Nicolas Sarkozy a franchi mardi les portes de la prison parisienne de la Santé pour y purger la peine de cinq ans d'emprisonnement à laquelle il a été condamné après avoir été jugé coupable d'association de malfaiteurs dans l'affaire dite du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Au pouvoir de 2007 à 2012, Nicolas Sarkozy, 70 ans, va devenir le premier ancien locataire de l'Elysée à être placé en détention depuis Philippe Pétain, emprisonné après la Deuxième Guerre mondiale pour avoir collaboré avec l'occupant allemand. S'exprimant sur X peu de temps après avoir quitté son domicile parisien, Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois clamé son innocence et dénoncé un «scandale judiciaire». «Je ne demande aucun avantage, aucune faveur. Je ne suis pas à plaindre, car ma voix porte. Je ne suis pas à plaindre parce que ma femme et mes enfants sont à mes côtés, et mes amis sont innombrables». «Mais ce matin, j'éprouve une peine profonde pour la France qui se trouve humiliée par l'expression d'une vengeance qui a porté la haine à un niveau inégalé. Je n'ai pas de doute. La vérité triomphera». Il avait auparavant pris le temps de saluer les quelques dizaines de sympathisants réunis à l'initiative de deux de ses fils pour exprimer leur soutien à l'égard de l'ancien chef de l'Etat. L'ex-locataire de l'Elysée avait déjà été condamné en 2023 dans une affaire distincte de corruption – une condamnation confirmée par la Cour de cassation en décembre dernier -, celle dite des «écoutes». Reconnu coupable de corruption active sur magistrat et trafic d'influence active sur personne dépositaire de l'autorité publique, il avait été condamné à un an d'emprisonnement ferme sous bracelet électronique. A la prison de la Santé, située dans le XIVe arrondissement de Paris et qui a hébergé de nombreux détenus notoires tels qu'Alfred Dreyfus, Maurice Papon ou encore Jacques Mesrine, il sera placé dans le quartier réservé aux «personnes vulnérables», où il sera seul dans sa cellule afin de garantir sa sécurité. Les conditions de détention sont similaires au reste de la prison; les cellules mesurent entre 9 et 12 mètres carrés et, depuis que des rénovations ont été effectuées, elles disposent désormais de douches privées. «C'est un jour funeste pour lui, pour la France et pour nos institutions car cette incarcération est une honte», a commenté son avocat Jean-Michel Darrois, L'ancien chef de l'Etat a emmené des livres. Trois, pour sa première semaine de détention, comme il l'a confié au Figaro. Parmi eux, a-t-il dit, «Le Comte de Monte-Cristo», roman d'Alexandre Dumas qui narre l'histoire d'un homme injustement emprisonné qui se venge de ceux qui l'ont trahi. D'après un sondage Elabe pour BFM TV diffusé le 1er octobre, 58% des Français disent penser que le verdict rendu contre Nicolas Sarkozy est impartial. Par ailleurs, 61% des personnes interrogées ont dit soutenir la décision d'emprisonner l'ancien président immédiatement, sans attendre un jugement en appel. La décision de placer Nicolas Sarkozy en prison a provoqué l'indignation au sein de la droite et de l'extrême droite. Sur Public Sénat, le député du Nord Sébastien Chenu (RN) a une nouvelle fois déploré que l'ancien chef de l'Etat ait été incarcéré avant que son appel soit examiné et a dénoncé une séquence «choquante».n