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Le football et le changement: Une nouvelle gouvernance pour «l'Algérie qui gagne» ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 26 - 11 - 2009

La victoire sur l'Egypte a déclenché un déferlement impressionnant. Un raz de marée, un tsunami que les gens du système ne comprennent pas ou font semblant de ne pas comprendre, mais qu'ils redoutent, tout en voulant l'exploiter sans vergogne.
Tout le monde s'interroge: pourquoi cet immense engouement et que peut-il révéler sur l'avenir de la République, que beaucoup, frileux en diable, avaient hâtivement précipitée aux oubliettes de l'histoire. Et pourtant, le peuple des jeunes est là, plus présent que jamais, plus virulent et exigeant qu'hier. Surtout conscient des enjeux réels, un temps occultés par un match de football qui a redonné à tout un peuple fierté et dignité ; et un élan patriotique dont on ne mesure pas encore toute la portée après des décennies de hogra et de barbarie.
Mais avec cela nous sommes côté cour et personne ne veut admettre la réalité de ce qui est caché, de ce qu'ils veulent cacher et travestir au peuple plus jamais dupe des simagrées d'un pouvoir à bout de souffle, voulant reprendre haleine, en puisant dans cet immense réservoir qui s'offre à lui ; et qu'il sait ne pas être dupe.
Un quart de siècle de déserts traversés
Cela fait près d'un quart de siècle, après le faste des années 82 et 86, que l'Algérie n'avait pas fait la fête. Puis notre pays a traversé, à partir d'octobre 88, les affres de la barbarie. Avec, cependant, les fulgurantes éclaircies dues, en sport, à Hassiba Boulmerka, Nourredine Morceli, Djaber, Hamed et Nouria Benida. Même si l'athlétisme n'a rien à voir, en terme d'audience et de charisme collectifs, avec le football.
Pour ce qui est du politique, nul ne fut dupe de la supercherie de l'après-octobre 88. Peu crurent aux faux-semblants de la libéralisation économique, politique et sociale. Maïs ils furent beaucoup à se laisser emporter par la vague d'unanimisme qui montait, via médias emportés par une euphorie qui fit tourner la tête à toute la mouvance démocratique. Penser que la société se libérait fut une tragique illusion. Au contraire, elle était de plus en plus ligotée, bâillonnée, interdite de manifester et de s'exprimer pour oser réclamer ses droits constitutionnellement établis. La parole des pauvres et des miséreux n'était plus portée par personne, pas même par ceux que l'on appelle «élus du peuple». La création littéraire, artistique et scientifique végétait à l'ombre de ministères tutélaires, plus prompts à organiser de grandes zerdas qu'à accepter que la liberté des justes s'exprimât.
La glaciation systémique et le dégel footballistique
Une pieuvre immense, que l'on nomme commodément système, enserre la société et tous les appareils politiques, syndicaux ou associatifs, et surtout économiques, dans une nasse de tentacules invisibles mais puissants, propres à décourager toutes les velléités ou tentatives de résistance ou de changement. Dans cette énorme opération d'embastillement social, politique et culturel qui dessert plus le système qu'elle ne le sert - parce que par définition les systèmes exècrent la liberté et l'intelligence - il est à craindre de voir ces bastilles où croupissent droits et libertés du peuple, exploser un jour au visage de ceux qui les construisent ou les contiennent, en se servant de mille et un expédients.
Etat d'urgence, répression policière, justice aux ordres, redressements intempestifs, islamisation planifiée de la société, non pour sa libération, mais essentiellement pour sa plus grande caporalisation, grâce à l'effet du sacré et au recul de la citoyenneté, dévitalisation et dévirilisation de la vie politique, sont les maîtres mots de la vaste entreprise de dépossession du peuple de sa souveraineté et, partant, de ses droits les plus élémentaires à espérer qu'un jour le changement advienne.
Et, sur cette lente mais inexorable glaciation systémique, s'abat l'éclair fulgurant de l'exploit de l'équipe nationale de football. Le «peuple jeune» et moins jeune, où la femme a réussi à imposer son espace - pour un temps, admis et respecté - envahit les rues et fait sauter, sans coup férir, les verrous d'un état d'urgence, plus alibi liberticide que rempart sécuritaire.
La joie gronde dans les rues bousculées et chavirées par un enthousiasme sans retenue. On dirait que les jeunes générations ont voulu faire plus fort, plus large et plus haut, que celles de l'indépendance, lorsque le peuple en joie, s'est réapproprié sa liberté pendant de folles journées de liesse.
Ils ont senti d'instinct que la patrie était «en danger» et qu'il était de leur devoir de voler à son secours ; alors foin des entraves de toutes sortes face à cet enthousiasme patriotique démesuré, plus fort et plus étendu que tout ce qui aurait pu lui être opposé.
Les politiques surfeurs
Le président de la République, qui fait partie de ces leaders du 21e siècle sachant surfer sur les événements, après s'être rendu compte que l'ère des Grands Timoniers était révolue, a su utiliser cette vague énorme qui a déferlé sur tout le pays dans ses coins les plus reculés.
