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Récits documentaires de la conquête génocidaire française de l'Algérie
Criminalisation
Publié dans La Nouvelle République le 22 - 12 - 2025

En août 1845, lors d'une opération d'encerclement des grottes où s'étaient réfugiés des troupes d'un des lieutenants de l'émir Abdelkader, entre Ténès et Mostaganem, Armand de Saint-Arnaud décide, après cinq jours de siège, d'emmurer les grottes. Dans une missive adressée à son frère il relate ses exploits génocidaires : «Alors je fais hermétiquement boucher toutes les issues et je fais un vaste cimetière. La terre couvrira à jamais les cadavres de ces fanatiques. Personne n'est descendu dans les cavernes ; personne... que moi ne sait qu'il y a là-dessous cinq cents brigands qui n'égorgeront plus les Français. Un rapport confidentiel a tout dit au maréchal simplement, sans poésie terrible ni images».
Relatant les exactions commises par les troupes françaises dans leur guerre exterminatrice menée contre le peuple algérien, le colonel de Saint-Arnaud écrit : «Voilà la guerre d'Afrique ; on se fanatise à son tour et cela dégénère en une guerre d'extermination».
Bugeaud : « Allez tous les ans leur brûler leurs récoltes ou bien exterminez-les jusqu'au dernier»
Gouverneur général de l'Algérie, Bugeaud légitime toutes les violences perpétrées par les conquérants français : «Il n'y a pas d'autres moyens d'atteindre et de soumettre ce peuple extraordinaire».
Dans une lettre rédigée en janvier 1843, pour accélérer le projet d'expropriation et de spoliation, Bugeaud ordonne au général Louis Juchault de Lamoricière d'affamer les populations algériennes : «J'espère qu'après votre heureuse razzia, le temps, quoique souvent mauvais, vous aura permis de pousser en avant et de tomber sur ces populations que vous avez si souvent mises en fuite et que vous finirez par détruire, sinon par la force du moins par la famine et les autres misères».
À ses soldats, le gouverneur général de l'Algérie, Bugeaud, dans un document officiel, expose les moyens et les méthodes de la guerre d'extermination des populations algériennes décrétée par les autorités coloniales françaises : «Le but n'est pas de courir après les Arabes, ce qui est fort inutile, il est d'empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer [...], de jouir de leurs champs [...]. Allez tous les ans leur brûler leurs récoltes [...] ou bien exterminez-les jusqu'au dernier».
Cette ligne politique génocidaire, le général Bugeaud la réaffirme lors de son discours prononcé en janvier 1845 devant la Chambre des députés : «J'entrerai dans vos montagnes, je brûlerai vos villages et vos moissons, je couperai vos arbres fruitiers, et alors ne vous en prenez qu'à vous seuls».
Le témoignage d'un autre militaire nous éclaire sur les velléités exterminatrices des conquérants français. En effet, dans une de ses lettres, le lieutenant-colonel de Montagnac décrit ses projets génocidaires : «Tous les bons militaires que j'ai l'honneur de commander sont prévenus par moi-même que, s'il leur arrive de m'amener un Arabe vivant, ils reçoivent une volée de coups de plat de sabre».
«Voilà, mon brave ami, comment il faut faire la guerre aux Arabes : tuer tous les hommes jusqu'à l'âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et les enfants, en charger des bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs ; en un mot en finir, anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens».
Outre les militaires, certains conquérants «civils» étaient des partisans du nettoyage ethnique. C'est le cas du docteur Bodichon qui témoigne de sa volonté d'exterminer la population algérienne par tous les moyens, notamment la privation alimentaire, en d'autres termes l'organisation de la famine.
Il écrit en 1841 : «Sans violer les lois de la morale, nous pourrons combattre nos ennemis africains par la poudre et le fer joints à la famine, les divisions intestines, la guerre par l'eau-de-vie, la corruption et la désorganisation [...] sans verser le sang, nous pourrons, chaque année, les décimer en nous attaquant à leurs moyens d'alimentation».
