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Le mois des larmes et du testament (III)
Mai 1945
Publié dans La Nouvelle République le 18 - 05 - 2010


Acte 8 : ce raciste, fils de colon
C'est un régulier de la presse française, un négationniste publiant au journal le Point, qui ne résume les évènements du 8 Mai 1945 que dans la ferme de son oncle, le colon Dominic Bezzina, abattu le 9 mai 1945. Il s'appelle Guy Bezzina et n'avait que 11 ans au moments des faits. Guy, tout comme sa famille, appartient à la confrérie maltaise de Guelma, une communauté d'immigrés de Malte ayant pu accéder à la propriété terrienne au début du siècle. Ils sont devenus plus cruels que les Français de souche, esclavagistes de surcroît. Ici, je ne peux malheureusement commenter le témoignage truffé de mensonges d'un monsieur qui voue aux Algériens une haine viscérale, car encore en termes de haine réciproque, je m'en fiche éperdument de la mort de son oncle. Il faut préciser — et j'assume au nom de ceux qui me l'ont confié — que le plan visant à tuer son oncle était préparé à l'avance, c'est-à-dire à l'aube du 9 mai 1945. Donc, à Guy Bezzina d'assumer la mort de 45.000 Algériens. Revenons maintenant au soulèvement du 9 mai 1945 pour dire qu'en l'absence d'encadreurs et d'un commandement efficace, la révolte dans les plaines de Lapaine-Guelma allait connaître quelques dépassements surtout lorsque deux filles répondant aux noms de Soukal Louise et Soukal Anne furent enlevées, violées puis tuées. Une partie des insurgés faussa les prévisions et l'encerclement de Guelma échoua. On allait connaître une défaite honteuse et, faute de ne pouvoir capturer le sou- préfet Achiary, le mouvement devint une guerre pour la terre. C'est ainsi que la ferme de Dominic Bezzina, l'oncle du négationniste, et celle de Dubois (firmat Douba comme disent les Guelmois) se présentèrent comme des cibles de choix. Les terres de Dominic se trouvent juste à trois kilomètres du domaine indigène Ben Yakhlef. Ici, Mokhtar M., qui travailla auparavant comme fellah chez les Bezzina, livra aux attaquants une information de taille qui consistait à dire que ce même Dominic avait reçu Achiary Samedi le 5 mai. Ils avaient pris le déjeuner ensemble, dit-on. Ils se connaissaient depuis vingt ans. Furieux , les assaillants encerclèrent les Bezzina et demandèrent à Dominic de sortir pour s'expliquer sur sa relation avec Achiary. En tout cas, c'est vers la fin de l'après-midi et, d'un coup de machette, on a mis fin à ces jours. Contrairement à ce que disait Guy, les assaillants, parmi eux quatre cousins, ne voulaient guerre toucher aux femmes et aux enfants. Mais le cas de Dominic ne pouvait s'appliquer à un autre colon, Dubois. L'encerclement de la ferme allait se solder par échec lamentable. Un groupe, parmi lequel se trouvaient l'unique demi-frère de mon grand-père Aloui Hocine et son cousin Zouaïmia Salah , était vraisemblablement responsable de sa propre perte. Hocine et Salah, comme des fous, prirent des bâtons et se lancèrent dans une course folle vers le château de Dubois, mais ils n'ont pas pu atteindre la bâtisse, car ils tombèrent sous les balles. Dubois , ses deux filles et 4 traîtres avaient déjà un plan de riposte. Ils savaient depuis le matin ce qui se tramait. Il faut bien préciser que Dubois avait aussi l'avantage de disposer d'un véritable arsenal de guerre, ce qui l'aida à repousser les indigènes et l'attaque se solda par la mort de 12 paysans. Avant de s'en prendre à firmat Douba, Lakhdar B. aurait averti ses semblables quant à la mauvaise préparation de l'assaut, mais personne ne prit le soin de l'écouter. On le traita de lâche. C'est ainsi que Dubois échappa à la mort et tint bon jusqu'à l'arrivée