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Le Prix Nobel d'économie 2009 : deux lauréats et des questions
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 15 - 10 - 2009

Oliver Eaton Williamson a passé le gros de sa vie professionnelle à formuler d'abord et à porter ensuite, à bras le corps, une théorie qui est devenue l'une des plus célèbres de notre époque: la théorie des coûts de transaction.
Il n'est pratiquement pas possible de nos jours de parler de management ou d'économie sans faire appel, à un moment ou à un autre, à cette théorie à travers certains de ses concepts tels la défaillance du marché, la spécificité des actifs, l'opportunisme des agents, la hiérarchie, l'internalisation, …
Au début il y eut Ronald H. Coase
Mais si Williamson a eu le mérite – que nul ne conteste d'ailleurs – d'avoir formulé cette théorie, il n'en demeure pas moins toute fois que cette théorie n'est pas la sienne. En effet, c'est Ronald H. Coase qui, notamment dans un célèbre article intitulé «The nature of the firm» (1937), jeta les bases de cette théorie.
Après s'être posé la question de savoir pourquoi les entreprises existent-elles du moment qu'existe le marché, R.H. Coase arrive à la conclusion que le recours au mécanisme des prix (c'est-à-dire au marché) à un coût, et le coût du marché est assez élevé pour justifier l'apparition des entreprises dont l'objectif est justement de minimiser ce coût. De ce point de vue, insiste Coase, il y aurait donc défaillance du marché. Cette analyse fort pertinente - et qui invalide l'hypothèse néoclassique de la gratuité de l'information – sera reprise, renforcée et magistralement formulée par Williamson, ce qui fera d'elle l'une des théories les plus en vogue de notre ère et fit de Coase le prix Nobel d'économie en 1991 pour « la découverte et la clarification du rôle des coûts de transaction et des droits de propriété dans la structure institutionnelle et le fonctionnement de l'économie».
Williamson a d'abord cherché à opérationnaliser le concept de coût de transaction (il fera appel pour cela à des notions fondamentales comme la spécificité des actifs et l'incertitude). Ensuite, abordant la fameuse question de la frontière de l'entreprise (une question récurrente depuis la crise des années 1970) il essaie de comprendre pourquoi il y a des entreprises à côté du marché ou, si l'on veut, comment se fait la répartition des transactions entre les entreprises et le marché. Le tout, semble-t-il dire, c'est de savoir s'il faut «faire ou faire faire» (to do or to buy)
Malgré son apport et sa participation à la généralisation de l'analyse, Williamson ne fut pas récompensé avec Coase. Ironie du sort? Injustice ? Peut-être ! En tout cas cela ne l'empêcha pas de continuer à travailler sur la théorie des coûts de transaction et d'y faire des apports considérables depuis un peu plus de trente ans.
Sur le plan conceptuel, et à notre avis, les apports les plus remarqués de Williamson concernent «l'opportunisme» et la forme d'organisation «hybride».
De l'opportunisme et de la forme hybride
Le concept d'opportunisme a été introduit par Williamson pour caractériser les transactions qui ont lieu aussi bien entre les entreprises qu'entre les entreprises et les individus ou entre les individus eux-mêmes.
Williamson fait appel à ce concept, aujourd'hui fondamental dans la théorie des coûts de transactions, pour expliquer le comportement
Pour Williamson, l'opportunisme est le comportement par lequel, en se basant sur la malhonnêteté et le manque de franchise, une partie (un individu ou une entreprise) cherche à réaliser, voire maximiser, ses gains individuels dans les transactions. Cette hypothèse comportementale constitue à la fois le «paradigme Williamsonnien» et la base même de la théorie des coûts de transaction car elle lui donne tout son sens.
