A l'indépendance, l'Algérie offrait l'image de la désolation avec ses campagnes dévastées, une industrie inexistante, un taux d'analphabétisme dépassant 90 %, des infrastructures faites pour le colonialisme et non pas pour les colonisés, pas de développement, le chômage, la misère… En quelques années seulement, l'Algérie indépendante était mise sur les rails pour sortir du sous-développement. Sous la direction du Président Houari Boumediene (1965–1978), l'Algérie entama son redressement : une base industrielle planifiée, la nationalisation des mines et des hydrocarbures, acte de souveraineté par excellence, une révolution agraire, le tout accompagné de la construction d'usines, écoles, hôpitaux, routes et logements. Les Algériens découvraient leurs droits : l'enseignement, la santé, l'emploi. En octobre 1965, déjà, le Président Boumediene annonçait la couleur, à Djorf Torba (Béchar) : «Il est impossible qu'il y ait deux Algérie, l'une riche, l'autre pauvre. Priorité aux régions déshéritées». Quelques mois après, en mai 1966, l'Algérie reprend possession de ses richesses naturelles. Les entreprises minières sont nationalisées. L'industrialisation doit s'appuyer sur l'exploitation des matières premières dont celles tirées des mines, déclare le Président Boumediene qui explique : «La nationalisation de nos ressources, le contrôle direct exercé par l'Etat sur nos richesses nationales, ne signifient pas uniquement la récupération des unes et des autres au profit du peuple, ils concrétisent dans le même temps la suppression des bases du subtil néo-colonialisme, camouflé sous des paravents divers, après l'élimination du colonialisme direct sans fard». En 1974, Houari Boumediene lance l'idée de la Conférence extraordinaire des Nations unies sur «les matières premières et le développement». L'initiative algérienne, soutenue par la Ligue arabe, l'OUA et les Non Alignés dont le Président Boumediene est alors président pour trois ans coupe l'herbe sous les pieds des néo-colonialistes. La même année, en février 1974, au 2ème Sommet islamique de Lahore (Pakistan) il avait précisé son idée : «Que les pays industriels ôtent leurs mains de nos richesses». «L'économie dans les temps modernes, c'est le garant de l'indépendance et toute faiblesse économique aboutirait à la dépendance», disait le Président Boumediene, lors de son discours prononcé à l'occasion du défilé du 1er Novembre 1974, marquant le 20ème anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération nationale. La même année, il pensait pouvoir affirmer, à peine douze ans après l'indépendance, qu'«en 1982, l'Algérie pourra dire au monde qu'elle est sortie du sous développement». A l'époque, tout, en Algérie, se prêtait, en effet, à l'optimisme. Dans les années 1980, le tournant libéral mit un terme momentanément à cet optimisme.