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L'homme qui aimait parler aux oiseaux
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 06 - 07 - 2009


Suite et fin
Il est intéressant de noter que, en plus de son dévouement à sa famille, Azzouz avait un autre sujet d'intérêt qui n'était nullement antinomique avec son amour pour les bêtes ou son penchant pour le sport, bien au contraire :
Sans appartenance organique à quelque parti politique que ce soit, il était foncièrement nationaliste, influencé en cela par son oncle maternel Hannache Boudjemâa (Rabah à l'état-civil, alias «Si Ali» durant la lutte de libération, alias «Ammi» à la prison de Lambèse) et par l'ami de ce dernier, Manâa Boudjemâa. Les deux inséparables Boudjemâa («el djenane» et «el djezzar»), militants du PPA-MTLD de la première heure et membres de l'OS, avaient fait déjà de la prison en 1950 ; ils étaient une référence et un symbole, notamment pour tous les habitants du quartier Bienfait où ils résidaient. La fréquentation des frères Kitouni, Abdelmalek et El Mekki (Rabah à l'état-civil), tous les deux militants avérés mais très discrets, qui habitaient cette même maison du 15 impasse Mouclier en qualité de locataires, avait conforté ce sentiment déjà très fort.
Il faut dire qu'il subissait aussi l'ascendant d'un grand oncle Hannache Ahmed (lui aussi fripier à l'époque à Souk El Asser), membre de l'association des Oulama et ancien compagnon de Cheikh Abdelhamid Benbadis. Il inaugura sa participation dans le «nidham» en mars 1955, à l'instigation de si El Mekki Kitouni.
Relater les activités militantes à Constantine depuis cette date, et son action au sein de l'A.L.N. jusqu'à l'indépendance, serait trop long. Il ne s'agit nullement de raconter des faits d'arme, mais de parler seulement de quelques évènements significatifs.
Sa première cellule n'avait aucun rapport avec «l'organisation» locale. Il était directement en contact avec les maquis coiffés par si Abdallah (Lakhdar Bentobal). Des tenues militaires, triées à partir des balles de friperie, des médicaments, quelques munitions, les fonds des cotisations etc., étaient acheminés régulièrement vers les montagnes d'El Milia par les soins d'agents de liaison tels Benyezzar Yazid (Chahid), ainsi qu'un petit bonhomme rondouillard surnommé «sac marin» (originaire de Beni Caïd), et surtout par le dynamique Mahfoud Bennoune (la biographie exceptionnelle du regretté Mahfoud, mérite d'être écrite). Il recruta pour la circonstance des militants aguerris dont son oncle Boudjemâa , et mit à contribution depuis septembre 1955, pour les missions les moins risquées, son frère cadet qui n'avait pas encore 17 ans.
Au début de l'automne, il lui était enjoint de s'intégrer dans «l'organisation» locale. C'est ainsi qu'il fit partie d'une cellule où le seul nom qui lui était resté en mémoire, parmi ses contacts, est celui de Rabah Bouchaïr. Il avait conservé en même temps ses rapports avec Mahfoud Bennoune et les autres.
Des nombreuses péripéties qu'il connut à Constantine ou au maquis, on n'en citera que quelques unes :
L'ALN avait un besoin urgent d'infirmiers qualifiés, de préférence diplômés pour dispenser un enseignement paramédical à des jeunes moudjahidine. Azzouz repéra, parmi les connaissances qu'il avait l'habitude de rencontrer à «Chatt» au café «el Goufla», Mohamed Bouchama qui correspondait exactement au profil demandé. Il le mit dans la confidence par l'intermédiaire de si Boudjemâa, et après son assentiment, le fit conduire aussitôt au maquis, en novembre 1955. Le destin voulut que ce soit ce même Bouchama, en charge de la santé dans la région d'El Milia, qui rencontra Azzouz quelques mois plus tard au lieu dit «Mechnouâ», et l'intégra dans le service de santé de la zone nord-constantinois. Il lui apprit à faire des piqûres sur des patates, en compagnie de cheikh Belkacem Fantazi dit «Soufi». C'était en mai1956.
L'autre évènement, c'est l'enrôlement par Azzouz d'un juif répondant au prénom, ou surnom, de Rito (de son vrai nom Cohen-Adad ?) également fripier. C'était un personnage longiligne, très sympathique. Il était chargé de procurer des tenues militaires, et du renseignement le cas échéant. Il s'acquitta de sa mission dans de bonnes conditions, jusqu'au jour où il fut dénoncé. Arrêté, il écopa de deux ans de prison. (Il a été assassiné vers la fin de la guerre. Est-ce l'OAS ? Est-ce des militants zélés de la 25ième heure ? L'on ne sait. Toujours est-il que Azzouz en fut très affecté).
