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A qui de devoir
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 24 - 03 - 2010

« A Dieu nous appartenons et à Lui nous revenons », oserons-nous dire après chaque erreur humaine, si ce n'est que cette formule qui rapproche les Hommes du Tout-Puissant, serve à conclure les seuls avis de décès.
Et, en fait de décès, s'impose la lecture du message d'un candidat à la harga adressée à tous ceux qui ont le pouvoir de le pousser vers la mer, au lieu de lui ouvrir les voies, nombreuses, du paradis sur terre et qui pourrait, entre autres, s'appeler Algérie. « Au nom de Dieu Le Clément, Le Miséricordieux, Seul juge de mes actes avant les Hommes. Je m'apprête à partir pour quelque temps, en vous laissant un pays aussi beau que son ciel, aussi grand que mon cœur. Vous ne m'aurez pas sur votre conscience car vous n'en avez pas. Vous m'avez décrit une glorieuse et merveilleuse révolution et je n'y ai vu qu'une guerre. Une guerre pour combattre le colonialisme, moi, qui n'ai vécu le colonialisme qu'à travers vos mots redondants et vos phrases pleines de héros. Parfois, je me surprends à vouloir être colonisé à mon tour, juste pour vérifier si vous disiez vrai. Vous m'avez parlé de valeurs, sans me montrer leurs chemins par vos actes. Je pense que les seuls héros de mon pays sont morts jeunes à l'âge qui est le mien et vous êtes encore vivants. Ils sont morts deux fois : sur le champ de bataille et dans les livres d'Histoire que vous refusez d'écrire. Vous refusez d'écrire parce que vous avez peur du passé pendant que l'avenir me fait peur. J'ai longtemps attendu votre flambeau que vous avez transformé en matraques prolongeant les bras de jeunes comme moi, habillés entièrement de bleu, un casque sur la tête, un fusil dans l'autre bras, lançant sur moi des gaz qui m'étouffent. Comme du temps du colonialisme.
Et la haine s'est installée par-delà une barrière entre nous, dressée à vie. Je n'aime plus le bleu, c'est désormais ma couleur ennemie. Je vais partir parce que les gaz me font mal et que j'ai fini par prendre goût à l'odeur des pneus importés. Je pense que les pneus sont les seuls articles qui méritent d'être importés.
Ils sont de bonne qualité, brûlent vite et longtemps. J'ai dû me procurer de l'argent pour partir dans une barque de fortune, malgré vos lois et vos garde-côtes. Malgré moi. J'ai vendu de tout, acheté de tout. De tout. Il est vrai que vous n'avez pas les mêmes problèmes que moi mais les miens sont plus nombreux que les vôtres. Mais nous avons fini aussi par comprendre que le nombre ne veut rien dire.
Il ne veut plus rien dire, car nous vous aurons vaincu depuis le temps que nous nous faisons la guerre par notre silence. Notre guerre est silencieuse semée de quelques cris et de fumée. Une simple signature de vos mains peut détruire tous nos efforts alors que nos pierres n'ont fait que détruire des bâtiments que vous appelez APC, daïra, wilaya, Darak, Sûreté nationale, Ministère, Présidence. Nous ne sommes encore arrivés à détruire un Ministère ou la Présidence, mais cela viendra bien un jour.
Un jour où je ne serais peut-être plus là, parce que je dois partir. Je ne sais pas où et votre question me parait ridicule, puisque vous ne vous intéressez à moi que pour alimenter vos statistiques. J'ai fini par n'être qu'une statistique dans une grille excel. Un chiffre perdu au milieu de bien d'autres qui indiquent combien nous sommes de chômeurs, de mal logés, de malades, de justiciables, de délinquants, de harraga. Mais nous avons aussi des chiffres qui vous concernent.
Ceux du nombre de corrompus qui se sont fait attrapés, sauf celui de ceux qui savent se cacher sous votre protection.
Des milliards détournés, sauf ceux qui restent à détourner. Des projets évaporés, sauf celui des projets que vous avez tus pour l'avenir de vos enfants.
Des terres désertifiées, sauf celui des moutons destructeurs que avez avalé cru. Du volume d'eau que vous ne mobilisez pas sauf celui des stations de dessalement prévues à l'importation. Nous avons bien d'autres chiffres que nous ne divulguerons jamais, comme ceux que vous taisez par crainte de vous entretuer. Mais je pars et vous laisse le soin de m'intercepter en pleine mer. Je pars parce que j'ai une mission familiale à remplir. Non pas que je souhaite arriver avec certitude sur une plage qui ressemble à celle d'où je vais partir, mais j'ai pris le bon passeur, qui connaît toutes les ficelles. Nous partirons de nuit au moment où vous serez occupés par vos soirées mondaines ou quelques noces obscurément riches. Mon frère avant moi a quitté le pays et n'est plus revenu, ni ne nous a contactés, depuis trois ans. Ma mère dit qu'un jour il reviendra riche et bien marié avec des enfants blonds et des cadeaux. Moi je pense qu'il est mort en cours de traversée.
Il ne vous aimait pas lui non plus. D'ailleurs, il disait qu'il ne vous aimait pas parce que vous aviez besoin de son amour pour rester en vie et là où vous êtes. Je me suis rendu partout pour prendre des nouvelles de mon frère sans succès.
Toutes les portes se sont fermées dès que je prononçais son nom. Pour attirer votre attention, je voulais observer une grève de la faim devant le Palais de Justice mais j'ai eu peur que les policiers me reconnaissent et qu'ils pensent à autre chose. D'ailleurs, je n'aime pas la faim car je la connais bien et pas seulement durant le Ramadan. Les gens qui observent le jeûne du Ramadan sont riches. Pour moi bien sûr. D'ailleurs, ma mission familiale est connue de tous. Je dois rechercher, trouver et rapatrier le corps de mon frère. Un jour à la télévision espagnole du café de notre quartier, j'ai vu un corps qui ressemblait à celui de mon frère, alors j'ai décidé de partir.
Et puisque vous n'avez pas réussi à rapatrier les vivants, j'ai décidé quant à moi de vous ramener un mort. Une preuve que vous nous avez tout le temps menti, comme vous avez menti à nos parents. Les morts sont souvent une meilleure preuve que les vivants. C'est pour cela que la formule qui clôture les avis de décès doit être souvent répétée. La présente est adressée à qui de devoir pour servir et valoir ce que de droit ».


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