de miliciens et de gendarmes français, juste avant la tombée de la nuit. Cela dit, bien maigres sont les résultats de l'insurrection paysanne dans les plaines de Guelma car les insurgés avaient pour plan d'aller chercher les véritables criminels, Achiary en tête, mais la désorganisation de la marche serait due essentiellement au manque d'expérience. La rage a fait perdre le contrôle à plusieurs insurgés. Le comble est que des dépassements imputables sur le compte de quelques individus ont été enregistrés, surtout lors de la mort du couple Winshel de la ferme Prunetti ou encore l'assassinat de sans-froid d'un vieillard de 82 ans, François Zara de la ferme Zara. Je dis qu'il faut bien reconnaître ces faits afin de bien répondre aux nazis français et à leur Etat raciste et fascite qui avait bien pratiqué, et à grand échelle, une barbarie inqualifiable et dont les victimes étaient de pauvres malheureux algériens, comme le mari de Zohra Lafifi Zouaïmia et ses enfants. Reste à dire que la marche sur Lapaine recèle une réaction légitime qui pourrait prendre comme source toutes ces années de privation et d'injustice. La présence de Dubois, tout comme celle de Dominic en Algérie, est illégale et les événements de Guelma allaient subitement faire rappeler à tous que l'heure du combat est arrivée et qu'il fallait extirper ces colons et leur montrer la voie de la mer.
Acte 9 : une humanité sans terre
Cela fait déjà un siècle depuis que d'étranges gens blancs avaient fait irruption dans les plaines sud et est de la région de Guelma pour s'y installer. Drôle de coïncidences car les 9, 10 et 11 mai 1842, des affrontements sanglants ont eu lieu près de Oued Helia (11 km de Guelma) entre la confédération des Khezara et la tribu d'Ouled Daan, d'une part, et l'armée du général Randon, d'autre part, venue, semble-t-il, «pacifier» la zone. L'expédition de ce général ouvrit donc la voie à l'arrivée du premier peuplement étranger à Guelma et au Tell en général. En tout cas, ce fut le début d'un grand malheur et d'un terrible drame d'une humanité devenue sans terre avant d'être poussée vers l'abîme et le désespoir après avoir été dépossédée, dès 1844, de son bien ancestral. Ainsi, il était temps de renverser la vapeur et le mouvement insurrectionnel contre les fermiers colons de Guelma le 9 mai 1945 était la preuve irréfutable de toute la haine que portent les Algériens de Guelma et d'ailleurs à la colonisation hideuse et misérable et à son visage fasciste et ségrégationniste. Si j'ai dit insurrectionnel, c'est qu'on savait que les Français ne comprenaient pas la méthode pacifique et ils l'ont bien démontré. Ils avaient massacré des Algériens à cause d'une marche pacifiste, à cause de l'exhibition de pancartes anti-colonialistes ou encore de lancement de chansons nationalistes. Il était complètement mensonger de se fier à la propagande outre-mer qui disait que les Algériens (indigènes) avaient reçu des instructions du PPA pour tuer des Européens sans défense. Pour le cas de Guelma, les paysans de la Safia partirent encercler la ville à cause du sang coulé le soir du 8 mai par André Achiary, le sous-préfet occupant. C'est la France d'Achiary qui avait commencé. Ici, il est encore important de bien mentionner que les quelques regrettables dépassements côté algérien, signalés le 9 mai 1945 et qualifiés indécemment de barbarie par certains cloches outre-mer, ne peuvent en aucun cas être comparés à la sauvagerie colonialiste et à son corollaire, le racisme répugnant européen. Fallait-il rappeler à ces «civilisés» que la première barbarie était juste dans le fait de traverser la mer pour venir piller et tuer des gens chez eux, provoquant l'un des plus grands drames humains de l'histoire.
