, en général, Caspin mit fin à ce programme dès 1960. Cela dit, de nombreux officiers du 5e Bureau (actions psychologiques) ont voulu développer la technique du «lavage de cerveau» sur les prisonniers. Il faut dire que la Guerre d'Indochine et les mauvais souvenirs des camps de rééducation du Vietnam avaient marqué les officiers français. En 1957, ces techniques seront renforcées et systématisées, à l'échelle de tout le territoire. L'appel à la 10e Division parachutiste pour une opération de police et de renseignement, et donc la torture, aura facilité le travail du second Bureau, mais également mobilisé les troupes de terrain requises pour d'autres tâches dont les interventions sur les barrages. Les exemples ne manquent pas. Rien que dans la zone 2 de la wilaya IV historique, l'administration coloniale a créé plus de 70 centres de détention, dont certains portaient les noms tristement célèbres d'El-Djebassa, Moulin Sportiche, El-Koudia El-Hamra à Tablat, désigné aussi sous le nom du «centre n°602», spécialisé dans les exécutions sommaires, Camp Morand, ou encore Zmala à Berrouaghia, et Bir Hamou à Ksar-El-Boukhari. Et d'autres, comme ceux de Damiette, à la périphérie est de Médéa, et Aïn-Gueroumi, dans la commune de Mihoub, au nord-est de la wilaya, ou encore, Aïn Er-Riche, dans la localité de Berrouaghia. Autant de lieux sinistres qui ont vu défiler des milliers d'Algériens accusés de soutien et de sympathie avec les moudjahidine. Cependant, personne ne parle du camp horrible de détention de la ferme Cortesse de Bordj-Menaïel, un camp qui vous donne la chair de poule. Des milliers de personnes ont été exécutées sans le moindre remords, et la preuve, actuellement on vient de découvrir un charnier de cadavres d'anciens détenus que l'on vient de déterrer. Aussi, il y a lieu de constater qu'il est urgent de prendre le taureau par les cornes afin de faire d'autres recherches en vue de rendre hommage aux valeureux chouhada et s'incliner avec déférence à la mémoire de ces valeureux combattants qui ont combattu sur de longues périodes et ont payé un lourd tribut aux forces coloniales dont ils ont brisé le joug pour affranchir le pays et hisser haut son emblème aux côtés de ceux des Etats indépendants. La célébration de cette mémorable journée nous donne l'agréable opportunité d'adresser nos salutations et d'exprimer toute l'estime et la reconnaissance aux valeureux combattants moudjahidine et moudjahidate qui demeurent encore en vie, ainsi que ceux et celles qui ont rendu l'âme, sans oublier les chouhada dont les dépouilles n'ont jamais été retrouvées, sans omettre les soldats inconnus. «Que Dieu, le Tout-Puissant leur accorde le paradis éternel». Ils étaient nombreux les martyrs qui sont tombés sur cette terre de la région de Bordj-Ménaïel et les noms de batailles menées par les troupes de l'ALN, où les noms des grands chefs militaires qui s'y sont battus, ils étaient jeunes, et même très jeunes, qui sont tombés au champ d'honneur dans des rudes batailles livrées aux soldats français, ils sont des dizaines, des centaines, voire même des milliers. Ils avaient pour nom Abbas Abdelkader, Aït Amar, Guaouaoui, Salah Takdjerad, Bouhamadouche Djelloul, Akroum Abdelkader dit «Tbib», Amara Rachid, Amara Rabah, Kaddour Achour, Talamali, Bengriche, les frères Abaziz, les frères Hamzaoui, Kentour Saïd, Bouiri Boualem, Hachemi Hamoud, Khoudi Saïd, Dichou Ali, Tahanout Saïd, Alouane, Bessami Ali et d'autres, ils étaient les artisans d'un combat idéaliste, un idéal en action qui incarne en quelque sorte un repère qui renseigne sur l'histoire des hommes au sens propre du mot, hors du commun et qui étaient animés d'une bravoure exemplaire. L'adhésion de ces hommes au mouvement national s'est faite bien avant le 1er Novembre 1954, leurs parcours relate avec force détails cet engagement pour libérer le pays du joug colonial. En dépit de leur jeune âge, ils faisaient partie du premier noyau sous le commandement du colonel Amar Ouamrane : on disait d'eux que c'étaient des « hors-la-loi » qui agissaient dans la clandestinité, qui avaient pris les armes à la main pour faire partie de cette catégorie d'hommes ayant dignement résisté à la colonisation française, qui ont eu une participation effective dans la lutte pour le recouvrement de l'indépendance