A la fin mars 1956, les arrestations se succédèrent, et la cellule de Azzouz était concernée. Il rejoignit alors le maquis à Djebel El Ouahch le 4 avril 1956, laissant une épouse de 21 ans enceinte ; ses deux enfants, un garçon de presque 5 ans et une fille de 1 an et demi ; sa mère, ses frères et soeurs et ses deux tantes, soit toute une famille nombreuse de nouveau sans ressources. Après un séjour de quelques dizaines de jours dans les environs de Constantine (notamment à «Mestaoua» où il se remémora les excursions qui y étaient organisées les débuts de la saison printanière, son grand oncle Sadek faisant transporter toute la grande famille par car, pour la journée. La seule nourriture «autorisée», à consommer près des lacs, c'était uniquement «el bradj» et «l'ben»), il entra clandestinement en ville et se réfugia pour un temps dans une cachette spécialement aménagée dans la maison paternelle.
A ce moment là, la grève des étudiants et lycéens fut décidée. Son frère, élève dans le secondaire au lycée d'Aumale y participa. Ce qui provoqua le courroux de Azzouz, c'était surtout les circonstances de cette participation. En effet, bien que le sachant recherché et caché à la maison, son frère cadet fit preuve d'inconscience en se joignant à un groupuscule de lycéens pour faire une marche au Coudiat ! Les services de sécurité Ies cernèrent vite, et les conduisirent juste à côté, à l'hôtel de police fraichement construit, où ils furent fichés, molestés puis admonestés, pour être relâchés par miracle, un à un, tard dans la nuit du 19 mai 1956.
Sans s'en rendre compte, le jeune lycéen apprenti révolutionnaire, avait semé la panique dans sa famille, d'autant plus qu'une semaine auparavant, précisément le 12 mai, Constantine avait vécu l'enfer après les «ratonnades» dont s'étaient rendu coupables des juifs fanatiques. Aussi avait-il échappé de justesse ce jour là, à une correction physique de la part de son frère ainé.
Après un bref séjour parmi les siens, Azzouz prit à nouveau le chemin du maquis vers les monts d'El Milia, où il rencontra Kitouni Abdelmalek, Adjali Rachid, Boudjeriou Messaoud, Bouchama Mohamed, tous tombés au champ d'honneur, ainsi que beaucoup d'autres moudjahidine tel àmmi Ahmed Belabed (Laboudi) que Dieu le préserve. Il avait été aussitôt affecté dans les services de santé de l'ALN, dans les conditions décrites plus haut.
Le 3 juillet 1956, un avis de «recherches», «DIFFUSION URGENTE N° 124/56», fut émis par la direction de la sûreté nationale en Algérie, à destination de tous les services de police et de gendarmerie d'Afrique du Nord, et aussi à la DGSN à Paris : Hamrouchi El-Hamel dit «Azzouz» y figurait en bonne place (3°), avec sa photo dans une page annexe. Pour lui et ses sept autres compagnons, il était indiqué la mention suivante «Ces individus, membres de l'organisation terroriste F.L.N. de Constantine, sont tous auteurs de divers attentats commis au Chef-lieu.».
Le 20 septembre 1956, il fut informé de la naissance d'un fils prénommé Khaled. Par retour urgent du «courrier» assuré par un agent de liaison, il ordonna de ne pas le déclarer à l'état civil car il ne reconnaissait pas l'administration française, et qu'il allait le signaler à la structure concernée de l'ALN-FLN (assemblée populaire). Les mentions marginales dans l'original de l'acte de naissance de Khaled sont témoins de cette décision.
Azzouz avait été promu en 1958 comme responsable de la santé au niveau de la zone 1 (mintaka 1, wilaya2), qui s'étend à l'Ouest jusqu'au versant Est des monts Babor, et qui englobe les villes de El-Eulma, Mila, Ferdjioua, Redjas, Taher, Jijel..., sous les ordres d'abord de Lamine Khène, et ensuite du docteur Mohamed Toumi.
De commerçant, notre homme se transforma en infirmier confirmé. S'appliquant dans les soins qu'il administrait, suivant avec sérieux les orientations du docteur Toumi et se documentant beaucoup, il surpassa les compétences d'un simple infirmier : Si Azzouz «T'bib» pratiquait désormais des amputations et maintes autres interventions délicates.
