Le nombre de personnes atteintes de diabète a explosé dans le monde, passant de 108 millions en 1980 à 537 millions actuellement, et devrait atteindre 783 millions de malades d'ici 2045. Pour l'Algérie, lr professeur en médecine interne, experte en diabétologie auprès du ministère de la Santé et formatrice en éducation thérapeutique du patient, Samia Zekri a indiqué que les chiffres sont alarmants. S'exprimant sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, le Professeur Zekri a révélé qu'«une étude menée entre 2016 et 2017 indiquait une prévalence de 14,4 % chez les personnes âgées de 18 à 69 ans. Mais la Fédération Internationale du Diabète a révélé en 2018 une progression inquiétante, portant cette prévalence à 17,5 %, soit environ 4,7 millions d'Algériens touchés». Le diabète le plus fréquent dans le pays est le diabète de type 2, «intimement associé à l'obésité», a-t-elle précisé. L'obésité androïde, celle qui se concentre au niveau abdominal, est particulièrement dangereuse. «Lorsque vous voyez que votre ventre pointe, c'est que déjà la graisse a entouré vos viscères, y compris le foie, et à ce moment-là, il y a un état d'insulino-résistance.» Le corps produit de l'insuline, mais celle-ci devient inefficace, provoquant à terme un diabète de type 2. Ce constat est d'autant plus préoccupant que le surpoids touche désormais toutes les tranches d'âge. «Si on ne veut pas faire augmenter encore le chiffre de ces patients, il faut absolument lutter contre le surpoids et l'obésité», alerte la professeure. Ces deux fléaux sont devenus «des épidémies mondiales». En Algérie, une société de lutte contre l'obésité a d'ailleurs été créée afin de dépister le surpoids et de prévenir le passage au prédiabète. Le thème de la campagne lancée à l'occasion de la Journée internationale du diabète célébrée le 14 novembre de chaque année, «le diabète touche tous les âges», illustre parfaitement cette réalité. Face à cette situation, la professeure appelle à un retour au bon sens alimentaire. «Il faut s'éloigner de l'alimentation moderne, c'est-à-dire les produits transformés, industriels, et adopter le régime anti-inflammatoire», autrement dit le régime méditerranéen qui privilégie les légumes, les fruits, les produits du terroir et la cuisine faite maison. Selon elle, la responsabilité ne repose pas uniquement sur les familles. Les pouvoirs publics et les industriels jouent également un rôle crucial dans la lutte contre le diabète. «Le ministère de la Santé a mis en place un comité multisectoriel, dont les membres ont été nommés par Décret présidentiel, pour réduire la quantité de sucre dans les aliments». Pour conclure, la professeure a rappelé que cette maladie n'est pas une fatalité, et qu'avec une prise de conscience nationale et des gestes simples, l'Algérie peut inverser la courbe inquiétante du diabète et redonner à sa population les clés d'une meilleure santé.