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Toute la verve des amusnaws
Poèmes kabyles anciens de Mouloud Mammeri
Publié dans La Nouvelle République le 25 - 04 - 2010

En réalité, c'est chaque région d'Algérie qui doit exhumer des légendes anciennes, poèmes de grands-mères ou de grands-pères devenus anonymes faute de n'avoir jamais bénéficié de récupération par l'écriture.
Ah ! Si on pouvait redonner forme à toutes les productions populaires et ce, à la manière de celui qui a réuni dans un livre précieux Histoires et légendes anciennes de Tiaret, les Poésies et contes de Ouargla, les récits de Msayyeb, de Mostefa Lacheref auteur de récits merveilleux d'un vécu collectif qui l'a marqué à vie.
Poémes kabyles anciennes ou la diversité culturelle en Algérie
Elles émanent d'auteurs anciens, d'époques et d'écoles différentes. Mouhdou Ramdane ath Nabeth en est un exemple atypique comme poète engagé et l'un des artisans du soulèvement de 1870 aux côtés d'El-Mokrani. Il a échappé de justesse à la déportation en Nouvelle-Calédonie.
Le livre de Mammeri est d'une beauté incomparable par son organisation parfaite en thèmes, son écriture en double version : en Kabyle ancien bien transcrit et traduit à la perfection. Mammeri avait non seulement l'éloquence, mais aussi les qualités pédagogiques acquises au fil des années de pratique de l'enseignement du français ainsi que du latin et du grec.
Polyglotte admirable, il avait aussi cet avantage de descendre d'une lignée d'amousnaw (détenteurs de la sagesse et de la culture populaires). Son père qui avait une mémoire prodigieuse était une véritable encyclopédie pour avoir su emmagasiner tout le patrimoine culturel des ancêtres. Il était capable de réciter toute la longue histoire en vers de Sidna Youssef (SSSL), sans se tromper et dans un kabyle parfait. Il en faisait de même pour les poèmes de Youcef Oukaci, Si Mohand ou M'hand.
La transmission du père au fils par la voie orale a donné le recueil de textes Poèmes kabyles anciens précédé d'une introduction assez copieuse pour être prise en considération. Les cinquante pages que cette introduction comporte ont été rédigées dans une langue châtiée, si bien qu'elle seule peut être perçue comme une œuvre à part en tant que synthèse porteuse de références de valeur sur la culture et la langue, depuis les origines.
Une diversité des genres représentative d'un patrimoine
D'abord de la poésie de haut niveau, celle de Youssef Ou Kaci des Ath Djennadh à qui il a réservé la plus grande place étant donné son envergure de poète engagé mêlé à beaucoup de conflits intertribaux ou entre le gouvernement turc et les populations. Mouloud Mammeri dit qu'il avait été chargé comme intermédiaire entre les Ath Djennadh dont il est issu, les Ath Kaci et le beylek de l'administration turque.
Ce qu'il dit dans une introduction à sa vie et sa poésie en dit long sur cet homme illustre équivalent du griot africain et de l'aède des époques florissantes de l'Europe d'antan : «On peut considérer Youssef Ou Kaci des Ait Jennad comme le représentant typique de la poésie d'un âge : celui qui a précédé l'occupation de la Kabylie par les troupes françaises au milieu du XIXe siècle. Il n'est pas lettré ; la poésie chez lui est un don. Ses tables des valeurs, ses connaissances sont celles des hommes communs de son temps.»
D'autres poètes et non des moindres viennent apporter les preuves d'un passé glorieux qui a failli tomer dans l'oubli si ce livre ne lui avait pas servi de support. Ils sont à l'image de Muhed U Remdan Ath Nabet, cité précédemment et sur lequel Mammeri a donné ces précisions : «Orateur célèbre ; un des promoteurs de l'insurrection nationale de 1871. C'est lui en particulier qui a prononcé devant les tribus rassemblées du centre de la Kabylie le premier discours pour la guerre».
De Muhed U Remdan, Mammeri nous a rapporté ce poème traduit par lui-même : « Las sur telle décision, lui paraît belle aux yeux, l'apparence est lumière et feu, et le fond noires ténèbres, on ne distingue, plus l'ami de l'adversaire, le mécanisme est bloqué sans recours : «Il s'agit là d'un ensemble de vers en rapport avec une actualité brûlante.
Muhed U Remdan était non seulement très combatif mais un artisan du langage. Sa poésie qui devait couler comme de source, il en usait à bon escient pour convaincre et sans risquer d'être désavoué.»
Parmi les œuvres marquantes de ce copieux recueil, il faut citer les légendes religieuses, le sacrifice d'Abraham (SSSL), histoire de Yousef (SSSL), la mort de Moussa (SSSL), la légende du chameau, elles sont composées en vers et mémorisées telles quelles par les amousnaws qui les transmettaient à l'occasion, sur les places publique. La grande variété des poèmes dont les compositeurs sont cités avec exactitude, sont là comme des témoins de leur temps. Lorsqu'on les lit, on découvre à la fois la langue soignée et des pages d'histoire. Ce qui retient aussi notre attention, c'est la partie consacrée à la résistance anticoloniale, elle porte un titre assez significatif : la résistance à la conquête coloniale. Essayer de substituer l'uniformité à la diversité est une grave erreur stratégique à l'image de celle qui a entraîné la révolte du printemps 1980. C'est la diversité qui fait la richesse et prépare au progrès avec la démocratie.
Boumediène Abed
Poèmes kabyles anciens, Ed Maspéro, Mouloud


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