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Réinventer la théorie économique
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 17 - 09 - 2009

Des modèles économiques déficients sont en grande partie responsables de l'incapacité généralisée des économistes à prédire la crise financière qui a éclaté en 2008. L'absence de modèles fiables signifie que les décideurs économiques et les banquiers centraux n'ont pas été avertis de la tourmente imminente.
Comme George Akerlof et moi-même l'avancions dans notre dernier ouvrage, Animal Spirits, la crise financière actuelle a été créée par des bulles spéculatives sur le marché de l'immobilier, les marchés boursiers, de l'énergie et autres marchés des produits de base. Les bulles sont causées par des réactions en boucle : la hausse des prix spéculatifs encourage l'optimisme qui à son tour encourage l'achat, qui induit une nouvelle hausse des prix – et ainsi de suite jusqu'au krach.
Mais le mot « bulle » n'apparaît pas dans la plupart des traités ou manuels économiques. De même, une recherche sur les documents de travail produits par les banques centrales et les départements gouvernementaux d'économie ces dernières années ne produit que peu de référence aux « bulles ». En fait, l'idée même de bulles spéculatives est devenue si suspecte au sein de la profession économique et financière que l'évoquer lors d'un séminaire revient à évoquer l'astrologie devant un groupe d'astronomes.
Le problème fondamental est qu'une génération entière de théoriciens orthodoxes de la macroéconomie en sont venus à accepter une théorie qui est fausse dans son essence : la théorie qui voudrait que les individus soient tout à fait rationnels. Et comme l'a démontré le statisticien Leonard « Jimmy » Savage en 1954, si les individus adoptent certains axiomes de rationalité, ils doivent se conduire comme s'ils connaissent toutes les probabilités et effectuent tous les calculs nécessaires.
Les économistes ont donc accepté le postulat selon lequel les individus utilisent toutes les informations disponibles et connaissent, ou se comportent comme s'ils connaissaient, les probabilités des événements futurs possibles. Ils ne sont pas influencés par autre chose que des faits, et les probabilités sont considérées comme des faits. Elles sont mises à jour au fur et à mesure de l'apparition de nouvelles informations et donc tout changement de comportement d'un individu doit être attribué à une réponse rationnelle à des informations véritablement nouvelles. Et si les acteurs économiques sont toujours rationnels, alors l'existence de bulles – des réactions irrationnelles aux forces du marché – est impossible.
Mais de nombreuses preuves existent au plan psychologique pour démontrer que les individus ne se conforment pas aux axiomes de rationalité de Savage. Ce point précis est au cœur de la révolution qui a saisi l'économie comportementale au cours de la dernière décennie.
En fait, les individus ne savent presque jamais quelles sont les probabilités d'événements économiques futurs. Ils vivent dans un monde où les décisions économiques sont fatalement ambiguës, parce que l'avenir ne semble pas être une simple répétition d'un passé quantifiable. Et dans la perception de la majorité des individus, il semble toujours que « cette fois-ci, c'est différent ».
Le travail des neuroscientifiques Scott Huettel et Michael Platt de l'université Duke ont montré, en utilisant l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, que « le processus décisionnaire dans des conditions d'ambiguïté ne représente pas un cas spécial, plus complexe, des prises de décisions à risque ; au contraire, chacune de ces formes d'incertitude est traitée par des mécanismes distincts ». En d'autres termes, des parties du cerveau et des processus émotionnels différents sont impliqués dans un contexte ambigu. L'économiste mathématicien Donald J. Brown et la psychologiste Laurie R. Santos, de Yale, font aujourd'hui des expériences avec des sujets humains pour tenter de comprendre comment la tolérance humaine pour l'ambiguïté dans les prises de décision économiques varie dans le temps. Leur théorie est que « les marchés haussiers sont caractérisés par une recherche de conditions ambiguës et les marchés baissiers par un comportement d'évitement de l'ambiguïté ». Ces comportements sont liés à une modification du rapport à la confiance, un phénomène que nous commençons tout juste à comprendre.
L'approche théorique purement rationnelle reste sans aucun doute utile dans certains cas. Elle peut être prudemment appliquée dans des domaines où les conséquences d'un manquement à l'axiome de Savage ne sont pas trop graves. Les économistes ont aussi pu à juste titre l'appliquer à une série de questions microéconomiques, comme la raison pour laquelle les monopoles fixent des prix plus élevés. Mais cette théorie a été étendue à un trop grand nombre de domaines. Par exemple, le « Modèle d'équilibre général dynamique et stochastique de la zone euro » développé par Frank Smets de la Banque centrale européenne et Raf Wouters de la Banque nationale de Belgique donne une liste précise des chocs externes qui sont supposés faire avancer l'économie. Mais il n'existe aucune modélisation des bulles économiques : l'économie est simplement censée absorber ces chocs externes de manière complètement rationnelle.
Milton Friedman (co-auteur et mentor de Savage) et Anna J. Schwarz, dans leur ouvrage Une histoire monétaire des Etats-Unis, publié en 1963, ont montré que les anomalies de la politique monétaire – un exemple type d'un choc externe – avaient été un facteur déterminant de la Grande Dépression des années 1930. Des économistes comme Barry Eichengreen, Jeffrey Sachs et Ben Bernanke ont contribué à nous faire comprendre que ces anomalies étaient liées à la volonté de certaines banques centrales de s'en tenir à l'étalon-or, les amenant de ce fait à maintenir des taux d'intérêt relativement élevés malgré la faiblesse de la conjoncture économique. Pour certains, cette révélation a représenté un point culminant de la théorie économique. La pire crise économique du XXe siècle était enfin expliquée – et une manière de la corriger était suggérée – mais par une théorie qui ne tient pas compte des bulles spéculatives.
Et pourtant, des événements comme la Grande Dépression, et la crise actuelle, ne seront jamais pleinement compris sans comprendre les bulles. Le fait que des erreurs de politique monétaire aient largement contribué à la Grande Dépression ne signifie pas pour autant que nous comprenions cette crise ou que d'autres crises (y compris la crise actuelle) aient les mêmes causes.
En fait, l'incapacité des modèles avancés par les économistes à prédire la crise actuelle marquera le début de leur révision, au fur et à mesure que les économistes reverront leurs recherches à la lumière des travaux de scientifiques d'autres branches. Ce n'est qu'alors que les autorités monétaires auront une meilleure compréhension du moment et de la manière dont les bulles peuvent faire dérailler l'économie et de ce qui peut être fait pour l'empêcher.
Traduit de l'anglais par Julia Gallin
*Enseigne l'économie à l'Université de Yale et est économiste en chef de MacroMarkets LLC


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