Les promesses ambitieuses des candidats à la présidence américaine, notamment dans les domaines de la fiscalité et de la couverture médicale, risquent fort de rester à l'état de chimères, en raison de la crise financière et du prix à payer pour redresser le secteur bancaire, plus de 1 000 milliards de dollars. Dans le même temps, une politique intelligente et réfléchie de dépenses sociales pourrait aider l'économie à se redresser et aider à maîtriser l'étendue des dégâts en matière budgétaire. Le prochain président des Etats-Unis prêtera serment, en janvier, dans des conditions peu enviables, avec une économie très vraisemblablement engluée dans une récession dure. Il devra composer avec un système financier en plein bouleversement. Paradoxalement, la façon dont l'actuelle administration américaine gèrera la situation jettera des bases qui permettront ou non, que ce soit Barack Obama ou John McCain qui soit élu, de mettre en oeuvre les choix défendus pendant la campagne électorale. «Une bonne partie de ce qui adviendra dépendra de l'ampleur de la stabilisation à laquelle nous assisterons d'ici à 2009», estime Conrad DeQuadros, économiste chez RDQ Economics à New York. «Une croissance économique molle aura pour conséquence une croissance des revenus molle, et nous devrions assister à un creusement important du déficit budgétaire», ajoute-t-il. De fait, le bureau du Congrès chargé des questions budgétaires prévoit que le déficit budgétaire américain atteindra l'an prochain un niveau record, autour de 438 milliards de dollars. C'est là qu'entrent en jeu les priorités des uns et des autres. La guerre en Irak est à cet égard un exemple caractéristique. Les Etats-Unis étaient déjà dans une situation de déficit budgétaire avant le déclenchement de cette guerre en 2003, et pour autant l'administration Bush a trouvé les moyens de la financer, en augmentant la dette. L'environnement et la santé touchés ? Un retour à cette pratique pourrait aider le prochain président. «Les deux candidats espèrent un certain apaisement en matière de dépenses militaires, provenant d'une stabilisation plus large de la situation au Proche et Moyen-Orient», analyse Peter Ireland, professeur d'économie à l'université de Boston. «Si cela advient, il est vrai que cela libèrera d'autres fonds pour d'autres domaines». Les deux propositions essentielles que la crise financière risque le plus de remettre en cause sont, pour Obama, le projet de généralisation de la couverture médicale, et, pour McCain, l'intention de maintenir les baisses d'impôt mises en oeuvre par Bush. Le sénateur démocrate de l'Illinois propose de développer le système de couverture médicale, et son équipe de campagne situe entre 50 et 65 milliards de dollars le coût de cette réforme. Obama compte la financer en revenant sur les baisses d'impôt accordées par Bush aux Américains gagnant plus de 250.000 dollars par an. Obama n'a pas caché, lors de son premier débat télévisé avec McCain, que la crise pourrait avoir des retombées sur ses projets en matière énergétique, notamment sur les investissements qu'il prévoit en matière d'énergies renouvelables - éolienne ou solaire. Pour sa part, McCain a promis de maintenir les baisses d'impôt décidées par Bush et de faire passer de 35% à 25% le taux d'imposition sur les entreprises. Ces projets, en termes de fiscalité, seraient d'un coût de 400 milliards de dollars par an, selon le Wall Street Journal.