Il avait été rejoint en septembre 1958 par son épouse Hamoui Zineb (Mouni) avec son fils Khaled âgé de deux ans. Elle mènera avec son mari la vie dure de maquis jusqu'à l'indépendance. Ils eurent deux filles, nées à «Zouitna» (Ouled Askar), une en 1959, et l'autre en 1961. Malgré une présence permanente parmi les djounoud, s'exposant aux mêmes risques, elle ne bénéficia pas à la libération du pays de l'attestation de moudjahida à cause de l'opposition, en toute bonne foi, de Azzouz : autre trait de son caractère difficile, il considéra sa femme non éligible à cette qualité parce qu'elle ne gagna le maquis que pour rejoindre son conjoint !, cela en dépit de l'avis contraire et de l'insistance de nombreux compagnons d'arme, notamment la moudjahida Leïla Moussaoui.
Des sept années et trois mois (1 an, responsable dans la ville de Constantine, et 6 ans 3 mois dans les rangs de l'armée de libération) qu'il avait passé au service de son pays, il était resté à si Azzouz le souvenir indélébile d'hommes valeureux, surtout de Chouhada, dont le courage dépassait la fiction. La période des opérations « pierres précieuses» (opération Challe déclenchée à la fin de l'été 1959 en wilaya 2) était la plus rude. Le danger planait partout. Il fallait déjouer les attaques de l'ennemi, et faire preuve d'ingéniosité et aussi de témérité pour aménager des caches sûres afin d'abriter en priorité ses malades et ses blessés.
Sauf Didouche Mourad, Il avait connu et côtoyé, plus ou moins de près, tous les chefs de la zone nord-constantinois devenue wilaya 2 : Zighoud Youssef «Sidi Ahmed», Abdallah (Lakhdar) Bentobal, Ali Kafi et Salah Boubnider «Saout El-Arab». Les moudjahidine avec lesquels il s'était particulièrement lié d'amitié, et qu'il évoquait le plus, étaient Hocine Rouibah membre du comité de la wilaya, tombé au champ d'honneur en 1960 ( ancien de l'O.S., détenu politique durant les tout premiers mois qui suivirent le 1ier novembre, il a été libéré en même temps que son compagnon et ami Abane Ramdane, pour rejoindre aussitôt l'ALN chacun de son côté), et Bachir Bennacer dit «Bachir Essoufi» (ex étudiant en pharmacie, gréviste en 1956) membre du comité de la mintaka 5, tombé au champ d'honneur en 1961.
Le logement n°15 de l'impasse Mouclier, avenue Bienfait, mérite une mention spéciale. De cette seule maison, une dizaine de personnes, y habitant, avait rejoint, ou visité plus ou moins longuement, le maquis : les premiers qui avaient renforcé les rangs de l'ALN en novembre 1955 dans tout le quartier Bienfait, étaient incontestablement les frères Kitouni, Abdelmalek et El-Mekki, (les deux tombés au champ d'honneur) ; ils ont été suivis par Hamrouchi El-Hamel dit «Azzouz», le 04 Avril 1956 (décédé le 13 juillet 2008) ; ensuite, en 1958, c'était le tour de Abbas Mahmoud (décédé en 1998), de Hamoui Zineb (décédée en février 2001), et du frère cadet de Azzouz, d'être incorporés dans l'ALN. Quant à l'épouse de si Abdelmalek Kitouni, Mma Hadjira (que Dieu la garde), elle effectuait du vivant de son mari des séjours plus ou moins longs au maquis, accompagnée le plus souvent de sa fille Malika ou de son fils Hosni. Il en était de même de feue Z'hor, la femme de si El-Mekki Kitouni.
A la veille de l'indépendance, si Azzouz était donc responsable de la santé au niveau de la mintaka 1, wilaya 2. Lorsqu'on lui apprit quelques années plus tard que l'un de ses anciens adjoints, qui était sous ses ordres en qualité de responsable de la santé au niveau d'une nahia, avait usurpé son poste en se faisant signer par des responsables complaisants une reconnaissance comme étant le premier chef de la santé de la mintaka 1, à ses lieu et place, il réagit ainsi :«laissez faire... il aura plus besoin que moi de ce papier pour sa carrière» ; et il n'en avait plus reparlé !.
