Depuis la nuit dernière, la ville des Asphodèles (Berrouaghia) s'est réveillée sous un ciel lourd et une pluie qui ne veut plus s'arrêter. Je suis là, attablé dans un petit café de notre ami Samir Chergui qui sent le café brûlant et l'humidité des manteaux, en train de regarder la ville se laisser traverser par l'hiver. Dehors, les ruelles sont silencieuses, comme si la pluie avait demandé à tout le monde de baisser la voix. Le vent glisse entre les bâtiments avec une froideur qui s'accroche aux vitres. Même les passants marchent vite, les épaules relevées, chacun cherchant à échapper à cette morsure glacée. Autour de moi, le café s'est rempli de gens qui n'ont trouvé refuge que dans la chaleur d'une tasse. Les yeux encore lourds, les mains crispées autour du verre, on sent que la nuit a été longue pour tout le monde. Et sous les voitures, j'aperçois parfois un chat tremblant, réfugié là pour se protéger du froid. Berrouaghia, enveloppée de nuages depuis l'aube, a ce charme particulier des villes qui affrontent l'hiver : lourde, calme, presque poétique dans sa grisaille.Alors j'écris ces lignes en écoutant la pluie frapper la vitre, avec mon café qui refroidit trop vite, et cette sensation étrange que la ville respire plus lentement aujourd'hui. Un jour fait pour prendre son temps. Un jour fait pour simplement regarder la pluie tomber.