«Time out Trio», groupe de jazz français, a fait vibrer, mardi dernier, le coeur de quelques mélomanes oranais lors d'une magnifique représentation au Conservatoire municipal Ahmed Wahby. Ce groupe de jazzmen, composé de trois musiciens, Géraldine Laurent, Laurent Bataille et Manuelle Marches, s'est produit à Oran à l'invitation du Centre culturel français. Pour cette fois, fait rare, avant d'entrer en scène, le groupe a permis à quelques artistes oranais, issus de l'association «Génération Oranaise», d'assurer l'avant-première du spectacle. Deux artistes algériens, Sanâa et Yacine, sont donc montés sur scène pour faire savourer à l'assistance présente deux morceaux de «slam». L'artiste pratiquant le «slam», contrairement à un quelconque chanteur de variétés, se contente simplement de déclamer ses textes, qui sont écrits sous forme poétique, et ne se contente, pour tout accompagnement, que d'une simple mélodie de fond. Pour ce jour-là, celle qui a assuré l'interprétation des textes est Sanâa», qui a été accompagnée à la guitare par Yacine. Les textes qu'ils ont interprétés dénotent déjà leur maturité, notamment en tant qu'artistes, mais aussi en tant que citoyens. Le premier morceau qu'ils ont déclamé a pour titre «Réflexion pesée», et se veut le portrait de la jeunesse algérienne, de ses déboires, de ses revendications et de sa façon de penser. Quant au second morceau, il s'intitule «Cruel est...» et parle, grosso modo, de l'état de détérioration de la planète par la seule responsabilité de l'homme. Ensuite, le spectacle a enfin commencé. Le trio de jazzmen a réussi à faire «planer» pendant plus d'une heure et demie un public enthousiaste et déjà «chauffé à blanc» par l'euphorie de la rue. Le groupe, composé d'une saxophoniste, d'un contrebassiste et d'un batteur, lui a proposé, autant que faire se peut, une relecture des standards de composition de jazz universels. Aussi, pendant cette heure et demie, les gens ont pu revisiter de fond en comble les grands classiques du répertoire jazz. La salle du conservatoire, malgré le tohu-bohu régnant dans les rues, était bondée. Ce spectacle a donc offert, comme l'a souligné le directeur du CCF, «une petite pause footballistique » pour accomplir un voyage à travers le temps et l'espace. Et redécouvrir, le temps de quelques mélodies, l'âge d'or du jazz noir américain. «Time out Trio» est un groupe qui a été créé en 2005. En 2006 déjà, c'est-à-dire un an à peine après sa création, il a gagné le concours de jazz à Juan. Et Géraldine Laurent, la saxophoniste, a reçu un »Django d'or» dans la catégorie «révélation». Un an plus tard, elle sort un premier album, avec le reste du trio. Dans l'académie du jazz et des victoires de la musique, cet album a été, à deux reprises, nommé dans la catégorie «meilleur disque français». D'un autre côté, Géraldine Laurent a reçu en 2008 une victoire du jazz dans la révélation instrumentale de l'année. Leur prestation de ce jeudi à Oran s'inscrira sans doute dans le registre des évènements marquants de leur carrière naissante.