Quant à son frère cadet, il poursuivit son aventure militante à Constantine avec son oncle «Si Ali», avant de rejoindre le maquis. Après quelques années passées à la zone 3 (mintaka 3, w2), sous les ordres de Si Abdelmadjid Kahlerras et de si Brahim Chaïbout, avec si Lakhdar Ouzzani, il termina son parcours au sein de l'ALN comme membre du comité de la nahia 1, Mintaka 5, chargé des renseignements et liaisons, (avec Kaddour Boumeddous, chef politico-militaire et Mohamed Rouibah dit «Belmerkhi», responsable politique).
Les deux frères ne pouvaient s'empêcher d'avoir une pieuse et affectueuse pensée pour leurs cousins Hamrouchi Mohamed (zone 2), Hamrouchi Rachid dit «Rachid triciti» (zone 3), Boumaza Slimane (zone 5) et son frère Boumaza Mohamed Tahar (zone 2), tous tombés au Champ d'honneur.
En guise d'épilogue, il est intéressant de signaler que nos deux moudjahidine , après le 5 juillet 1962, n'avaient pour toute «fortune» que 200.000 Fr. (anciens) pour l'un, et 100.000 Fr. pour l'autre, sommes remises sur décision du colonel «Saout-El-Arab», en fonction du grade de chacun. En effet, le magasin de Souk El Asser avait été vendu en 1959 avec toute la marchandise qu'il contenait, par nécessité car il fallait des ressources à la famille pour vivre. En tout cas, au cours des années 1961-62, cette famille ne subsistait que grâce au maigre salaire du troisième frère âgé de 19 ans, apprenti mécanicien, et grâce aussi à l'aide d'âmes charitables.
Les frères Hamrouchi (l'un était lieutenant, et l'autre aspirant), répugnèrent à tirer profit de leur statut de responsables. Alors que beaucoup s'accaparaient de logements laissés vacants dans les conditions que chacun sait, eux préférèrent réintégrer le logement familial du 15 impasse Mouclier, pourtant dans un état de délabrement avancé, faute de maintenance. Le seul butin de guerre ramené du maquis par Si Azzouz, incorrigible ami des bêtes, était un cheval et un chien loup appelé «Rex», ayant appartenu aux militaires français, qu'il avait réussi à dresser.
Ces deux responsables durant la guerre de libération, avaient été nommés, avant la fin de la semaine de juillet 1962, par le commandement de la wilaya, respectivement dans le poste de directeur de l'hôpital de Mila pour Si Azzouz, et commissaire de police chef de la brigade de police judiciaire de Constantine pour son frère.
Après le 25 juillet, conséquence des bouleversements politiques qui secouèrent le pays, de nouveaux décideurs firent leur apparition et prirent les rênes du pouvoir localement : entre autres mesures qu'ils commirent, ils démirent les deux Hamrouchi de leur fonction, chacun dans des circonstances qui lui étaient propres.
Ainsi ces deux ex membres de l'ALN inaugurèrent leur vie civile dans l'Algérie indépendante par un chômage forcé.
Azzouz en fut profondément choqué et son enthousiasme brisé. Depuis, il mènera une vie de repli sur soi, n'acceptant que des postes subalternes pour avoir seulement un salaire. Parallèlement, Il s'investira totalement dans le travail d'une petite parcelle de terre accidentée, y pratiquant par intermittences l'élevage de quelques moutons ou vaches, ou bien l'aviculture, mais sans jamais réaliser de bénéfices, bien au contraire. En effet, ce n'était pas l'appât du gain qui le faisait «courir», mais tout simplement il vi vait cela en dilettante, pour le plaisir de satisfaire à sa passion des bêtes et de la nature, passion qui ne l'avait jamais quitté depuis l'enfance et qui constituait pour lui désormais un véritable refuge.
Ne pouvant se résigner d'être loin de ses «amis» lorsqu'il rentrait chez lui, il aménagea dans la maison familiale même une véritable ménagerie où l'on remarquait une chèvre, une gazelle, des lapins, un poulailler, des canaris, deux rossignols, un paon et même deux perroquets avec lesquels il dialoguait tout en les faisant danser, en plus d'un aquarium contenant des poissons de différentes couleurs ; c'est une partie de cette faune que découvrit Si Abdallah Bentobal avec stupéfaction lorsqu'il rendit une visite fraternelle à Si Azzouz, accompagné de deux moudjahidine de la première heure, àmmi Rabah Bouchelaghem et Driss Benyezzar.
Il revisitait aussi de temps à autre, avec un ami aussi amateur, Djebel El Ouahch au printemps, lieu où il fit ses premiers pas au maquis, cette fois pour y passer seulement une nuit dans l'unique but d'enregistrer le chant du rossignol juste avant le lever du jour !
* Ancien officier de l'ALN
Wali à la retraite


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