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Premier journaliste et romancier alg?rien de langue fran?aise
Autour de Omar Samar
Publié dans La Nouvelle République le 27 - 10 - 2008

Abdellali Merdaci qui enseigne les littératures francophones et la théorie littéraire à l'université Mentouri de Constantine a été également l'auteur de plusieurs ouvrages sur la littérature algérienne de langue française de la période coloniale et ses recherches sont allées le plus loin possible.
C'est ainsi qu'il a publié en 2004, aux éditions Simoun, une édition critique qui a porté sur les premiers romanciers feuilletonistes algériens de langue française en l'occurrence Omar Samar et Ahmed Bouri. Dans ses recherches, il va «creuser» plus profond pour aller jusqu'à la fin du 19e siècle pour enrichir les informations, découvrant et faisant connaître aux «rats des bibliothèques» M'hamed Ben Rahal auteur, en 1891, d'un essai intitulé la Vengeance du Cheikh, et Mustapha Allaoua auteur, deux années plus tard, du feuilleton le Faux talisman. Il retrouvera aussi les traces d'Athmane Ben Salah ; ami et guide d'André Gide et un autre compagnon, Abdelkader Abbas, qui ont écrit et probablement publié à cette même période des poèmes aujourd'hui introuvables.
Il n'empêche que ces recherches sont plus riches par les traces laissées par celui qui est considéré comme étant le premier romancier algérien qui a publié ses premiers romans dans la presse indigène de Bône, ayant été lui-même le créateur, à Annaba, du premier journal d'expression française El Hack, créé en juillet 1893, avec la collaboration de ses amis, Slimane Bengui, manufacturier de tabac, Khelil Caïd Layoun, clerc de notaire et appartenant à une famille aisée de Bône. Il s'agit d'Omar Samar qui a, donc, été l'auteur de trois romans feuilletons, le premier Ali, ô mon frère, publié en 1893 et les deux autres Divagations d'âmes et Roman de mœurs mondaines et exotiques qui datent de 1895.
Abdellali Merdaci a aimablement accepté d'apporter sa contribution pour notre journal à travers le texte suivant sur ces pionniers de la romance et du journalisme d'expression française aux origines lointaines et qu'on n'avait jusqu'à présent jamais imaginé puisque nos premières références ont été focalisées sur André Gide ou Albert Camus qui seront rejoints beaucoup plus tard par Mouloud Feraoun avec son célébre roman le Fils du pauvre (1950).
Qui est Omar Samar ?
Omar Samar appartient à une famille de la région d'El-Kala assez tôt installée à Annaba, aux lendemains de l'occupation de la ville par les Français. Né vers la fin des années 1870, il est sans doute l'un des premiers élèves indigènes de l'école française de cette ville. Il représente dans l'Algérie de la fin du XIXe siècle une intelligentsia musulmane, soucieuse de modernité, mais sans rien concéder aux attentes de l'administration coloniale. Il refusera ainsi les mirages de l'assimilation et dénoncera les effets d'une acculturation française peu maîtrisée, celle que défendait à la même époque à Annaba même le publiciste Louis Khoudja. Omar Samar occupe une position exceptionnelle dans le champ culturel algérien : il est l'homme de tous les commencements. Il est le tout premier journaliste algérien de langue française, formé au début des années 1890 dans l'équipe du Réveil bônois, dans la proximité de Rasteil, signant alors du pseudonyme Zeid Ben Dieb. Si M'hamed Ben Rahal, de Nedroma, apparaît avec la nouvelle la Vengeance du cheikh, en 1891, comme l'auteur du premier texte littéraire algérien en langue française, il reviendra à Omar Samar de fonder le roman dans la tradition littéraire algérienne, signant successivement Ali, ô mon frère !, en 1893, et Divagations d'âmes, roman de mœurs exotiques et mondaines, en 1895.
Comment peut-on lire le parcours intellectuel de Samar à Annaba même et dans l'Algérie de cette fin du XIXe siècle ?
Omar Samar est un précurseur. Avec Khellil Caïd-Layoun, clerc de notaire, et Smaïn Bengui, manufacturier de tabac, il lance, en 1893 à Annaba, El Hack, dont il assure la rédaction en chef. Ce journal hebdomadaire fait de la défense des valeurs de la population indigène musulmane colonisée un axe essentiel de son combat politique et culturel. Il est le porte-parole des sans paroles, position difficile à maintenir dans une colonie où triomphent les lois scélérates du Code de l'indigénat. Signant de son nom ou de son pseudonyme, Samar initie un journalisme d'éveil, s'adressant prioritairement à ses coreligionnaires, les engageant à entrer face au colonialisme français dans une période de réflexion critique, supposant d'autres moyens de lutte comme l'éducation. Il demandera plus d'écoles pour les enfants algériens, préfigurant une des attentes les plus fortes du courant Jeune Algérien, au début du XXe siècle. Mais sur l'agriculture indigène, sur la fiscalité, sur la responsabilité collective, les positions de Samar constituent une véritable charte politique. Le préfet de Constantine, effarouché par ses éditoriaux, adressera une demande personnelle au ministre de l'Intérieur pour interdire la publication, au début de l'été 1894.
Samar s'engage, en 1895, dans une autre expérience de création d'un titre de presse, lançant avec l'imprimeur français Simon Leca, l'Éclair qui deviendra, à partir du huitième numéro la Bataille algérienne, suite à la réquisition expresse des propriétaires parisiens du titre. Socialiste, il quitte ce journal lorsque Leca en fera une tribune électorale du parti socialiste bônois, faisant valoir une clause de conscience d'une rare rigueur morale et professionnelle qui honore le tout premier journaliste algérien.