En somme, la première fois où Guelma a vu arriver une armée de spoliateurs français, c'était le 16 novembre 1837, date de début d'une tragédie. Après quatre ans, ces étrangers (rouama) établissaient leur premier centre de colonisation, centre qui allait devenir plus tard le croisement de deux voies de pénétrations : Ouest-Est constantine-Souk Ahras-Tunis et Nord-Sud, Annaba-Sedrata-Khenchela. 1844 fut l'année de la promulgation des ordonnances portant confiscation des terres. Le périmètre colonial guelmois allait mordre surtout sur le bloc arch, sur les surfaces beylicales (Bey de Constantine) et les grandes propriétés européennes allaient se constituer sur les belles plaines de l'est et du sud de Guelma. Dans ces plaines se sont produites aussi des expropriations au profit de la caste caïdale. les affrontements les plus acharnés du mois de mai 1945 ont eu lieu dans ces plaines, c'est-à-dire sur la route menant vers Sedrata et exactement à
Lapaine (Ben Smih), sur la route menant vers Duvivier (Bouchegouf), dans la zone de Petit (Boumahara Ahmed) et sur la route de montagne de la Maouna vers Aïn Larbi (ex-Gounod) et, plus loin, à Aïn Makhlouf (ex-Renier) . Ici, je ne peux, bien entendu, ne pas évoquer les sacrifices colossaux des zones nord jusqu'au col d'El Afjouj, de la région Bouati et enfin à l'ouest de Guelma jusqu'au fief du nationalisme, Oued Zenati, mais, faute de données complètes, je ne peux m'aventurer. Il est toujours difficile de donner un chiffre précis sur le nombre des victimes dans toute la région de Guelma, même si le nombre 17 000 reste très plausible. Sincèrement, selon les récits que j'ai eu à écouter, les Français ont tué presque partout. Mon grand-père n'a jamais voulu me livrer une indication se contentant toujours de dire cette expression «Addam la rokba», le sang jusqu'aux genoux. Cela ne pourrait empêcher tout lecteur d'avoir à travers certains éléments du présent témoignage, une idée sur la cruauté française et la barbarie des colons, lesquelles allaient continuer jusqu'en octobre 1945, le mois qui a vu l'exil de beaucoup de personnes vers d'autres régions et vers la Tunisie. Cela s'est passé surtout dans les mechtas de la commune de la Safia, un grand territoire qui s‘étend des limites de Sedrata au Sud jusqu‘au frontière de la zone de Souk Ahras à l'Est et qui débute juste à quelque 7 km de Guelma. Cette commune, regroupant trois grands douars (Sfahli, Aïn Kton et Nadhore) est la plus populeuse. La tribu, comme la famille de mon grand-père, était éparpillée à l'intérieur de Guelma, dans toutes les contrées de la commune de la Safia, caractérisée par un relief montagneux difficile d'accès. Et pour parachever leur oeuvre, les autorités coloniales, dans une action d'intimidation, ordonnèrent à chaque maison de donner un boeuf en guise de compensation pour les «pauvres colons» puis d'afficher leur allégeance à la France en plaçant le drapeau colonial sur les toits, une tâche qui fut réservée aux collaborateurs. Ma propre famille, comme le reste des familles, était elle aussi infestée de traîtres : on rapporta qu'un cousin, brigadier de son état, se chargea de distribuer, mitraillette a la main, les drapeaux à Sfahli tout en avertissant les réfractaires que leurs mechtas seront soumises aux bombardements. Vint par la suite l'ère des mouchards. Et là la valse de la trahison s'amorça de plus belle.
Les bureaux coloniaux, comme ceux des trois caïds connus sous les noms de Malek, Salah et Hocine, reçurent, à longueur de journée et durant deux semaines de suite, de véritables régiments d'indicateurs, des files de traîtres où chacun, selon son style, apportait un nom ou un fait.
(Suite et fin)
Zouaïmia


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