de l'Algérie. Le parcours de ces combattants de la première heure de la Guerre de libération nationale est étonnement atypique. c'étaient des hommes mûrs, malgré leurs jeunes âges, la majorité ne dépassait pas 23 printemps, ils étaient épris des valeurs de liberté et de bravoure, ils étaient issus de l'un des terreaux du combat libérateur dans la région de Bordj-Ménaïel qui était considérée comme le berceau de la Révolution. Ils s'étaient engagés dans la lutte armée pour l'indépendance, ils ne sont plus de ce monde, ils sont morts en chahids, en participant à plusieurs opérations armées et actes héroïques, pendant la guerre ayant opposé l'Algérie, en quête d'intégrité et de souveraineté, à la France coloniale. Ils étaient jeunes mais assez mûrs qui nous rapprochent même d'une époque où la discrétion de même que la confidentialité, le sens du sacrifice et le sens de la parole donnée n'étaient pas du tout de vains mots, ils étaient modestes, humbles dans leurs façons d'aborder la discussion. Ils savaient ce qu'ils faisaient et ce qui les attendaient, ils n'avaient aucune peur de la mort, car la lutte avait pris de l'ampleur avec de multiples et horribles affrontements entre les forces armées coloniales et les maquisards, car les moudjahidine commençaient à regagner en masse les maquis. Dans les années 1940, on entendait de temps à autre dans les villes et villages, des chants patriotiques à la gloire des Bouamama, de l'Emir abdelkader, de Fatma Soumeur, de Messali El Hadj, c'est pour cela qu'il a toujours existé un cordon ombilical entre les générations. C'est pour cela que la grande lutte ne tarda pas à venir. On a planifié des attentats un peu partout dans la ville de Bordj-Ménaïel comme la pose de la bombe dans les bars, dans les cinémas, c'était le signal d'une véritable guerre qui a été donné. Au niveau des garages mécaniques de Torregrossa, un jeune du nom de Abbas Abdelkader, plus connu par Abdelkader el Mayate, un apprenti-mécanicien qui adorait les motos a été le principal recruteur d'hommes devant rejoindre la cause algérienne. C'est lui qui faisait les premiers préparatifs du combat libérateur dans la région de Bordj-Ménaïel : Sa mère, Na Houria, actuellement décédée, disait de lui que son Abdelkader rentrait tard dans la nuit sans lui préciser d'où il venait ni sa destination le lendemain, Abdelkader agissait dans la discrétion la plus absolue, mais à un moment donné, il était recherché, l'armée française était informée de ses activités. Na Houria, était une Dame qui a beaucoup souffert, lorsque nous l'avions sollicitée de son vivant, elle a préféré en toute modestie n'en dire que très peu sur sa vie personnelle, mais elle s'étalera longuement plutôt sur son fils Abdelkader et d'autres combattants humbles de l'entourage de son fils. Son fils est monté au maquis, animé d'un esprit patriotique sans jamais revenir. Elle a vécu dans l'espoir de revoir son fils après l'indépendance. Son fils n'est jamais revenu mais elle s'est accrochée à un brin d'espoir de certains combattants qui disaient l'avoir vu du côté de la frontière tunisienne. Na Houria n'a plus jamais revu son fils Abdelkader, elle n'a jamais fait son deuil, elle n'a jamais su où il est mort et où il est enterré. Cependant, ce qui nous désole est le fait qu'une plaque commémorative épitaphe portant son nom et prénom a été ôté de la ruelle faisant office de son domicile maternel. Personne n'a bougé le petit doigt, que ce soit la kasma des moudjahidine, l'APC de Bordj-Ménaïel. C'est lui qui a été le premier contact avec Ramdane Djouab. Ramdane Djouab était apprenti-mécanicien aux garages Torregrossa, ce dernier est toujours vivant malgré l'usure de l'âge et les maladies qu'il traîne dues aux sévices et tortures qu'il avait endurées. Il avait à peine 14 ans lorsqu'il milita pour la noble cause algérienne, c'était un digne combattant, il a été torturé, détenu dans les prisons coloniales. C'est l'ami fidèle de Amar Zaoui qui était son compagnon durant la Guerre de libération nationale, aujourd'hui, il est bien dommage de voir cette graine de vrais nationalistes ignorée par les autorités locales, les autorités de wilaya. Un appel est lancé au Gouvernement algérien pour rendre hommage à ce combattant de la liberté et qui a milité pour l'indépendance de son pays.