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La problématique identitaire au cœur de son histoire
La France ou la politique de la différence
Publié dans El Watan le 29 - 01 - 2006

La France a mal, elle a mal de son histoire, de son passé et les gouvernants ne savent plus comment gérer l'héritage si lourd et si complexe, que leur ont laissé leurs aînés. Un lourd bilan pour cette année 2005 : des banlieues sinistrées, des voitures calcinées, des magasins dévastés et des jeunes emprisonnés et surtout une jeunesse délaissée.
Depuis, politiques et médias, toutes tendances et obédiences confondues, découvrent, dissèquent, dénoncent et traduisent ce mal. Les mots intégration, Islam, beur, Maghrébin, voile, intégrisme, tournantes, communauté sont prononcés. A lire nos confrères français, il s'agit de comprendre le comportement d'une certaine population et d'analyser son degré d'insertion dans la société française ! De qui parle-t-on ainsi ? Qui constitue cette population pour susciter autant de débats et de vraie ou fausse passion ? Cette population est tout un mélange de personnes et de familles, qui, issues de l'émigration africaine (pour la plupart), se sont installées en France et ont été parquées dans des cités de transit et des HLM où elles se sont regroupées dans des zones dites « sensibles ». Mais après tant d'années d'oubli, de manipulation, de politique de façade et de pseudo actions humaines, on en vient par obligation politique et par contraintes sociales à repenser toutes ces stratégies, pour ne pas sombrer dans un marasme économique plus destructeur. Voilà pourquoi des politiques ont cru bon de brandir la baguette magique en criant : « J'ai la solution ! » Le plus médiatisé d'entre tous est sans conteste le président de l'UMP (Droite), Nicolas Sarkozy, actuel ministre de l'Intérieur, célèbre avec sa politique de discrimination positive La forme de cette action est certes louable, mais si elle nous contente, qu'en est-il du fond ? La curiosité nous amène à prendre le bon vieux dictionnaire (Petit Larousse Illustré éd 1987) pour connaître la signification des mots discrimination et positive.
Discrimination : action d'établir une différence et d'exclure par une ségrégation.
Positive : rationnelle, profitable. Sans être agrégé en lettres, sans être polytechnicien ou normalien, il y apparaît dans ces définitions un antinomisme flagrant. Ce qui fait dire à Blandine Kriegel, président du Haut conseil à l'intégration, « le pire serait que sur la base de la crise actuelle (...) la tentation d'en finir avec la promesse républicaine de l'égalité des droits et des chances prévaut au profit de la discrimination positive et des stratégies ethniques et communautaristes. » (1) En effet, la question est de savoir comment aider ces exclus, cette minorité incomprise, différente par sa religion, par sa culture, par son histoire sans sectarisme. Mais si de telles institutions étatiques se positionnent face à cette nouvelle crise identitaire, qu'en est-il de certains acteurs de cette minorité, comment réagissent-ils ? En février 2004 est créé le Club du XXIe siècle constitué d'environ 200 membres « de haut niveau » et « de toutes origines », dont le président est Hakim El Karoui, un normalien de 34 ans et ancienne « plume » de Jean-Pierre Raffarin. Aujourd'hui conseiller du ministre de l'Economie, Thierry Breton, usant d'un carnet d'adresse étoffé dans lequel y sont inscrits tous les décideurs du pays, il explique souhaiter monter « un fonds d'investissement » pour aider de jeunes entrepreneurs dans les « quartiers difficiles ». Plus terre à terre et directe est l'action très médiatisée de l'humoriste Djamel Debbouz, qui, avec le chanteur Joey Star et le footballeur Lilian Thuram, ont sensibilisé les jeunes afin qu'ils se prennent en charge et s'inscrivent aux bureaux de vote. Plus qu'une réaction, cet appel a suscité un engouement sans précédent dans certaines villes, surtout celles touchées par les événements, où les inscriptions ont battu des records, ce réveil citoyen se traduit par les paroles prononcées par le ministre de l'Intérieur et subtilement transformées par ce jeune vu aux informations françaises : « On va tous s'inscrire pour voter, et nous allons nettoyer la politique au karcher. » Et justement, c'est pour ne plus snober la loi des urnes, se positionner et manifester sa