Un autre médecin français, le docteur Ricoux, analysant l'évolution démographique de la population algérienne, cette «race inférieure et dégénérée» (sic), depuis le début de la colonisation, pour appuyer son constat de la chute dramatique de la démographie (l'Algérie a perdu entre 30 et 60% de sa population au cours des quarante-deux premières années [1830-1872] de la colonisation française. Au total, cent trente-deux ans de colonisation française en Algérie [1830-1962] aurait fait, selon l'historien Mostafa Lacheraf, environ 6 millions de morts algériens) écrit : «A notre arrivée, en 1830, la population indigène était évaluée à trois millions d'habitants. Les deux derniers recensements officiels, à peu près réguliers, donnent en 1866 : 2.652.072 habitants, et en 1872 : 2.125.051 ; le déchet en 42 ans a été de 874.949 habitants, soit une moyenne de 20.000 décès par an.
Durant la période 1866-72, avec le typhus, la famine, l'insurrection, la diminution a été bien plus effrayante encore : en six ans il y a eu disparition de 527.021 indigènes ; c'est une moyenne non de 20.000 décès annuel mais de 87.000 !». (...) «un déchet aussi considérable (nous pouvons ajouter qu'il se reproduit régulièrement chaque année) suffit à démontrer [...] que les indigènes [...] sont menacés d'une disparition inévitable, prochaine».
La fin de la conquête coloniale s'est achevée comme elle a commencé : dans la terreur
Les intellectuels ne sont pas en reste. Ils participent avec leur plume à la glorification de la colonisation de l'Algérie, à la légitimation des massacres de masse. On peut citer Alexis de Tocqueville, chantre de la démocratie, Victor Hugo, célèbre écrivain «humaniste et progressiste» (sic). Le premier écrit en 1841 : «J'ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n'approuve pas, trouver mauvais qu'on brûlât les moissons, qu'on vidât les silos et enfin qu'on s'emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants.
Ce sont là, selon moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre».
«Je crois que le droit de la guerre nous autorise à ravager le pays et que nous devons le faire soit en détruisant les moissons à l'époque de la récolte, soit dans tous les temps en faisant de ces incursions rapides qu'on nomme razzias et qui ont pour objet de s'emparer des hommes ou des troupeaux».
Quant à Victor Hugo, il n'hésite pas à exprimer son enthousiasme pour la colonisation décrite comme une mission civilisatrice. Il écrit dans son journal rapportant une discussion échangée avec le général Bugeaud : «Je crois que notre nouvelle conquête est chose heureuse et grande. C'est la civilisation qui marche sur la barbarie. C'est un peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit. Nous sommes les Grecs du monde, c'est à nous d'illuminer le monde.
Notre mission s'accomplit, je ne chante qu'Hosanna. Vous pensez autrement que moi c'est tout simple. Vous parlez en soldat, en homme d'action. Moi je parle en philosophe et en penseur».
Durant presque un siècle et demi, la France a appliqué une politique génocidaire, perpétrée par les «les émissaires de la Civilisation», ces janissaires de l'entreprise exterminatrice du peuple algérien. Ironie de l'histoire, la France coloniale a entamé sa conquête par la terreur, avec ses conquérants terroristes, et a achevé son occupation territoriale par la terreur, avec l'OAS, organisation terroriste créée par Jean-Jacques Susini et Pierre Lagaillarde, rejoints par la suite par des militaires de haut rang, notamment Salan et Jouhaud, déterminés à renouer avec la politique de la terre brûlée de leurs ancêtres Bugeaud et ses acolytes.
En effet, en l'espace de quelques mois, l'OAS, qui regroupait environ trois mille activistes anti-indépendantistes, a tué en Algérie au moins 2.200 personnes dans près de 13.000 explosions au plastic, 2.546 attentats individuels et 510 attentats collectifs. Actes qu'on pourrait qualifier de «crimes pogromistes».
(Suite et fin)
Khider Mesloub
[1] Amân est un terme arabe ( « sécurité, sérénité ») utilisé pour désigner la garantie donnée à un adversaire qui se soumet d'avoir la vie sauve, d'être pardonné.


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