Rien d'étonnant, dès lors, lorsque certains d'entre eux ; même s'ils sont une minorité, succombent à la tentation de tourner le dos au modèle de modernité qui leur est proposé. Ils le font parce qu'ils sont persuadés de n'avoir d'autres choix que de revenir aux temps de la révélation coranique ; aventure qui trouve de plus en plus d'adeptes, notamment chez les jeunes dits salafistes, lassés d'attendre un avenir qui ne vient pas. La société arabo-musulmane, engluée dans des difficultés existentielles, refuse de se remettre en question et s'avère incapable d'introduire les réformes nécessaires, ni même de rappeler le véritable message coranique. Les musulmans, aussi bien ceux vivant en Occident que ceux vivant en terre d'islam, sont en partie responsables des ravages causés à l'islam. Les premiers, ayant choisi de se libérer de la tutelle du pays des parents, éprouvent toutes les peines du monde à convaincre autour d'eux qu'ils aspirent à être des citoyens à part entière, avec les mêmes devoirs et les mêmes droits que les autres, avec les mêmes particularités culturelles que les autres religions de France, sans passe-droit ni avantages particuliers. Ils considèrent, à juste raison, que le partage de l'espace public commun devrait signifier la même chose pour tout le monde ; c'est-à-dire soit la liberté de porter discrètement un signe distinctif religieux, soit son interdiction totale. Or, on constate qu'on stigmatise le foulard islamique alors qu'on ne le fait pour la tenue loubavitch, pourtant autrement plus ostentatoire. Le législateur est, dans pareil cas, soupçonné de partialité. Et quand il a la sagesse de réprimer par la loi les propos antisémites et qu'il oublie, ou refuse de le faire, pour les propos islamophobes, on se retrouve à tout le moins, devant un déni de justice. Les victimes, quant à elles, n'ont ni le poids ni les moyens pour obtenir l'égalité de traitement. Sans compter que mes frères manquent sérieusement d'humour dès qu'on s'aventure sur le terrain religieux, et qu'ils auraient certainement réussi à décrisper un peu l'atmosphère s'ils avaient osé l'autodérision de « Rabbi Jacob ». Facile à dire, il est vrai, quand on sait que, la crise économique les frappe plus que les autres, qu'ils doivent vivre avec les discriminations et les vexations quotidiennes, que les grands médias ne mettent jamais en avant les modèles positifs d'intégration, qu'on reproche à leurs intellectuels indépendants de ne pas se manifester alors qu'on refuse de leur donner la parole et qu'ils se retrouvent périodiquement contre leur gré, au centre des surenchères électoralistes. On ne peut pas avoir une guêpe dans son pantalon et sourire, dit le proverbe chinois. J'ajoute qu'en général, on a recours à l'autodérision quand on est sûr d'avoir les rieurs de son côté. Les seconds et particulièrement ceux des pays musulmans qui disposent des moyens nécessaires pour rétablir un véritable dialogue avec l'Occident, n'ont toujours pas pris d'initiatives dans ce sens. Si l'Eglise catholique est actuellement en retrait par rapport au magistère de Sa Sainteté Jean-Paul II, ce n'est pas tant parce que Le Pape Benoît XVI serait moins sensible à la question des rapports avec l'islam. C'est probablement aussi parce que les musulmans, même s'ils n'ont pas de clergé qui parlerait en leur nom, n'ont pas envoyé les signes encourageants qui auraient permis d'avancer dans la bonne direction. Arrêtons-nous à un exemple : celui de l'édification d'églises en Arabie Saoudite. Rien ne pourra jamais me convaincre de la légitimité de l'absence d'églises dans le pays berceau de l'islam. Aucun motif, aucune explication, aucune justification ne sont recevables pour la simple et unique raison que les gardiens des lieux saints de l'islam ne peuvent s'appuyer, à ma connaissance, sur le moindre interdit religieux. Bien au contraire ils devraient prendre exemple sur l'accueil réservé par le Prophète Mohammed (PSL) qui autorisa en janvier 631 ( an 10 du calendrier musulman ) une délégation composée de Soixante dix chrétiens avec notamment sept prêtres et un Evêque, à célébrer leur messe à l'intérieur de la mosquée de Médine. Si les périmètres urbains de La Mecque et de Médine sont considérés à juste titre comme espaces sacrés, il n'en va pas de même, ni pour la capitale Riadh, ni pour le reste du royaume. Et, sauf à décréter l'ensemble du territoire réservé exclusivement aux musulmans ; il n'y a aucune raison d'interdire l'édification de lieux de cultes pour les fidèles des autres religions. Ceci pour dire qu'un certain nombre de signaux forts ou même symboliques suffiraient à gêner sérieusement les man?uvres des opposants irréductibles au rapprochement entre les grandes religions et entre les peuples donc, et couperait l'herbe sous les pieds des officines racistes et islamophobes. En effet, passé l'épisode des quelques centaines de femmes-burqas, et une fois épuisé l'arsenal qui va des minarets au mouton dans la baignoire, en passant par la casquette à l'endroit et l'abandon du verlan, il leur resterait, diraient les plus sceptiques et les plus teigneux, à interdire la circoncision au prétexte de mutilation barbare. Pour cela, je répondrais que les musulmans n'auraient rien à craindre, car les plus téméraires d'entre les ennemis de l'islam, ne s'aventureraient pas sur ce terrain, parce qu'ils savent que les musulmans ne seraient pas les seuls concernés. Leurs cousins veillent. (Suite et fin)