Parce que constituant «une représentation extrême du comportement humain», le concept d'opportunisme a fait couler beaucoup d'encre provoquant une grande levée de boucliers de la part des chercheurs qui lui opposent la notion de «confiance» considérée, dans une grande partie des travaux actuels en management, en économie, en psychologie et en sociologie, comme un levier important de motivation et d'efficience stratégique, mais comme retirer l'opportunisme à la théorie des coûts de transaction revient à l'invalider, Williamson– tout aussi bien que les défenseurs de cette théorie – se refusent à admettre les arguments relatifs à la confiance et tentent, à chaque fois, de démontrer que la confiance est toujours «calculée».
Lors de l'analyse de la répartition des transactions entre le marché et l'entreprise (la hiérarchie comme il l'appelle ainsi que Coase), Williamson, et à côté des deux formes d'organisation existantes (le marché et la hiérarchie) constate l'existence d'une troisième forme qu'il appelle la forme hybride qui tient des deux modes de gouvernances. Il s'agit de la concession, de la sous-traitance...
Cette notion aussi a connu au début des critiques de la part des chercheurs mais pas autant que celle de l'opportunisme. De nos jours elle semble mieux assise dans le concert des notions du management et de l'économie.
La première question
Généralement, on ne donne pas deux fois le prix Nobel pour la même chose, ce qui fit dire à certains que Williamson – très prolifique avec plus de 160 articles, et 14 ouvrages recensés en 2007– perd son temps à travailler sur une théorie pour laquelle un prix Nobel a déjà été attribué et pour laquelle il n'aura donc jamais de prix Nobel. Mais, et alors que R. Coase s'est carrément retiré dans sa résidence au sud de la France (né en 1910, il fêterait ses 100 ans le 29 décembre prochain), Williamson, tel un obsédé de la théorie des coûts de transactions, a continué à mener ses travaux et ses recherches dans le sillon de Coase.
La persistance de Williamson a fini par être payante et le Prix Nobel d'Economie 2009, qui lui a été attribué ces jours, récompense trois décennies de travail intense et d'apports extrêmement importants non seulement dans les domaines du management et de l'économie mais dans tous les domaines auxquels touche le néo institutionnalisme. En 2009, Williamson aurait donc pris sa revanche sur une injustice subie il y a exactement 18 ans lorsqu'il ne se vit pas attribuer le prix avec Coase. Toutefois, et bien que largement convaincus que Williamson mérite cette consécration, on ne peut s'empêcher de poser la question de savoir pourquoi le prix Nobel d'économie vient récompenser pour la deuxième fois (1991 et 2009) les mêmes travaux, ceux relatifs aux coûts de transaction?
La deuxième question
De son côté, Elinor Ostrom qui partage le prix Nobel d'économie 2009 avec Williamson est récompensée pour ses travaux portant la gestion des biens communs. En effet, et contrairement aux idées et aux théories existantes qui stipulent que la gestion des biens communs est souvent inefficace et qu'il faut donc soit laisser émerger la propriété individuelle (gestion privée) soit laisser l'Etat s'en occuper (gestion publique), Ostrom est arrivée à démontrer qu'il existe un troisième cadre institutionnelle à travers lequel on peut arriver à une gestion efficace et performante des biens collectifs. C'est pour l'ensemble de ses travaux qui « portent principalement sur la théorie de l'action collective et des biens publics (matériels ou immatériels) « (Wikipedia. org) et qui visent à démontrer la supériorité de la gestion collective sur la gestion privée ou par l'Etat qu'Elinor Ostrom vient d'être consacrée co-lauréate du Nobel d'économie 2009.
Si l'on rappelle que Ronald Coase, qui a été consacré lauréat par le comité Nobel en 1991, soutient plutôt la supériorité de la propriété privée sur les autres formes de propriétés collectives, et que cela signifie entre autres la supériorité de la gestion privée par rapport à la gestion collective, on est en droit alors de se poser la question comment se fait-il que, en l'espace de 18 ans, le Comité Nobel récompense des travaux, sinon contradictoires, du moins opposés?


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