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L'homme qui aimait parler aux oiseaux
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 05 - 07 - 2009


1ère partie
Il est de ces hommes dont le parcours singulier intimement lié à l'histoire de notre société et à celle de notre pays, est quasiment méconnu de leur vivant, parmi même leur entourage immédiat, et le souvenir de ce parcours estompé disparaîtra à jamais après leur mort.
Cela est souvent dû à leur propre comportement, où l'humilité poussée jusqu'à l'effacement a été pour eux un véritable credo, une ligne de conduite qu'ils s'étaient tracée avec lucidité et en toute sérénité.
C'est le cas de Hamrouchi Azzouz (Elhamel à l'état civil) qui a tiré sa révérence le 13 juillet 2008 à l'âge de 77ans, sur la pointe des pieds, presque en s'excusant de déranger... Il est mort Azzouz comme il a vécu, dans la discrétion et la dignité, vertus qu'il avait cultivées jusqu'à l'excès.
Le jour de l'enterrement de ce moudjahed à Constantine, dans le cortège funèbre, aux cotés des membres de la famille et de quelques voisins et amis, seule une petite poignée de ses anciens compagnons d'arme fit le déplacement. Si quelques uns parmi ces derniers ont accouru même de Skikda, d'autres que tous croyaient proches du défunt ont boudé ses funérailles et n'ont même pas présenté, après, leurs condoléances à sa famille, devoir qu'ont bien tenu à remplir des moudjahidine, résidant pourtant à Alger. Il est vrai que, de nos jours, certains évaluent l'intérêt d'assister ou non à l'enterrement d'une personne, à l'aune de son rang social, et si elle avait de l'entregent, de la qualité de ses relations. Ils n'hésitent pas alors à franchir des centaines de kilomètres pour «voir» et «se faire voir».
A la veille de l'indépendance, si Azzouz était membre de l'armée de libération nationale, responsable de la santé au niveau zonal (mintaka 1, wilaya 2), sous la direction du Dr Mohamed Toumi (actuellement professeur en cardiologie à Alger).
Mais avant de parler de sa participation à la lutte de libération, et pour mieux cerner la personnalité de cet homme, faisons une incursion rétrospective sur sa jeunesse :
Bien que né à Sidi Bzar, (rue mythique au coeur de la vieille ville sur le plan de l'activité politique, très intense, surtout à la veille du déclenchement de la lutte armée) , Azzouz se considérait comme un enfant de la rue (ex route) Bienfait (anciennement « Garn essayeh», puis avenue El Alamein, et actuellement avenue Kitouni Abdelmalek), «ould erroude bienfait» comme il se plaisait à le dire, et plus précisément au 15 impasse Mouclier. En effet, ses parents avaient déménagé en 1938 des deux pièces qu'ils occupaient à «Dar Z'moul» au 19 ex rue Bedeau (alors qu'il n'avait pas encore 8 ans), pour aller s'installer avec ses trois soeurs plus une tante, dans leur logement neuf que son père avait fait construire quelques années auparavant. Si El Mekki , natif de la rue Sidi Nemdil en 1892, et orphelin de père à l'âge de 10 ans, avait pu se faire une situation dans la confection, en fabriquant en série dans son magasin sis à la rue Sidi Bouanaba (ex-rue des Zouaves), des vêtements (traditionnels) qu'il revendait. Il avait décidé de consacrer toutes ses économies à édifier dans la «banlieue» de la ville une habitation pour ses enfants comportant toutes les commodités de l'époque. Ce qu'il fit vers 1935. Il faut noter qu'à cette période, voir un «indigène» qui n'avait aucune accointance avec l'administration française, installer des équipements modernes dans sa construction, était un privilège rarissime.
Malgré les effets néfastes de la 2ième guerre mondiale sur l'économie des ménages avec l'application du rationnement, la population «autochtone» en étant la plus grande victime, la famille de Si El Mekki El Babori dont le foyer avait été égayé par la venue au monde, en neuf ans, de trois autres enfants, tous des garçons, vivait à l'abri du besoin grâce à l'aisance financière du chef de famille.
Cette situation de confort matériel dura jusqu'à la date fatidique du 6 janvier 1948. Le père, à l'autorité morale et à la probité reconnues et appréciées de tous, décéda ce jour des suites de complications postopératoires. Ce fut la consternation. Azzouz s'était trouvé ainsi et à son corps défendant, consacré chef de famille. Il avait à peine 17 ans et était l'ainé de ses frères, âgés respectivement de 9 ans, 4 ans et demi et 1 an et demi ; quant à ses trois soeurs, elles avaient 21 ans, 14 ans et demi, et 12 ans.
Au fil des mois, la situation matérielle devenait de plus en plus précaire, et assurer le pain quotidien s'imposait comme la préoccupation prioritaire. Azzouz qui avait quitté depuis quelques années le collège technique de Bab El Kantara, en 1ière année, ainsi que ses cours d'arabe à la medersa libre, ne travaillait pas.
