«En passant à l'anglais, l'Algérie commettrait la deuxième plus lourde erreur de son histoire, après celle de 1962 lorsqu'elle s'était jetée dans les bras de l'URSS», estime l'anticommuniste primaire llyes Zouari, le président du Centre d'étude et de réflexion sur le Mondefrancophone (CERMF), une officine néocoloniale qui œuvre à la défense de l'impérialisme français sous couvert de francophonie. Comme nous l'indiquions plus haut, l'école française est devenue une structure de décervelage et l'antichambre de Pôle Emploi (chômage). Le système éducatif français se transforme année après année en champ de ruines. Il est au bord du naufrage. A plus forte raison le français est-il en déclin. A l'instar de la France en voie de tiers-mondisation, le français également est en train de s'appauvrir. Les jeunes n'ont plus de vocabulaire et ne savent plus écrire. Certains enseignants s'alarment de la baisse de la maîtrise du vocabulaire. La faillite de la langue touche à la fois l'orthographe, la grammaire, le vocabulaire, la lecture, l'écriture et la compréhension du sens de ce qui est lu ou écrit. Et elle est pluri-générationnelle, puisqu'elle concerne aussi bien les enfants, les adolescents et les jeunes que les adultes. Selon plusieurs études, seulement un tiers des élèves de 3e écrit lisiblement. Cette faillite de la langue touche aussi presque toutes les catégories sociales d'appartenance des élèves, y compris les enfants de l'«élite». Ces deux dernières décennies, en France, l'échec scolaire, matérialisé par la baisse du niveau en français et en mathématiques, et couronné par le décrochage scolaire, c'est-à-dire l'abandon des études, constituent un véritable fléau social. En témoigne : 44% des jeunes en France avouent avoir rencontré des difficultés scolaires. Par ailleurs, 12,9% des jeunes de 15 à 29 ans sont sans emploi, ni formation ou simplement déscolarisés. Certes, selon les statistiques ministérielles, le nombre de décrocheurs est en nette diminution, comparé aux années 1980 où près de 40% des jeunes sortaient de l'école sans diplôme ou avec le seul brevet. En France, alors que le niveau scolaire des élèves ne cesse de baisser comme toutes les études le prouvent, notamment celle de l'OCDE publiée le 5 décembre 2023, le nombre de bacheliers augmente curieusement d'année en année, pour atteindre 90% de réussite au baccalauréat (en 2021, le taux de réussite au bac avait atteint près de 94% et même 97,5% en filière générale. Le record absolu est de 95% de reçus en 2020, toutes filières confondues). Aujourd'hui, plus de 94% d'une génération sont susceptibles d'atteindre miraculeusement le niveau du bac, contre un jeune sur dix dans les années 1960, sept sur dix dans les années 1990. A la lumière de ces pourcentages de «réussite au baccalauréat», une conclusion s'impose. En France, l'école capitaliste de masse est devenue une structure éducative occupationnelle, préparatoire au chômage. Mais également un espace de concentration de main-d'œuvre potentielle soustraite des statistiques du chômage. Pour leur donner l'illusion de la réussite et de la progression dans le cursus scolaire et universitaire, l'éducation nationale française distribue généreusement aux étudiants des diplômes (baccalauréat, licence, master), comme on leur fait accroire qu'ils sont montés dans le démocratique ascenseur de l'ascension sociale qui, en vertu de l'idéologique credo méritocratique de «l'égalité des chances», les hissera au sommet du succès professionnel, de la réussite sociale. Cela étant, en France, le diplôme, quel que soit le cycle universitaire, est devenu la peau d'âne derrière laquelle tout un chacun dissimule son ignorance, camoufle sa vacuité intellectuelle. De sorte que la fabrique des crétins a abouti à une crétinisation de la France. En France, l'entrée dans la vie active s'effectue de plus en plus tardivement. Aussi, avec une perspective d'études supérieures démesurément rallongée (5 années après le Bac), et une extension du temps d'accès à un travail stable, les jeunes n'entament-ils leur carrière professionnelle qu'à un âge avancé, entre 25 et 30 ans. De sorte qu'un jeune aura passé plus de 20 ans sur les bancs de l'école pour, in fine, se retrouver sur les bancs de touche de la vie sociale. Vingt ans de débauche scolaire «scolastique» pour échouer à Pôle Emploi faute de débouché professionnel. La massification de l'enseignement supérieur est une mystification intellectuelle. Elle ne reflète pas une augmentation significative du niveau scolaire des étudiants, aux connaissances encyclopédiques réellement de plus en plus réduites du fait de la segmentation des sciences, de la parcellisation des savoirs (et de la concurrence des réseaux sociaux, auprès desquels les jeunes vont s'informer et, donc, se former ou se déformer). Cette massification est une donnée purement statistique, symbolisée par le gonflement du nombre des diplômés opéré par la politique permissive d'inscription dans le cycle supérieur. L'école française s'adonne à une forme d'élevage intensif d'étudiants en batterie opéré dans ses structures éducatives pondeuses de savoirs déficients. Chaque année elle déverse une juvénile population salariée potentielle sur le marché du travail lilliputien. Une population scolaire qui passe davantage de temps à se former que les générations précédentes. En France, la durée moyenne des études a doublé. L'ironie de l'histoire, c'est que, une fois achevé leurs études, la situation sociale de la majorité des étudiants sera semblablement identique à celle des jeunes prolétaires depuis longtemps exclus du système éducatif. Ces étudiants, quoique munis de leur diplôme, ne rentrent pas immédiatement (voire jamais) dans la vie active. Et quand certains réussissent à y rentrer, c'est par «la voie de garage», par des emplois sans issue contractuelle pérenne. Dans une société marquée par la McDonalisation et l'Ubérisation, ces étudiants intellectuellement édentés s'inscrivent dans une carrière professionnelle dentelée. C'est ce que confirme un rapport de la Commission européenne sur la France : «La structure du marché du travail apparaît de plus en plus segmentée et les inégalités scolaires augmentent. Les demandeurs d'emploi ont un accès très limité à la formation, l'accès des moins qualifiés à l'apprentissage décroît et les résultats éducatifs des moins diplômés s'effondrent.» Et en France, «les inégalités éducatives liées au contexte socio-économique sont parmi les plus élevées des pays de l'OCDE. Le lien entre l'éducation et le marché du travail est toujours plus faible et l'accès à l'apprentissage décroît, spécialement pour les moins qualifiés. Plusieurs groupes de population sont maintenant plus exposés au risque de pauvreté, à l'exclusion sociale.» En conclusion, l'idéologue tunisien Ilyes Zouari ferait mieux de s'inquiéter du sort des élèves français livrés à l'ignorance et privés d'avenir par un système éducatif et un modèle économique en plein effondrement. Il n'y a qu'à regarder le premier de la classe en France, Emmanuel Macron, qui a raté non seulement (à deux reprises) le concours d'entrée à l'Ecole normale supérieure, mais surtout a lamentablement échoué ses deux présidences à observer dans quelle situation de crise multidimensionnelle catastrophique il a entraîné la France. Suite et fin…