Joël de Rosnay attentif aux nouveaux types de gouvernance écrit dans L'Homme symbiotique: «Le politicien-surfeur cherche à créer des événements qui fournissent l'énergie nécessaire à son propre mouvement. Comme le disait Henri Kissinger: «Il faut non seulement surfer sur la vague des événements mais créer celle sur laquelle on surfera».
Et cela, non seulement pour répondre à l'appel d'une jeunesse chauffée à blanc et frustrée de n'avoir pas eu de révolution à faire comme ses aînés, mais pour s'assurer les rênes d'un pouvoir que des «niches» du système avaient tendance à lui contester.
Quelles lectures faire ?
Quelle lecture faut-il faire de ces journées de crainte, d'angoisse et de joie partagées, pour une équipe nationale de football, nouvelle, jeune, dynamique et consciente de l'ampleur de ses responsabilités ; conscience encore plus aiguisée par les traquenards du Caire.
Une équipe qui va aller loin. Tout le monde s'en doute et le prédit, parce que conduite par un chef avisé, qui sait être prudent quand les circonstances l'exigent et conquérant lorsqu'il le faut. Pour l'essentiel, je retiens trois pistes de lecture possibles.
Un: C'est grâce au sport que l'unité patriotique s'est réalisée, alors que tous les hommes politiques s'y sont cassé les dents et ont blanchi sous le harnais, sans trouver de formule «magique» pour y parvenir. Et puis, l'ont-ils vraiment voulu ? Le peuple, faisant fi de tous les atermoiements déchirements et autres frilosités, a donné sa réponse: la bonne, celle ayant transcendé les clivages politiques, les bégaiements et hiatus de l'histoire.
Deux: C'est grâce au sport que le peuple s'est réapproprié l'espace de sa souveraineté. Même si cela tient plus du symbolique que du réel. Il lui a fallu près d'un demi-siècle pour bousculer tous les obstacles qui lui ont barré la route de la liberté et notamment la peur que le système lui a instillé comme un insidieux poison.
Trois: C'est grâce au sport que la voix du changement, que le système a voulu rendre inaudible, vient de se faire entendre avec une clarté sans pareille et une patriotique unanimité nationale, surprenante et indestructible. Un fleuve qui emportera tout sur son passage s'il venait à être vite oublié et méprisé, comme du temps de toutes les hogras qu'il a eu à supporter. Il est évident que cette victoire va avoir d'autres répercussions, notamment au plan économique, comme l'a mis en évidence El Kadi Ihsane, dans sa dernière chronique d'El Watan économie ; ou, sur le plan administratif et institutionnel, comme l'a si bien prédit le ministre de l'Intérieur, faisant allusion à «l'Algérie qui gagne» et à toutes les implications de ce que gagner veut dire en terme de changement.
Le changement: un dialogue constructif entre l'Algérie d'en bas et l'Algérie d'en haut
Le président de notre République l'a compris. Il a décrété, en un temps record, la mobilisation générale de tous les appareils étatiques autour de l'équipe nationale et de ses supporters.
Il est simplement à souhaiter que cette mobilisation collective ne soit pas circonstancielle mais s'inscrive durablement dans le temps, pour le sport, le logement, l'hôpital, l'école, le niveau de vie, l'emploi des jeunes et l'environnement. Le tout couronné par des institutions démocratiques.
Saura-t-on se servir de cette victoire et de celles qui vont suivre pour impulser, de manière vigoureuse et décisive, les voies du changement et se mettre enfin à écouter le peuple et sa jeunesse, pour les faire participer effectivement à la gestion des affaires de leur pays. A abattre toutes les citadelles de l'immobilisme et de la corruption qui ont entravé la créativité et le dynamisme de jeunes entrepreneurs ; à lever tous les obstacles que le système et la bureaucratie ont élevés entre le pouvoir et le peuple au point de rendre infranchissable le fossé qui a séparé, depuis l'indépendance, gouvernants et gouvernés, fourvoyant ainsi notre pays dans une terrible impasse ? J'ai vu au stade du 5 Juillet les jeunes venus reprendre leurs passeports pour aller à Khartoum, après l'ébullition de la veille. Je les ai vus se réunir, débattre et dégager entre eux une solution. Puis désigner leurs représentants qui ont exposé aux responsables des pouvoirs publics la solution et les moyens de l'appliquer. Pour moi, ce moment ne fut pas vain, comme on pourrait le penser. Il fut exceptionnel parce que porteur de la démarche démocratique et citoyenne qui va faire advenir le changement véritable. Pas le changement décrété par en haut, mais celui construit démocratiquement avec les principaux concernés, en mobilisant les énergies et compétences de tous, pour le mettre en oeuvre. Le changement véritable et durable est un dialogue démocratique permanent entre l'énorme énergie et l'intelligence collective de la société face aux pôles de la décision politique qui ne seraient plus seuls à gouverner, mais gouverneraient avec un peuple désormais debout. Sinon, nous risquerions de retomber dans le monde de l'illusion, de la peur et de la hogra. Elles mèneraient alors, de manière inéluctable, aux dérives nourrissant des désordres, difficiles, si ce n'est, impossibles à contenir. Un match de football vient de le démonter sans conteste et de rendre possibles les voies du changement et d'une nouvelle gouvernance.


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