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De l'eau de mer à la place du gasoil: L'incroyable mésaventure d'un Alger-Oran
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 24 - 01 - 2009

Une fois n'est pas coutume, j'avais décidé de parcourir un Oran-Alger et retour en voiture. Une manière d'échapper aux retards des avions et aux attentes des aéroports avec leur lot de fouilles et de bagages ouverts contre ma volonté. Une envie de goutter à la normalité d'un voyage et de m'imprégner de la profondeur des paysages et renouer un tant soit peu avec la simplicité de la vie.
Dans d'autres contrées, un 400 Km aller-retour est un jeu d'enfant et à lui seul, un moyen parcours de cette taille, peut dénoter le degré de progrès auquel le pays est arrivé.
L'aller fut agréable, n'était-ce cette partialité incompréhensible des barrages de gendarmerie qui arrêtent, semble-t-il, au pif mal inspiré, des voitures et cette manie de gêner la circulation alors que leur mission première est de veiller à sa fluidité. Une présence tapageuse que n'expliquent pas le nombre astronomique d'accidents, ni même la situation sécuritaire du pays. Mais un pays que l'on apprend, cependant, à aimer de nouveau, quand on emprunte le tronçon d'autoroute déjà ouvert entre Aïn Defla et Alger. Un pur régal et l'automobiliste que je suis, trouve là un motif de ravissement, me disant que s'il n'y avait qu'une seule raison pour soutenir le président Bouteflika, j'avais là, dans cet instant de délectation, une preuve sérieuse de satisfaction. Mes sourdes réflexions me demandaient pourquoi avoir attendu tant d'années, et fallait-il que le temps implacable n'autorise les bienfaits des autoroutes que maintenant? Pourquoi la construction de l'aéroport d'Alger est restée en souffrance pendant plus de 25 ans?
Il y avait, chez moi, souvent des moments de dépits quand il m'arrivait d'emprunter les trajets routiers européens, toujours nourri par cette indétachable manie de comparer mon pays avec des puissances plus huppées. Où donc était située cette grande différence de développement, me suis-je interrogé, oubliant que l'indépendance d'un pays était aussi une rupture de rythme de vie sociale et économique et une grande fracture culturelle. Une sorte de renaissance ou de naissance, produit d'un accouchement difficile à la césarienne qui donne le jour à une société pas toujours indemne de tares et de malformations.
Mais alors, faudrait-il croire que le 5 Juillet 1962, l'Algérie est sortie du néant à la vue de ce retard et que la transmission du peu de savoir-faire de l'époque avait été jetée à la poubelle par la fierté ou la gabegie démesurée des premiers gouvernants? L'équation n'est pas aussi simple et mène tout droit à la vision restreinte et aux jugements tout faits et erronés des premiers dirigeants algériens et de ceux qui les ont suivis et pourrait aboutir dans une salle d'un tribunal d'exception où des générations entières de petits et grands coupables seraient jugées. Enfin!
Je l'ai eu mon autoroute quand même! Avec un aéroport de standing international en prime.
Retour sur Oran. Le mot et le qualificatif «Bahia» m'ont, de tout temps, inspiré de la gène. Sa consonance péjorative me renvoie toujours aux prestations télévisuelles de ces deux ou trois fausses célébrités, qui ont captivé nos innocents enfants par leurs comédies délurées et qui ont donné à la culture d'Oran un visage de tarée. Heureusement que quelqu'un en très haut lieu s'est rendu compte des dégâts et les a interdits de télévision. J'aurais voulu qu'il intervienne aussi pour jeter aux orties tous ces noms de villes et de villages qui vont à la rencontres des épines au lieu de fleurs et qui vont farfouiller dans les ordures toutes les images qui imposent le malaise et le mal-vivre. Aïn Defla! Quelle idée! «L'oeil du crachat» alors que la ville est devenue une petite merveille. On aurait pu l'a dénommer Johar ou Yakouta. Puis il y a tous ces hassis on ne sait quoi! On a l'impression que les Algériens se sont tous donné le mot pour s'accrocher, coûte que coûte, à ce qui procure de la peine. Les Aïn et les Hassi transportent toujours vers les icônes des cimetières. L'Histoire aurait-elle donc imposé au pays la vocation d'un immense tombeau toujours ouvert?
Départ à 7h30 du matin au rythme d'une limace, pris entre les embouteillages et perdu dans les panneaux de direction. A 9h tapantes je suis à Sidi Lakhdar, à quelques kilomètres de la sortie de Khémis Miliana. J'ai eu alors l'idée saugrenue de faire mon plein de gasoil, alors que j'avais dans mon réservoir de quoi rentrer aisément.
Le plein rempli, je démarre. Mais vingt mètres plus loin, la voiture s'arrête et il n'était plus question pour elle d'avancer. Sinon de se contenter de ronchonner.