présence qu'a été créé le 26 novembre le Conseil représentatif des associations des Noirs de France (CRAN) ; parmi ses membres, on peut compter, Basile Boli, Manu Dibango et Fodé Sylla. Un conseil qui provoque des remous, car si certains y voient la naissance d'un mouvement représentatif des Noirs de France qui pourrait avoir plus de poids politique, d'autres au contraire, craignent un nouveau lobby racial qui ne ferait que valider un communautarisme rejeté par la majorité. Beaucoup plus pragmatique, Azzouz Beggag, ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, a, pour projet, le lancement d'une opération « Objectif stages » en s'efforçant de jumeler les collèges des ZEP à plusieurs entreprises. A Mantes, sur 2000 collégiens susceptibles de faire un stage, 150 n'en trouvent pas, victimes de discriminations. « Il ne faut plus, comme je l'ai vu ici, qu'une jeune fille de 15 ans se voie refuser 25 demandes de stage, parce qu'elle est basanée ou que la consonance de son nom n'est pas d'ici », a lancé le ministre. « Il ne faut plus que celui qui veut faire de la mécanique en soit réduit à faire la vaisselle dans un chich-kebab », a-t-il ajouté. Revenant sur la loi de février, il dira que pour lui c'est une blessure, confirmant : « Ce n'est pas au Parlement de faire l'histoire. »(2) L'histoire Aïssa Dermouche en fera partie, bien malgré lui, en devenant le premier préfet musulman. Pour rappel, le 20 novembre 2003, le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, avait annoncé la nomination dans les mois à venir, d'un préfet musulman, Aïssa Dermouche. Ce Kabyle né en 1947, docteur en sciences de l'information et diplômé d'études appliquées. Son travail lui vaut en 1996, la légion d'honneur puis l'Ordre national du mérite. Il devient membre du Siècle, cercle de réflexion réunissant le gratin des décideurs économiques, chefs d'entreprises et hommes politiques. Et même si l'homme n'a jamais mis en avant ses origines, il est, depuis, la fierté de la communauté kabyle. Pour Stephane Arrami, fondateur du site Internet kabyl.com : « Cette nomination devrait influencer dans le bon sens les personnes de la même origine qui ressentent depuis toujours une frustration et un sentiment d'injustice. » (3) Mais pour N. Sarkozy, quel que soit le parcours de A. Dermouche, il reste un préfet issu d'une communauté définie par sa culture et démarquée par sa religion, et il est bien loin d'être le seul à penser de la sorte. Comme le dénonce ouvertement Yazid Sabeg : « Mes enfants sont éduqués dans les meilleures écoles de Paris, et on leur dit encore aujourd'hui ‘'retourne dans ton pays''. C'est inacceptable ! » Ce fils d'un docker algérien, qui préside le conseil d'administration de CS Communication et Systèmes, une entreprise de 4000 employés. A. Dermouche, il y a 3 ans, a créé la Commission laïque pour l'égalité « la clé » pour, dit-il, « les oubliés de l'égalité des chances » précisant : « Je ne suis pas une agence de relations publiques ou de placements. » Son objectif est simple : l'accès des minorités aux grandes écoles comme l'ENA (4). Cette préoccupation est confirmée par le résultat de cette récente étude de la Conférence des grandes écoles, les écoles d'ingénieurs comptent presque deux tiers d'étudiants provenant de familles de cadres supérieurs ou de professions libérales et 13% seulement de fils d'ouvriers et d'employés (5). C'est pour ce motif que le 17 janvier 2005, une charte avait été signée par les ministres, François Fillon, ministre de l'Education, Jean Louis Borloo, ministre de l'Emploi et de la Cohésion sociale et Nelly Olin ministre déléguée à l'Intégration et l'Egalité des chances. Le principe de cette charte est la mise en œuvre d'un partenariat entre les établissements supérieurs, lycées et collèges de quartiers défavorisés, le but étant de remédier aux blocages et autocensures pour ces élèves qui n'envisageaient même pas de telles études. « Cette charte marque le refus du fatalisme social, mais aussi de blocages qui conduisent des jeunes à se détourner de filières, parce qu'ils considèrent qu'elles ne sont pas pour eux », a déclaré François Fillon (6). Que faut-il décoder ? Que l'injustice sociale est telle qu'il faille une charte pour que de jeunes Français, issus de milieux modestes, (il n'est alors plus question d'origines) puissent accéder aux hautes études ?
