Le projet de réalisation de 16 silos pour le compte de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), dont la livraison est prévue avant la fin du premier semestre 2026, constitue une avancée déterminante pour le pays, a affirmé le professeur Brahim Mouhouche, membre du Conseil supérieur de la recherche scientifique et des technologies, lors de son intervention sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. «C'est une arme, c'est une sécurisation du pays», a-t-il poursuivi dans ce cadre, ajoutant qu'un pays dépourvu de capacités de stockage adéquates se trouve dans «une position doublement vulnérable». D'une part, «il manque de réserves de sécurité en cas de crise». D'autre part, «il ne peut pas tirer profit des fluctuations des marchés internationaux pour acheter lorsque les prix sont avantageux». «Un pays qui a les moyens d'acheter et si à un certain moment les prix sont abordables», explique-t-il, «il achète beaucoup une quantité très importante mais s'il n'a pas de silo, même s'il le veut, il ne peut pas, il va perdre tout ce qu'il va acheter». Cette incapacité à stocker limite donc drastiquement les marges de manœuvre du pays sur les marchés internationaux. L'expert révèle que la stratégie algérienne vise un stockage couvrant environ neuf mois de consommation, une durée qui permettrait de réduire considérablement la dépendance directe aux importations. «N'oubliez pas que dans le monde le stockage c'est deux fois plus, c'est des milliards de tonnes qui sont stockées. La moitié est consommée par an, le reste est toujours en stock en sécurité». Cette politique de renforcement du stockage prend tout son sens dans le contexte climatique actuel qui se caractérise par des précipitations largement supérieures à la moyenne, une situation que l'Algérie n'avait pas connue depuis une dizaine d'années. Cette abondance d'eau ouvre des perspectives prometteuses pour la production agricole nationale, selon l'intervenant qui a expliqué que «le fait qu'il y ait de la pluie, ça veut dire que la voie est ouverte pour se lancer dans l'activité de production agricole qu'elle soit production animale ou végétale». Le professeur Mouhouche a souligné une différence fondamentale entre les besoins des agriculteurs et ceux des gestionnaires des ressources hydriques. Alors que les barrages, actuellement remplis à moins de 40%, nécessitent une pluviométrie continue pour reconstituer leurs réserves, les agriculteurs ont besoin d'alternances. «Il suffit qu'il y ait 2 à 3 jours sans précipitations pour permettre aux exploitants d'intervenir sur leurs terres avec leurs engins», a-t-il ajouté. Interrogé sur les perspectives de production, l'expert se montre optimiste : «Il n'y a pas de doute. Généralement à 95% des cas lorsqu'il y a de la pluie, ça ne fait que du bien pour l'agriculture». Pour accompagner ces évolutions, l'Etat maintient un soutien sans précédent au secteur agricole, a souligné le professeur Mouhouche, qui a ajouté qu'avec un budget de près de 6 milliards de dollars prévu dans la loi de Finances, certaines productions bénéficient de subventions atteignant 50%. Parmi les mesures récentes, «la facilitation de l'importation de matériel agricole, même d'occasion», devrait renforcer la mécanisation du secteur. «Celui qui n'a pas de mécanisation ne peut pas se développer», insiste l'expert, rappelant l'importance de cet outil pour améliorer la productivité.