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La chatte blanche
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 07 - 07 - 2010

J'ai rôdé dans l'appartement pendant un bon moment, fourrant mon museau et mes pattes dans tous les recoins, espérant dénicher une bestiole, comme un cafard ou une souris, qui m'aurait distrait et débarrassé de l'ennui vorace qui s'était collé ce jour-là à ma peau comme une tique.
N'ayant découvert que des insectes ridiculement minuscules, qui m'auraient saccagé les nerfs au lieu de m'amuser, je me suis allongé dans un coin du couloir pour rêver à la jolie chatte blanche qui vient depuis quelque temps jouer à proximité de notre immeuble.
Hier matin, ayant pour la première fois aperçu mon museau au balcon, elle s'est mise à gémir et à se rouler sur la poussière comme si sa croupe grouillait de puces, provoquant en moi un violent désir de la mordre au cou et de la plaquer contre le sol. Cette scène a duré un bon moment, criblant ma chair de braises ardentes, après quoi mon excitante chatte blanche est partie, d'un pas lourd et comme déçu, la queue traînant lamentablement sur le sol. J'étais ainsi, rêvassant délicieusement à cette femelle troublante, lorsque, soudain, j'ai failli être écrasé par Safia, qui a surgi comme une diablesse du salon où elle regardait la télévision, se précipitant vers la cuisine où se trouvait sa mère, et criant d'une voix désagréablement aigue : «Maman ! maman ! je me rappelle maintenant de quoi je voulais te parler ce matin ! C'est d'un rêve que j'ai fait la nuit passée ! Maman ! Où es-tu ?»
Aiguillonné par une curiosité tranchante, j'ai pu surmonter la frayeur qui avait transformé mes pattes en papier mâché, et j'ai suivi ma petite maîtresse, hâtant le pas derrière elle, pour ne pas rater une miette de l'histoire qu'elle allait raconter à sa mère.
Laissant tomber la vaisselle qu'elle était en train de décrasser, la mère s'essuie les mains avec un pan de son tablier, s'installe sur une chaise, puis, posant sur sa fille un regard mécontent, elle lui adresse ces paroles : «Calme-toi, ma petite, tu m'as effrayée ! Je t'ai déjà dit de ne pas hurler ainsi ! Pose ta main sur ma poitrine ! Tu vois ! Mon coeur galope entre mes côtes comme un cheval atteint de folie ! Veux-tu me tuer ? Maintenant, assieds-toi et dis-moi ce que tu as vu pendant ton sommeil. Mais tu vas d'abord commencer par enlever ce stylo de ta bouche ! Quelle mauvaise habitude ! Tu as tout le temps un objet planté dans la bouche ! Quand arrêteras-tu donc de sucer tout ce que tu trouves sur ton chemin ?»
Safia ôte le stylo d'entre ses lèvres, et s'installe à son tour sur une chaise en face de sa maman qui l'observe d'un air amusé, tendrement, les mains croisées sur la toile cirée piquetée de fleurs jaunes et vertes qui recouvre la table qui les sépare. D'une voix guillerette, arrangeant des mêches de cheveux qui lui tombent sur les yeux, ma petite maîtresse raconte son rêve : «Je suis assise dans ce qui ressemble à un grand parc enfant. Je joue avec une magnifique poupée, qui chante et qui pleure, aux cheveux soyeux et aux yeux bleus. Je porte une jolie robe avec plein de petites fleurs multicolores, des chaussettes roses et des souliers blancs. Mes cheveux sont ramassés en deux longues tresses ornées de rubans rouges. Soudain, un homme est là, planté devant moi. Mon cœur se met à trembler, j'ai affreusement peur, je t'appelle et j'appelle papa, mais aucun son ne sort de ma bouche, et les larmes inondent mon visage. L'homme prend la parole et me dit : «Bonjour, petite biche aux yeux noisette. Que tu es ravissante ! Que tu sens bon ! Que tu es fraîche ! Devine qui m'a envoyé vers toi ? C'est ta grand-mère ! La pauvre n'arrête pas de pleurer ! Ils m'ont oubliée, m'a-t-elle dit en sanglotant. Ils ne pensent plus à moi ! Ils s'empiffrent de beignets trempés dans du miel pur et ne m'envoient plus ma part ! Les sans-cœur ! Depuis longtemps, m'a-t-elle déclaré, ma petite-fille Safia n'est pas venu frapper à ma porte, tenant dans ses jolies petites mains une boîte remplie de beignets savoureux. Ce délicieux bonbon me manque terriblement, a-t-elle ajouté avec une voix brisée par l'émotion. Tu vois ma mignonne que ta grand-mère est en train de souffrir pendant que tu joues avec ta poupée. Alors que la pauvre vieille grille de l'envie de manger des beignets arrosés de miel, sa petite-fille chérie se livre à des enfantillages au fond d'un parc pour bébé ! Ce n'est pas convenable ! Tu me surprends ! Par ailleurs, je ne t'imaginais pas du tout habillée comme une gamine de six ans ! Je te voyais plutôt portant un déshabillé vaporeux, allongée comme une princesse sur un lit moelleux, les cheveux répandus sur les épaules, les lèvres maquillées, la chair parfumée...» Je ne me souviens pas de ce que cet homme a dit ensuite, maman, car ses paroles ont fait naître dans mon dos des milliers de papillons qui, voletant soyeusement dans mon échine, m'ont étourdie. Mais je me rappelle que je me suis mise à haleter. Alors l'homme a tendu vers moi deux mains épouvantablement poilues, sur le visage un sourire qui découvre deux crocs ruisselant de salive. Mais je n'ai pas peur ! Une force extraordinaire arrache mon petit corps au sol, m'ouvre la bouche et me fait cracher violemment sur les mains de cette bête dégoutante. Aussitôt, des flammes s'emparent de ces mains qui flambent comme du bois sec. La bête disparaît de ma vue en hurlant. C'est à ce moment que je me suis réveillée ! Dis-moi, maman, que signifie ce rêve ?»
