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S'agit-il de sport ou de politique ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 17 - 12 - 2009

Je me méfie personnellement de certaines analyses qui se réfèrent à l'événement à chaud et qui, pour justifier une position, rapportent automatiquement des références détachées de leur contexte en utilisant des notions compliquées pour mieux assoir une idée qui circule déjà en société. Forme d'intellectualisme sénile.
Ceci fut le cas du clash circonstanciel qui a fini par opposer deux pays «idéologiquement frères» selon le discours des politiques, et peut-être même deux nations que sont «l'Algérie des Algériens et l'Egypte des Egyptiens».
En effet, pour la première fois, les différences refoulées ont surgit. Les Egyptiens s'autoproclamant plus arabes que les arabes et héritiers légitimes de l'Islam n'ont pas hésité jusqu'aux discours officiels à exprimer leur rejet des Algériens, en les qualifiant de barbares parce que ne sachant pas faire la différence avec la souche des berbères et oubliant qu'El Azhar est une œuvre berbère, mais peut-être aussi pour la pauvreté de la langue arabe dans les domaines de l'anthropologie et de la sociologie modernes. Ils n'arrivent pas encore à se familiariser avec l'ère du post Nacerisme ; le Nacerisme qui a voulu dans une conjoncture très particulière, notamment celles des indépendances africaines convaincre de la possibilité d'un nationalisme arabe fondé essentiellement sur l'usage collectif d'une langue commune. D'autant plus que c'était aussi la période des oppositions ; le monde arabe opposé à Israël, l'intelligentsia arabe qui s'oppose aux formes d'expression orientalistes parce que jugées telles que déformatrices, le monde arabe qui use de ses ressources naturelles pour faire pression sur le monde occidental. Une période de tensions internationales dont certains gouvernants arabes ont usé pour masquer les oppositions internes, et empêcher par là la masse nationaliste à s'occuper de sa misérable condition sociale et culturelle. Ce qui nous a amené récemment - peut-être par erreur - à penser que le nationalisme est une fabrication des temps modernes destinée essentiellement à la manipulation des petits peuples.
Il est sûr que les Algériens se sont retrouvés dans l'équipe algérienne et sa gloire. Une gloire qui a pour quelque peu rompu avec l'idée négative qu'ils ont de leur pays qui n'arrive pas à se faire une place parmi les pays développés malgré les moyens dont il dispose. Nous ne pensons pas qu'ils aient fait preuve d'un nationalisme particulier, parce que le nationalisme n'a jamais été événementiel, par contre ils ont su dépasser à l'occasion de cette gloire leurs différences raciales, religieuses et idéologiques. Ils ont peut-être réalisé que l'on peut être Algérien en ayant toutes ces différences imbriquées en soi. En fin de compte, «être Algérien» est ce long processus de prolongement, d'entassement historique (que les Egyptiens n'ont pas su travailler) et qui a permis de se sentir à la fois sans complexe : Romain, Grec, berbère, arabe, turc, musulman, chrétien, Français, etc. Homme et être humain simplement. Pour la première fois les algériens en s'identifiant à la gloire de l'équipe algérienne se sont retrouvés dans leurs différences et ce qu'elles font d'eux, une Andalousie algérienne, une chance comme rarement elle se produit dans l'histoire pour la tolérance. C'est en ce sens aussi que nous avons apprécié la retenue de nos dirigeants, même si nous nous interrogeons tout de même sur les dessous de leur silence politique sublime vis-à-vis de l'insolence égyptienne.
Toutefois, vu de l'extérieur, nous avons comme l'impression qu'en dehors du discours idéologique des politico politiciens (nous faisons particulièrement allusion aux dérapages des responsables égyptiens, comme le président de l'assemblée nationale égyptienne déclarant : «De la part des Algériens, je m'attendais à ce type de réactions violentes. De toute manière, ils sont habitués à s'entretuer entre eux du fait qu'ils ont un penchant pour le sang humain et son écoulement»), les conjonctures économiques radicalement différentes, et qu'au-delà de la langue «dialectale» et de l'Islam aux interprétations mouvantes qui sont tenus pour éléments unificateurs, rien de tangible ne semble rassembler les Algériens et les Egyptiens.
