C'est dans la grande salle de la Bibliothèque nationale d'Alger que Mohamed Iguerb, commissaire du Salon international du livre d'Alger (SILA), a levé le voile, dimanche, sur les grandes lignes de la 28e édition de cet événement phare de la scène culturelle algérienne. Prévu du 29 octobre au 8 novembre au Palais des Expositions, le rendez-vous s'annonce d'ores et déjà exceptionnel, tant par l'ampleur de la participation que par la richesse de son programme. Mohamed Iguerb a livré les premiers chiffres : 1 255 maisons d'édition prendront part au salon, dont 291 algériennes, 410 arabes et 554 étrangères, représentant 49 pays. Répartis sur 565 stands, ces éditeurs proposeront aux visiteurs près de 240 000 titres. « Nous espérons accueillir cinq millions de visiteurs cette année, soit un million de plus que lors de la précédente édition », a-t-il indiqué, affichant une ambition à la hauteur du prestige de l'événement. La Mauritanie, invitée d'honneur Placée sous le signe du partage et du rapprochement culturel, cette édition aura pour invité d'honneur la Mauritanie, souvent surnommée « le pays du million de poètes ». Sa présence sera fortement marquée au sein d'un programme culturel dense, comprenant 55 activités et animées par plus de 250 intellectuels, écrivains et chercheurs. Le commissaire du salon a rappelé que cette invitation illustre « la profondeur des liens historiques, religieux et artistiques » qui unissent les deux pays. Un salon tourné vers l'ouverture et la jeunesse Adoptant cette année le slogan « Le livre, carrefour des cultures », le SILA entend mettre le livre au cœur du dialogue entre les peuples. Pour son commissaire, cette devise traduit une conviction : « le livre demeure un pont entre les civilisations, un rempart contre le racisme et la haine ». Devenu au fil des années le plus grand événement culturel du pays et le plus fréquenté d'Afrique et du monde arabe, le salon du livre d'Alger s'impose comme un rendez-vous familial et populaire. « Nous tenons à le programmer durant les vacances d'automne pour permettre aux enfants et aux familles d'en profiter pleinement, notamment durant les week-ends », a précisé Iguerb. Innovation numérique et intelligence artificielle au programme Dans un souci de modernité, une application mobile gratuite sera lancée pour accompagner les visiteurs, leur permettant de suivre l'actualité du salon et de s'orienter plus facilement entre les stands. Le SILA abordera également les défis posés par l'intelligence artificielle, à travers plusieurs conférences consacrées à ses implications éthiques, culturelles et juridiques. Une édition ancrée dans la mémoire nationale Evénement marquant du calendrier culturel algérien, le SILA coïncide cette année encore avec la commémoration du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954. Le programme rendra hommage aux grandes figures de la littérature nationale, notamment Abdelhamid Benhadouga, doyen du roman arabophone, et Rachid Boudjedra, célébré pour ses soixante années d'écriture. L'écrivain kényan Ngugi wa Thiong'o sera la tête d'affiche internationale de cette édition, qui abordera également les luttes d'émancipation africaines et les valeurs universelles du vivre-ensemble. Hassan Arab, membre du comité scientifique, a souligné le caractère mémoriel du salon, qui coïncide avec plusieurs anniversaires historiques : le 70e anniversaire de l'offensive du Nord-Constantinois et le 80e anniversaire des événements du 8 mai 1945. Des chercheurs étrangers de renom, tels que Claude Benjamin Brower, Olivier Gloag et James McDougall, prendront part aux débats. En marge du salon, un colloque international intitulé « L'Algérie dans la civilisation » se tiendra le 4 novembre à l'hôtel El Aurassi. Son président, Boumediene Bouzid, a souligné l'importance de mettre en lumière l'apport intellectuel et spirituel de l'Algérie à travers les siècles. « De Saint Augustin à Ibn Khaldoun, en passant par Apulée de Madaure, nous voulons rappeler la profondeur historique de la pensée algérienne et son rayonnement en Afrique, notamment via les confréries soufies », a-t-il expliqué.