Je l'ai déjà dit, mais il convient de souligner ce paradoxe : Omar Samar est en son temps l'homme de toutes les modernités : redoutable faiseur d'opinion, il s'exprime alors, loin d'Alger et des grandes cités de l'Algérie coloniale, à partir d'Annaba, ville suffisamment excentrée en cette fin du XIXe siècle. C'est lui qui donne le ton de ce que seront les grands débats de la politique algérienne du début du XXe siècle : il annonce Belqacem Benami et l'Émir Khaled. Il disparaît brutalement de la scène médiatique et culturelle algérienne, vers 1896, après avoir échoué dans la concrétisation du projet Mansourah, première revue littéraire algérienne. Son combat est porté au début du XXe siècle par une phalange d'intellectuels bônois, au premier plan, son ami Khellil Caïd-Layoun, mais aussi Sadek Denden, qui lance l'Islam (1909), Abdelaziz Tebibel et Brahim Merdaci, fondateurs et animateurs de l'Étendard algérien (1910).
De quoi parlent les romans de Samar ?
Omar Samar a abordé dans ses deux romans publiés en feuilletons dans El Hack et l'Éclair, la Bataille algérienne un thème qui fera florès dans la littérature algérienne de langue française pendant toute la période coloniale et qui ressurgit aujourd'hui dans le dernier roman de Yasmina Khadra (Ce que le jour doit à la nuit, Paris, Julliard, 2008). Il s'agit de la rencontre entre l'Indigène et la Française, rencontre toujours inaboutie et déçue. Derrière l'impossible couple algéro-français se lit la difficulté d'établir des convergences politiques entre les communautés indigène et européenne dans l'Algérie coloniale. C'était déjà, en cette fin du XIXe siècle, un message d'alerte. Samar a choisi de situer le cadre spatial de ses romans à Tunis et en partie à Annaba. Ses romans mettent en évidence dans ces deux villes une expérience de la cité coloniale et des ruptures qu'elle impose dans les positionnements de l'intelligentsia indigène. Le roman de Samar peut être considéré comme un roman exclusivement citadin, accentuant la complexité dans la situation coloniale de la circulation des idées politiques et sociales.
Samar, tout comme une frange importante de la classe politique de la colonie, a réprouvé le rôle politique et économique des juifs dans la cité coloniale ; mais par pour les mêmes raisons qu'un Émile Morinaud à Constantine. L'antisémitisme qui transperce, dans les écrits du journaliste et du romancier, sont suscités moins par une haine raciale qu'une injustice politique, comme il le reconnaît expressément dans un des ses éditoriaux d'El Hack qui incrimine les effets du décret Crémieux qui a déclassé les indigènes musulmans algériens par rapports aux juifs. Samar, comme beaucoup de membres de l'intelligentsia indigène, va combattre sans répit le décret Crémieux. Il reste sur le terrain du politique, même si ses romans concèdent une vision presque caricaturale du juif.
Qu'apporte-t-il au roman algérien ?
La découverte de l'œuvre romanesque d'Omar Samar engage de repenser dans une perspective plus large l'histoire de la littérature algérienne de langue française. Je me suis engagé dans cette réflexion depuis maintenant un quart de siècle, en travaillant à recentrer les périodisations de cette littérature qui ne commence pas, comme cela est souvent soutenu, en 1950, avec la parution de la première version du Fils du pauvre de Mouloud Feraoun. Dans mon ouvrage Auteurs algériens de langue française de la période coloniale. Dictionnaire biographique (Constantine, Médersa, 2007), j'ai recensé 57 œuvres de fiction d'Algériens, dont 21 romans, écrites entre 1891 et 1949, qui ne sont pas toutes ni suffisamment connues ni étudiées. L'intérêt des romans de Samar est précisément de poser une réflexion sur le phénomène littéraire et sur la littérarité, proprement révolutionnaire, au moment où il écrivait. Voilà donc un romancier qui va utiliser la technique narrative du topoi, utilisée par Zola et les naturalistes français, qui consiste en une saisie spatiale des événements et des personnages. Audacieuse entrée dans la littérature et dans le roman pour un indigène algérien ? Il faudra attendre le roman Nedjma, en 1956, de Kateb Yacine pour enregistrer une aussi sûre attention au travail de l'écriture littéraire.
L'expérience que transmet l'œuvre romanesque, malheureusement inachevée d'Omar Samar, est que la littérature des indigènes d'Algérie qui apparaît au même moment que la littérature coloniale du peuplement européen d'Algérie se situe à un niveau qualitativement supérieur, celui d'un questionnement du sens même du littéraire. Au-delà du roman, cette littérature élargit ses horizons et révèle dans tous les genres littéraires des auteurs qui sauront témoigner de l'humanisme algérien (Mohamed Ben Cherif, Abdelkader Hadj Hamou, Chukri Khodja, Ferhat Abbas, Saïd Faci, Mohammed Ould Cheikh, Mohamed-Aziz Kessous, Kaddour Makaci, Rabah et Akli Zenati, Jean et Marie-Louise Amrouche, Malek Bennabi, Roland Rhais, Ali El Hammami, et bien d'autres), donnant de remarquables œuvres dans la longue période d'avant 1950 qui reste une période de formation essentielle.


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