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Islam et civilisation (II)
Publié dans La Nouvelle République le 17 - 07 - 2010

Cette philosophie considérait, en effet, le chef de l'Etat, Kisroès en l'occurrence, comme le fils de la divinité Hura-Mazda qui lui aurait délégué le pouvoir de gouverner et donnait ainsi à ses lois et à ses édits un caractère sacré.
A cet égard, les Arabes, qui n'étaient pas du tout isolés dans leur désert avant l'islam, ont été les héritiers des prestigieuses civilisations antiques qui les entouraient de toutes parts. Ainsi, au nord de l'Arabie, plusieurs civilisations se sont succédé telles que les civilisations mésopotamienne, grecque, cananéenne, araméenne et égéenne. A l'ouest rayonnait la civilisation égyptienne, tandis que fleurissaient, à l'est, diverses civilisations asiatiques, au premier rang desquelles la civilisation perse. Le Yémen, au sud, abritait également une civilisation tout aussi splendide .
Par ailleurs, les caravanes arabes se rendaient fréquemment, à des fins commerciales, dans ces foyers civilisationnels situés aux confins du désert. Il était donc inévitable que ces relations commerciales étroites s'accompagnent d'un échange fécondant de connaissances et de cultures. Celles-ci, au terme d'un cheminement lent mais irréversible, se sont interpénétrées, épurées et mutuellement enrichies.
C'est dans cette ambiance d'osmose culturelle que l'islam va émerger. Les peuples parmi lesquels il est né, ou qu'il atteindra au cours de sa fulgurante et triomphale expansion, n'étaient pas des ignorants.
Au contraire, ils ont déjà à leur possession un patrimoine civilisationnel riche, des expériences spirituelles et des connaissances matérielles très diverses.
Le contact de l'islam avec les autres peuples était d'abord conflictuel. Il a fallu, en effet, une période de luttes et de guerres avant que s'opérât l'interaction culturelle, la fécondation réciproque d'idées et l'enrichissement mutuel.
Ainsi, au cours de ces contacts avec les autres peuples, les Arabes musulmans ont découvert la civilisation de l'Inde, la sagesse de la Perse et la philosophie de la Grèce. Ils ont rencontré une multitude de peuples, de nations, de confessions, de personnages distingués par leur savoir et leurs idées. Des alliances se sont ainsi établies entre des familles aux origines variées, ce qui a favorisé le mélange entre des traditions, des idées, des doctrines et des comportements sociaux très divers.
Mais l'islam, devenue religion unique de tous ces peuples, a fondu leurs patrimoines respectifs divers dans son creuset pour en créer un ensemble harmonieux, un nouveau système spirituel et intellectuel qui a conféré à la civilisation islamique son caractère spécifique.
L'étude des différentes civilisations et des échanges culturels qui se sont produits entre les peuples corroborent donc ce principe qu'on a déjà évoqué, à savoir qu'il y a dans ces civilisations ce qui est universel et ce qui est propre à une seule nation.
L'histoire de l'humanité nous enseigne, en effet, que l'union féconde entre différentes cultures est une nécessité incontournable. Mais elle reste constamment soumise à la loi inexorable du particulier et de l'universel. Ainsi, l'assimilation des éléments étrangers n'est pas automatique, en ce sens que chaque peuple les passe au crible avant d'en choisir ce qui est compatible avec ses normes et ses propres valeurs civilisationnelles. Tout ce qui pourrait remettre en cause l'identité culturelle ou les dogmes est de ce fait rejeté.
Deux exemples illustrent parfaitement cette approche sélective :
le contact de l'islam avec les civilisations perse, indienne et grecque et le contact de la civilisation occidentale au moment de sa renaissance avec la civilisation islamique.
Si l'on examine le premier cas, on s'aperçoit que les musulmans, avant même de connaître ces civilisations, avaient déjà atteint une certaine maturité intellectuelle et ébauché leur propre système de pensée. Ils avaient même une vision globale de l'univers qui les entoure grâce au Coran, leur source d'inspiration première. Cette vision les guidera dans toutes leurs démarches intellectuelles et activités scientifiques ultérieures.
D'où la ferveur avec laquelle les musulmans s'emploieront à puiser dans les civilisations des autres nations, empruntant aux Persans la sagesse, la littérature et le savoir-faire politique et aux Grecs la philosophie et autres sciences profanes. Ils feront de même avec tous les autres peuples avec qui ils avaient des contacts pacifiques et amicaux ou, au contraire, des relations de guerre et de rivalité. Ensuite, ils expurgeront et corrigeront toutes ces sciences avant de pouvoir les développer et les adapter à la méthode intellectuelle islamique globale, fondée sur le Coran et la sunna.
Ces deux sources fondamentales de la charia ont, par ailleurs, fixé les dogmes de la foi et les pratiques cultuelles, fourni les lois qui doivent régir les rapports de l'individu avec ses semblables et avec la communauté et indiqué la voie à suive pour mériter la grâce de Dieu.
Ainsi, la civilisation islamique a donné aux civilisations grecque et autres autant qu'elle a reçu d'elles. Elle a merveilleusement intégré les apports étrangers à son système de pensée, elle les a adaptés à l'esprit de sa foi, à son génie créatif propre et à son identité historique.
Et en enrichissant de leur propre appoint l'héritage civilisationnel des nations antérieures, les musulmans, dans un élan créatif remarquable, sont parvenus à édifier une civilisation fondamentalement originale.
En réalité, ce qui a facilité cette fécondation mutuelle de différents systèmes de pensée, de différentes doctrines, c'est que les artisans de cette civilisation islamique étaient animés d'un souci majeur : rechercher la vérité en soi, tel que leur recommande la sainte tradition : «La sagesse est le but de tout croyant, il la recherche partout et la prend là où il la trouve.»