Ma petite maîtresse se tait et pose sur sa mère un regard plein de questions. Un court silence s'ensuit, pendant lequel la mère prend les mains de sa fille dans les siennes et se met à les caresser tendrement. Quand sa voix se fait entendre, je vois deux larmes perler aux coins de ses yeux. Ses paroles sont chargées d'émotion. Elle a dit : «Dieu soit loué, ma chérie ! Ces larmes qui embuent en ce moment mes yeux sont des larmes de joie, ma fille ! Car je suis maintenant persuadée que les barrières que nous avons élevées autour de ton corps sont solides et impénétrables, et qu'elles te protègeront toujours contre ceux qui voudraient te faire du mal ou t'entraîner sur les chemins boueux du pêché. Ton père sera formidablement content quand je lui rapporterai ton rêve. Ma chérie, ta maman et ton papa récoltent aujourd'hui les fruits délicieux des efforts qu'ils n'ont jamais cessé de fournir pour te donner une bonne éducation. Nous pouvons affirmer haut et fort que nous sommes de vrais parents. C'est pourquoi le loup qui t'a visité pendant ton sommeil n'a pas réussi à te tromper et à t'entrainer dans la rue. Tu lui as craché dessus et ses mains répugnantes ont brûlé ! Car tu es pure ! Les senteurs de l'encens que je n'ai jamais cessé de brûler autour de ta chair, les amulettes que je cache dans tes vêtements et ton lit, les prières que j'adresse régulièrement au Seigneur, ont purifié définitivement ton sang des microbes tentateurs qui font des ravages aujourd'hui chez les jeunes gens de ton âge ! Ce que désirait cet animal aux pattes velues, en se servant de l'amour que tu ressens pour ta grand-mère, c'est que tu déambules dans les rues, peinturlurée et habillée comme une danseuse ! Mais la bête n'a pas réussi à t'ensorceler ! Ton papa sera heureux d'apprendre que sa fille s'est bien défendue ! Maintenant, viens embrasser ta maman, mon ange !»
Ma maîtresse et sa fille se sont embrassées longuement, ponctuant leurs sanglots et leurs reniflements de paroles émues et émouvantes. Puis la mère a dit d'un air pensif : «Ton rêve contient un peu de vérité que le loup a voulu utiliser pour t'abuser. Je veux parler de ta grand-mère. Mais ce n'est pas toi qui iras la voir ! C'est moi ! Je vais d'abord terminer de laver ce tas de vaisselle. Ensuite, je lui préparerai des beignets au miel que j'irai les lui porter cette après-midi». Quelques heures plus tard, après avoir demandé à sa fille de bien fermer les deux portes qui barricadent l'entrée de l'appartement, la mère quitte la maison, emportant avec elle une boîte remplie de beignets et un pot de miel, qu'elle avait rangés au fond d'un panier. Safia tourne soigneusement les trois serrures de la porte métallique, puis les deux serrures de la porte en bois. Après quoi, elle court vers son cartable, l'ouvre, furète un instant dedans, en extirpe un objet rond et plat, court encore une fois vers la chambre de ses parents, tripote un appareil posé sur une étagère sous la télé, allume la télé, puis s'allonge sur le lit, les yeux braqués sur l'écran. Comme la télévision me donne des maux de tête depuis quelque temps, je m'installe de côté en face de ma petite maîtresse.
Bientôt, j'entends des cris qui hérissent mes poils. C'est une femme qui hurle de douleur. Sans répit. Elle gueule comme si quelqu'un lui enfonce une lame chauffée à blanc dans la chair. C'est horrible ! Mais ce qui me tourmente aujourd'hui encore, c'est que cette pauvre femelle semblait goûter cette torture.
Car tout en râlant, elle n'arrêtait pas d'ordonner à son bourreau de continuer, glapissant des «Encore ! Encore ! Plus fort !» Autoritaires.
Bouleversé par ces cris de souffrance, je quitte la chambre pour aller au balcon. Je m'installe sur le rebord de la fenêtre et jette un coup d'œil dehors. Ma chatte blanche est là. Dès qu'elle m'aperçoit, elle se roule sur la poussière et miaule plaintivement. Je ne sais pas pourquoi j'ai eu cette idée idiote qu'elle avait envie que je la violente. Comme la femelle de la télévision.


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