En trouvant un mécanicien sur place,j'ai remercié les saints pour leur bénédiction et nous avons poussé le véhicule jusqu'à l'atelier de réparation. Un scanner sur place nous avoua ne rien comprendre sinon que les injecteurs de ma voiture étaient aux prises avec de l'eau. Je n'étais pas encore sorti de ma torpeur qu'un camionneur se présenta en colère et hors de lui, criant qu'on lui fourgué de l'eau à la place du gasoil! Puis un deuxième, pathétique à émouvoir, avec des larmes aux yeux exposant le même problème. La tension à la station-services sous le label de Naftal avait atteint son extrême.
L'extrême était dans nos déboires mais aussi dans les pensées, bien obligés par cette halte forcée à une réconciliation avec le temps qui n'a plus du tout la même valeur et qui nous pousse à renouer avec le fatalisme et la relativité de la vie.
Le propriétaire de la station-services appelé en urgence m'a encouragé à m'en remettre à Dieu qui m'a probablement ou peut-être sauvé d'un drame en me bloquant dans la station-services, et que probablement ou peut-être une catastrophe m'attendait plus loin. Il exigea sur le champ de stopper l'alimentation des voitures et se mit à convoquer les concernés par téléphone. Du jamais vu, affirma-t-il en plus de vingt ans d'activité.
La pompe venait d'être livrée par un camion-citerne. Il était censé transporter 25.000 litres de carburant. On se rend compte quelques minutes plus tard, en regardant de plus près de quoi il retournait. Le mazout était en fait de l'eau de mer agrémentée de petits granulés de sel.
La station-services était hors de cause bien que l'on m'a expliqué que la citerne du camion était en principe plombée et que le patron de la station aurait dû vérifier sa contenance en la déplombant avant la livraison.
Chacun y allait, cependant, avec son explication. Pour le représentant de Naftal, le gasoil étant livré par bateaux, l'eau se serait infiltré dans les cuves au cours du transport en mer, le mauvais temps aidant! Pour un autre l'explication, sans être, le moins du monde, convaincante est plus pointue. L'eau salée et le sel viendraient d'une manoeuvre habituelle , mais cette fois-ci malencontreuse, qui consisterait à gicler par forte pression d'air de l'eau nécessaire dans les cuves au cours de chaque livraison au port!
Pour nous, il y avait là, de toute évidence, une énorme magouille que nous avons vite fait de confondre avec une culture devenue nationale et générale où le respect de soi n'existe plus et où la haine de l'autre est devenue prédominante. L'eau salée était à adjoindre à la vente des extraits de naissance dans les mairies parce qu'il faut bien aujourd'hui aller jusqu'à payer des dessous de table pour prouver son existence.
Une enquête sera engagée nous assure-t-on. Un grand nombre de stations-services d'Alger et de Blida avait connu les mêmes mésaventures, la semaine dernière et on avait sûrement engagé des enquêtes. Elles suivent évidemment leur cours.
En attendant un camion et mon véhicule voyaient leurs pompes à mazout se démonter et la perspective pour moi, de passer la nuit à la station se dessinait de mieux en mieux.
Pour augmenter mon désarroi, une des victimes, un promoteur d'El-Khémis se rapprocha de moi pour me suggérer d'aller chercher un huissier de justice pour un constat. Cette idée bien qu'elle s'imposait ne m'emballa pas car je m'estimais trop heureux de n'être pas tombé en panne en pleine campagne et que pour le moment mon véhicule était bien pris en charge. Puis, je me voyais très mal pointer une fois par semaine au tribunal de Khémis Miliana et pour l'éternité. Un procès contre Sonatrach! Un procès contre un état dans un état avec de surcroît des responsabilités partagées dans un pays qui n'arrive pas à se prendre en charge d'une façon convenable où le savoir-faire périclite, de jour en jour et de plus en plus!
De l'eau salée à la place du gasoil n'est que le reflet fidèle d'une société déstructurée où la compétence devient une denrée rare au moment où le mieux-vivre exige de la rigueur.
Pour moi, tout le monde était coupable, bien que les représentants de Naftal nous aient assurés qu'ils rembourseraient tous les frais occasionnés.
Comme tout Algérien qui se respecte, je ne me dépars pas de mes habits d'opposant-né. Un tantinet guerrier dans l'âme comme tous les Algériens avec parfois un coeur généreux. Avec des ingrédients purs et durs qui font que le tourisme, par exemple, ne réussira jamais chez nous.
Dans quelle situation aurait été mise une famille avec femme, bébés et enfants dans l'incroyable mésaventure qui était la nôtre bloquée une journée entière dans une station d'eau salée? Que serait-il advenue d'elle si elle s'était retrouvée perdue au coeur d'une campagne isolée? Ceux qui président à la gestion et la manipulation des détails importants qui régulent nos journées et nos vies, ne rendent pas comptent de l'énormité des montagnes sataniques qu'ils érigent par leurs esprits diaboliques. Les valeurs humaines se sont si estompées que même l'instinct de conservation animal a disparu.


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