Impuissance des médias
Il est évident que l'héritage de Jules Ferry et de l'école publique est bien loin, et même la création d'un ministère chargé de l'Intégration et de l'Egalité des chances au pays des droits de l'homme paraît ubuesque, et pourtant le besoin s'en fait ressentir de plus en plus, comme le prouve le combat que mène Amirouche Laïdi, président du club Avorré, association de professionnels, qui milite pour une apparition plus fréquente des minorités sur les écrans. Il dénonce ouvertement, lors d'une réunion en novembre 2005, à l'Elysée en présence du chef de l'Etat et des patrons des médias : « La diversité n'est pas encore de mise sur les télévisions hexagonales... Désormais, il faut agir, il y a urgence ! » Plus que la diversité qui est en danger, c'est l'impuissance des médias à comprendre une frange de la population qui fait désormais partie de la société française, comme nous le démontre si bien le piège médiatique dans lequel est tombé le mouvement des femmes des banlieues : Ni putes ni soumises. Conseillère municipale socialiste depuis 2001 à Clermont Ferrand, Fadéla Amara est depuis 2000 à la tête de la Fédération nationale des maisons des pots (FNMP), collectif d'associations de quartier unifiées sous l'égide de SOS Racisme, lui-même très proche du parti socialiste, sa priorité est la condition des femmes. En 2002, elle lance l'appel intitulé Ni putes ni soumises, puis la marche des femmes des quartiers pour l'égalité et contre le ghetto (début 2003). Mais, précise Ingrid Renaudin, membre de NPNS : « Les médias nous ont utilisés... » Une seule partie du combat transparaissait : « Les petites meufs des cités qui se rebellent. Or, on dénonçait aussi un système, dont hommes et femmes sont victimes, pas seulement les filles des quartiers. » Les NPNS ont raison de dénoncer les violences dans les cités, puisqu'il y en a, mais le problème réside dans la façon dont la société française reçoit cette dénonciation. La figure médiatique classique, c'était un jeune Arabe délinquant. Désormais, c'est un jeune Arabe délinquant et violeur. Politologue à Lyon, Hichem Lehmici confirmera : « Ce mouvement a permis aux acteurs politiques d'opérer un retournement de vision et de discours. De victimes, les habitants des cités deviennent des accusés, pour le plus grand bien des décideurs qui ont laissé la situation sociale se dégrader. J'y vois la reprise d'un discours profondément colonial où le colonisé doit prouver son appartenance à la civilisation. NPNS a allumé des contre-feux détournant l'attention, notamment médiatique, sur des faits terribles qui ne sont malheureusement pas propres aux cités. » (7) C'est ainsi qu'à la suite du décès de deux jeunes des cités, lors des événements d'octobre, le chef du gouvernement, Dominique de Villepin, reçoit les parents maghrébins des deux victimes, mais aussi un imam. Beaucoup se poseront alors la question : quelle est la raison d'un tel traitement, alors que la France se vante de sa laïcité ? Comment ne pas interpréter ces faits de la manière suivante : la totalité des jeunes des banlieues est de confession musulmane, tout comme les responsables des tournantes et leurs victimes qui sont toutes musulmanes. On se souvient, qu'en février 2003, sous la houlette du ministre de l'Intérieur, N. Sarkozy, et avec les félicitations de J-P Raffarin, alors chef de gouvernement, a été créé le Conseil français du culte musulman (CFCM). A ce sujet, l'analyse de Hakim El Ghissassi, journaliste, qui dirige le site Internet www.sezame.info et qui est aussi fondateur du magazine La Medina, est assez pertinente : « On a enfin en France une organisation à laquelle on peut se référer pour les questions touchant les lieux de culte musulman (1000 mosquées sur 1300 participent au CFCM)... On peut distinguer les lieux de culte se référant à un ‘'Islam traditionnel'' (Mosquée de Paris, quelques associations représentées par la FNMF) ; ceux se référant à un ‘'Islam sub-saharien'' (foyers de travailleurs) ; enfin ceux se référant à un ‘'Islam militant'' (UOIF et quelques associations de la FNMF). » Selon leur sensibilité, les mosquées vont adhérer à telle ou telle tendance. De plus en plus, les musulmans veulent couper le lien avec leur pays d'origine. Leur connaissance de la laïcité s'accroît. A l'autre bout, on assiste à la constitution d'une « intelligentsia » musulmane, à l'extérieur du champ religieux, composé d'universitaires, de chercheurs, d'intellectuels, qui contribueront à la « banalisation » de l'Islam en France. Ainsi, Chouaïb Choukri, aumônier musulman en Alsace, vient-il d'être décoré par le ministère de la Justice pour son action bénévole menée depuis près de 20 ans.
(A suivre)
Sources :
1) Blandine Kriegel ; Le Haut Conseil à l'intégration rejette la discrimination positive : Le Monde 26 novembre 2005.
2) Extrait de « VousNousIls » du 25 novembre 2005 : Azouz Beggag veut des jumelages entreprises-collèges pour « objectif stages ».
3) Stéphane Arrami - Arnold Sènou : http://www.afrik.com/ du 14 janvier 2004
4) Le club et Zabeg.
5) Nouvel Obs du 3 janvier 2006
6) Fillon - Démocratisation - Les grandes écoles jouent l'ouverture, Le bouche à oreille fonctionne, Caroline Beyer 24 janvier 2005.
7) Ni putes ni soumises : Une arme à double tranchant http://www.afrik.com/23 février 2005.


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