Sur le plan politique, le souci de l'Algérie est celui de s'imposer grâce à ses ressources, sur la scène internationale en vue de ne pas être dépendante des puissances du monde, tandis que l'Egypte, soucieuse de garder l'intégralité de son territoire préfère signer des accords de paix avec Israël pour mieux enfoncer les Palestiniens. Le combat algérien est plutôt politique, il a l'ambition d'élargir l'étendue de son influence dans le monde, comme en proclamant tantôt son identité africaine, et en affirmant tantôt son appartenance au monde arabo musulman. Le combat égyptien est pour quelque peu culturel, improductif par rapport à l'amélioration des conditions de vie de ses propres citoyens, illusoire à cause de sa maladie de la suprématie dans le monde arabe en particulier ; il diffuse une culture plutôt construite des clichés sociaux égyptiens qui ne semblent pas avoir d'impact positif sur l'évolution de nos sociétés.
Il est sûr que les pyramides et les luttes archaïques de la campagne égyptienne, la vie luxueuse de la minorité des pachas, sont une déformation de la dure réalité égyptienne et malheureusement mises en comédie sous forme de feuilletons et de films diffusés et rediffusés à la chaine dans les nombreuses télévisions égyptienne jusqu'à vouloir faire croire que l'Egypte n'est que ça et rien que cela. Les Egyptiens sont malades de leur comédie égyptienne. Ainsi donc, si l'Egypte a obtenu des prix Nobel dont celui de Najib MAHFOUD, sorte de prix de complaisance que la communauté occidentale a discrédité en le conférant à ceux qui servent en particulier ses intérêts et l'image qu'elle veut donner de notre sphère arabo musulmane, l'Algérie a formé par milliers des cadres qui rendent service à ses structures et qui lui rendent honneur en prouvant tous les jours leurs compétences dans divers domaines dans les structures internationales.
Les rencontres footballistiques Algérie-Egypte ont montré qu'il n'y a plus rien à tirer des mondes arabe et musulman qui se débattent dans leurs retards politiques, sociaux et économiques. Moubarak n'a pas su retenir ses propres enfants dopés par le pouvoir auquel la famille se cramponne. Il est malheureux de constater qu'en plus de la Syrie, bientôt peut-être la Lybie suivra, nos républiques face à cette boulimie du pouvoir de nos dirigeants sont devenues ridicules. L'espoir de la jeunesse de ces mondes de vivre dans des conditions meilleures est le plus souvent limité, il est à la mesure de ce que leurs pouvoirs en place ont bien envie de leur donner.
Oui, je me garde de dire que notre jeunesse, à cause d'un match a retrouvé le sentiment de nationaliste. Il se pourrait que la joie qu'elle a manifestée soit le début de quelque chose, d'un espoir régénéré, pourvu que nos dirigeants sachent le prolonger dans leurs décisions. Car il n'y a pas pire qu'un espoir collectif qui se tarit parce que l'on a rien fait pour le maintenir. En quelques jours l'impossible est devenu possible, les frontières ont disparues, les distances se sont réduites, et les administrations ont travaillé à plein régime. Cela, nos jeunes ne l'oublieront pas, «lorsqu'on veut on peut.»
C'est en ce sens aussi que nous pensons qu'une analyse ou ce qui est très exactement une tentative d'analyse d'un événement aussi exceptionnel que celui qui est en question dans mon article ne doit pas s'appuyer seulement sur la description d'un événement et des ambiances qu'il a suscitées, sur son apparence, car le match n'est en fin de compte qu'une institution laquelle semble faire socialement parlant école, il représente certes une réaction collective, il laisse supposer l'existence d'un système social dont l'analyse isolée peut induire en erreur. Car le véritable acteur selon moi dans toute cette histoire est le politique qui manipule et qui piège par ses pratiques en usant de son pouvoir de pouvoir faire au point d'ébranler les certitudes et matérialiser l'inattendu. C'est à partir de cette réflexion que je ne peux m'empêcher de m'interroger sur la nature de cette rencontre : s'agit-il de sport ou de politique ?
Etre en accord avec la jeunesse juste le moment d'un match est une initiative appréciable, et être en accord au quotidien avec une jeunesse qui espère tout de son pays est une attitude qui mérite d'être maintenue pour être enfin incessamment saluée. Ainsi faut dire clairement que nos jeunes qui n'ont pas la possibilité de s'exprimer, d'exprimer leur désarroi, leurs inquiétudes mais qui ne trouvent pas surtout d'écoute sérieuse n'ont eu qu'à se saisir pleinement de cette occasion, de ces matchs pour enfin montrer ce dont ils sont capables : inonder d'un élan par leur présence les rues de toutes les villes du pays et improviser des chants qui expriment leur attachement à leur pays et leur envie de le voir autrement, dans une meilleure posture.
Une Algérie pour les Algériens aussi belle que jamais.


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