L'été s'annonce difficile pour les éboueurs de la commune d'Oran. Les camions de collecte tombent en panne l'un après l'autre. Le service de maintenance de la Division de l'hygiène et de l'assainissement (DHA), en dépit de l'absence de pièces de rechange, tente tout depuis des mois pour maintenir l'essentiel de son parc opérationnel. Toutes les astuces, systèmes D et autres bricolages pour remplacer telle ou telle pièce, ne suffisent plus. Deux nouveaux camions sont tombés en panne avant-hier. Sur 53 bennes tasseuses de la DHA, seules 20 sont actuellement en marche. Alors que le marché relatif à l'acquisition de pièces de rechange peut prendre encore plusieurs semaines avant d'être adopté, le moral des agents d'hygiène est au plus bas. Sans moyens matériels pour travailler, la volonté ne peut à elle seule suffire, estiment-ils. Les 20 bennes tasseuses en service assurent difficilement les quelque 43 services de collecte. Le tonnage des ordures ramassées quotidiennement varie entre 350 et 450 tonnes/jour. Vu la faiblesse actuelle des moyens de collecte, les 20 bennes tasseuses en service sont dans l'obligation d'assurer trois rotations/jour chacune. 17 unités sont mobilisés le matin, 17 le soir, et 3 à 4 unités pour les retouches. Selon le docteur Brekci, délégué de la DHA, Oran produit quotidiennement près de 900 tonnes de déchets ménagers en période basse. En été, ce volume double carrément pour friser les 2.000 tonnes. Pour espérer assurer une collecte convenable de ces déchets, il faut disposer de 60 à 70 bennes tasseuses opérationnelles, d'au moins 12 m3 chacune. Or, la DHA dispose aujourd'hui de 53 bennes tasseuses, dont 20 seulement sont en ce moment opérationnelles, le reste étant immobilisé pour réparation. Aux moyens de la DHA, il faut ajouter aussi ceux de la wilaya, qui intervient à son tour par le biais de l'EPIC Oran Propreté qui dispose d'une quinzaine de bennes tasseuses. Sachant qu'une benne tasseuse collecte en moyenne 3 à 5 tonnes jour, il est évident qu'on est dans une situation de déficit en matière de moyens de collecte. A titre d'illustration, la ville de Bordeaux, qui est jumelée à la commune d'Oran, dispose de pas moins de 180 bennes tasseuses pour seulement 400.000 habitants. Pour les communaux d'Oran ayant séjourné à Bordeaux dans le cadre des échanges entre les deux villes, si la collecte des ordures ménagères est parfaitement maîtrisée par la ville française, c'est en grande partie grâce aux moyens dont elle dispose. Mais pour le Dr Brekci, il serait erroné de dire que la question de la collecte des déchets ménagers dépend uniquement des moyens. Il y a trois autres axes qui ont une importance capitale dans ce domaine. Le premier point, et il est primordial, a trait à l'agent d'hygiène. Cet agent doit exercer son métier en disposant d'un minimum de moyens de protection : des gants, une casquette contre le soleil et la pluie, une combinaison décente et des chaussures adaptées. Si on veut améliorer le rendement, il est impératif de valoriser d'abord cette activité. Il faudrait aussi impliquer davantage le citoyen dans cet effort, aussi bien par la sensibilisation et la communication que par les mesures de contrôle et la sanction. Mais le plus gros effort à faire reste indéniablement lié à la nécessité de réorganiser les moyens humains et matériels de l'APC. Cela passe par une meilleure coordination des moyens de la DHA, des secteurs urbains et de l'EPIC de wilaya Oran Propreté, qui a à sa charge deux secteurs urbains de la ville, à savoir Es-Seddikia et El-Othmania. Les mots clés pour relever le défi de la collecte à Oran sont, selon le délégué de la DHA, une bonne flotte, une bonne gestion et un bon service de maintenance. Dans le cadre des projets de l'année en cours, la DHA, ajoute le Dr Brekci, prévoit l'acquisition de 10 nouvelles bennes tasseuses, 5 dans le cadre du budget primitif (BP) et 5 autres dans le cadre du budget supplémentaire (BS). Six autres bennes tasseuses devraient par ailleurs renforcer la flotte de la commune grâce à un contrat du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales avec la SNVI. La commune prévoit également, avant la fin de cette année, l'acquisition de 5.000 bacs à ordure, a-t-il conclu.