Voilà donc pourquoi les musulmans se sont employés à récupérer les patrimoines des nations antérieures. Ils ne visaient nullement l'accumulation des objets de luxe, des joyaux, entre autres signes ostentatoires de la richesse. Ils voulaient tout simplement rattraper le temps perdu, rendre leur vie meilleure et édifier leur propre identité
Aussi, ont-ils parcouru inlassablement des contrées lointaines, observé le monde autour d'eux, recherché sans cesse la science et la sagesse, mettant à profit les patrimoines anciens sans oublier les acquis de leur temps, tirant les leçons de l'histoire pour mieux préparer l'avenir. Tout cela leur a permis d'apporter leurs contributions dans tous les domaines du savoir humain : l'éthique, la philosophie, la médecine, la géométrie, la géographie l'astronomie, la chimie, la pharmacie, l'agronomie, l'histoire, les contes, la philologie, la zoologie, la physique, la minéralogie, l'industrie...
Par ailleurs, ils ont consenti des efforts considérables pour explorer les richesses culturelles non seulement des Grecs, des Persans et des Indiens, mais aussi des autres nations du monde qu'ils connaissaient à l'époque. Et le génie créatif islamique a été capable d'assimiler les grandes oeuvres de l'Antiquité, traduites en arabe. On a vu alors naître des écoles de philosophie, de sciences, des arts ainsi que d'autres disciplines qui ont ouvert de larges horizons à la civilisation islamique.
A cet égard, la conquête de la Perse et son intégration dans le cadre civilisationnel islamique ont donné lieu à un remarquable processus d'interaction et d'enrichissement mutuel entre la civilisation de ce pays et la pensée islamique.
Force est de constater toutefois que la pensée islamique dans son contact avec la pensée persane a su, comme toujours, séparer le bon grain de l'ivraie.
Rappelons, par ailleurs,, que la Perse a été conquise sous le calife Omar. C'est à cette époque également que les musulmans ont pu assurer leur autorité sur les grands fleuves d'irrigation, notamment le Nil, le Barada, le Tigre et l'Euphrate.
Remarquons par ailleurs que le calife Omar Ibn Al-Khattab n'a pas hésité à emprunter aux Persans le régime d'impôt foncier qui restera en vigueur dans l'empire islamique jusqu'à l'avènement de la dynastie abbasside.
Mais si les Musulmans, déjà sous le règne du second calife, ont adopté volontiers le mode d'évaluation de la taxe foncière, qui avait cours en Perse, mettant ainsi à profit les expériences accumulées de ce pays en la matière, ils étaient en revanche très réticents, voire résolument réfractaires aux spécificités culturelles proprement persanes, en désaccord avec leur foi, leur système de valeur et leur génie civilisationnel authentique.
Ainsi, le califat islamique, qui est un régime de gouvernement particulier, a rejeté catégoriquement la philosophie qui sous-tendait le pouvoir politique dans la Perse antique. Cette philosophie considérait, en effet, le chef de l'Etat, Kisroès en l'occurrence, comme le fils de la divinité Hura-Mazda qui lui aurait délégué le pouvoir de gouverner et donnait ainsi à ses lois et à ses édits un caractère sacré.
La civilisation islamique a également banni cette coutume persane qui consiste à diviser la société en classes fermées, du fait qu'une telle ségrégation est en contradiction avec la philosophie égalitaire de l'islam.
A ce sujet, le nombre important des oeuvres consacrées par les oulémas anciens aux polémiques entre sectes et confessions (milal wa nihal) témoigne de l'âpreté du combat que les musulmans ont dû livrer aux doctrines et croyances religieuses de la Perse antique.
On voit donc comment les Musulmans ont, d'un côté, accueilli favorablement tous les acquis humains pratiques à même de favoriser le progrès civilisationnel et, d'un autre, opposé une résistance farouche à toutes les philosophies et conceptions religieuses, politiques et sociales incompatibles avec l'esprit de l'islam.
Les musulmans, en oeuvrant pour propager la foi, sont entrés en contact avec les grandes nations héritières de civilisations splendides et qui se sont bientôt fondues dans le creuset islamique, dans un élan de fécondation interculturelle éclairée par les valeurs suprêmes du Coran et de la sunna. Il s'ensuivit un élargissement de l'aire islamique et l'émergence d'institutions sociales, administratives et économiques, de conceptions théoriques et des manières de vivre et de pensée : autant de nouveautés pour les Arabes musulmans qui n'avaient pas connu une civilisation aussi développée que celles des nations fraîchement converties à l'islam. Ainsi, pour ce qui est du domaine administratif, les Musulmans ont, entre autres institutions, introduit le diwan (rôle fiscal ou registre des dépenses et des recettes) emprunté aux Byzantins qui avaient eu une influence profonde en Egypte, en Syrie et en Afrique du Nord.
Par ailleurs, l'histoire nous apprend que le prince Khalid Ibn Yazid Ibn Mu'awiyya se rendit à l'école d'Alexandrie pour s'enquérir du patrimoine culturel qu'elle recelait. Et pour annoncer à son père le succès de sa mission, il lui envoya un poème dont voici quelques vers :
Ô toi, voyageur qui partis pour Damas,
Retiens bien ce message :
Dis à Yazid que moi, Khalid, j'obtins l'objet de ma quête,
Et que par la force et le patient labeur,
Je m'appropriai le soleil et la lune !
Le soleil et la lune désignent dans la bouche de ce prince poète, respectivement l'or et l'argent. Rappelons que les alchimistes de l'époque prétendaient être capables de transformer les minéraux les plus banals en or et en argent.
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Dr Ahmed Abderrahim


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