Bien que n'étant pas encore tout à fait sorti de l'adolescence, il prit rapidement la juste mesure de cette situation critique. Il se révéla à son entourage, à cette occasion, comme un personnage qui avait un sens aigu des responsabilités, un caractère autoritaire, et une fidélité à sa famille qui ne se démentira jamais.
Il décida alors, après concertation avec sa mère, une femme courageuse et digne, de vendre le magasin de Sidi Bouanaba ; le produit de cette vente servira en partie à subvenir aux besoins de la famille, et la plus grosse part sera utilisée à financer quelques activités commerciales.
Il choisira de se lancer dans la friperie, et également dans la confection de vêtements traditionnels que sa mère et ses soeurs se chargeront de coudre à domicile avec deux machines «Singer», héritées du père.
C'est ainsi que la maison familiale se transforma en atelier où tout le monde, petits et grands, se mit au travail, qui en triant ou raccommodant ou bien repassant les pièces de friperie, qui en actionnant les pédales des machines à coudre à longueur de journée. Quant à Azzouz, il s'absentait plusieurs jours par semaine, sillonnant la région de Constantine, pour être présent dans la plupart des villages où les souks hebdomadaires étaient les plus fréquentés. Il y installait sa «nasba», stand constitué de planches et de tréteaux, et exposait sa marchandise composée de manteaux, vestes, chemises, chaussettes..., produits de friperie, et également des vêtements traditionnels tels que sarouels et gandouras neufs. Ni la rigueur du froid en hiver dans les Aurès, comme à Chemora, ni la chaleur torride du Sud, comme à Djamâa ou Touggourt, ne le rebutaient.
Cette vie, à un rythme soutenu, dura près de trois ans. Grâce à cette mobilisation, les privations que s'était imposées par la force des choses sa famille, s'atténuèrent petit à petit, et cette dernière connut alors une condition matérielle acceptable.
Dans ce contexte relativement favorable, et pour mieux assumer son rôle de chef de famille, Azzouz prit le parti de se marier en juillet 1950. Il avait 19 ans et demi.
Ses amis les plus proches avec lesquels il était souvent en compagnie, étaient Hamrouchi Mohamed, un cousin germain connu sous le pseudonyme de «Belahchaychi» (chahid en 1958), et Djeghri Mokhtar (qui gagna les rangs de l'ALN aux frontières Est et y exerça en qualité de médecin).
Azzouz était un sportif qui pratiquait la boxe. Doté d'une grande force physique, avec ses 1m, 84 et ses 85 kg tout en muscle, il en imposait. Faux calme, il piquait des colères mémorables lorsqu'il était poussé dans ses derniers retranchements. Mais il aimait par-dessus tout la nature et les animaux. Lorsqu'il en parlait, c'était toujours avec passion. Il élevait déjà des pigeons et des canaris dès son plus jeune âge.
Pour revenir à son activité professionnelle, il devint, au cours de cette année 1950, associé à un parent, grossiste en friperie. Malgré sa modeste part dans cette association, cela ne constituait pas moins une promotion pour lui dans le métier de commerçant : au lieu de continuer à faire la chasse aux clients dans les petits villages de l'intérieur du pays, le voila en voyage à Paris pour acheter des balles de friperie, négociant les prix en vrai connaisseur.
Ce voyage ayant été couronné de succès, il gagna encore plus la confiance de son associé, son oncle El Hadj Azizi, qui lui confia la gestion, en toute indépendance, d'un magasin à Souk El Asser (ex place Négrier), place forte du commerce de la friperie, où «Indigènes» et «Israélites» se livraient une rude concurrence.
Au cours des deux dernières années de cette activité, qui dura presque quatre ans, le frère cadet prêtait main forte à Azzouz, dans la mesure des moyens que lui permettait son jeune âge. Seul de l'école primaire Aristide Briand à être affecté au lycée d'Aumale, après son succès à l'examen de 6ième (pour faire écho au livre «la brèche et le rempart» de Badr'Eddine Mili, p.195), Il venait à partir du lycée tout proche où il était élève, aider à surveiller la boutique lorsque le frère ainé n'était pas disponible, et cela dans les intervalles des cours. Pendant les vacances, sa présence était à plein temps.
Vers la fin de l'année 1953, sans doute cédant aux impulsions de son caractère trop indépendant, Azzouz décida de mettre un terme à son association. Suite à un concours qu'il passa haut la main, il suivit une formation dans la spécialité de menuiserie, dispensée dans le centre d'apprentissage situé derrière l'hôpital civil, sur la route qui mène au monument aux morts.
A l'issue de cette formation, il se ravisa quant à son avenir dans la menuiserie, et préféra reprendre les activités commerciales dans lesquelles il avait excellé. Pour cela, grâce à l'argent qu'il avait pu économiser les dernières années, il acheta un magasin toujours à Souk El Asser et se livra au commerce de friperie, cette fois pour son propre compte. Les affaires prospéraient et il commençait à confier chaque jour, comme le faisait son père, de grosses liasses de billets à sa mère pour les placer en lieu sûr. Sa famille connut enfin, à nouveau, le confort.
C'est sur ces entrefaites que s'annonçait le déclenchement de la lutte de libération. A suivre
*Ancien officier de l'ALN
Wali à la retraite


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