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Le bac Entre le mythe et la réalité
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 14 - 07 - 2010

En ce début d'été, l'actualité n'offre que l'alternance des joies et des déceptions de la Coupe du monde de football. La chaleur met l'esprit en retraite et invite à la somnolence; il serait passé à côté de la polémique qui a enflé autour du baccalauréat, si ce n'est la grise mine de son neveu, qui vient pourtant de décrocher son viatique pour l'université. Son attitude tranche, paradoxalement, avec la joie de toute la famille. Interrogé, il laisse éclater son indignation devant le scepticisme affiché par la presse face aux résultats de l'examen. Il trouve ce doute trop agressif et la remise en cause du niveau des élèves et des épreuves, humiliante, pour lui et ses camarades.
A ses yeux, les caricatures ont été cruelles avec des enfants dont le seul tort est de boire les paroles de leurs aînés, de croire en eux et de vouloir leur plaire. Des enfants qui, pour la plupart, ont mobilisé toutes leurs aptitudes pour briller aux yeux des adultes.
Des enfants qui, dans leur majorité, ont souffert pour voir le sourire sur les lèvres de leurs maîtres, de leurs parents et de tous ceux qui portent dans leur cœur l'avenir du pays.
Si le sentier sur lequel les ont guidés les adultes n'est pas net, si le monde qu'ils leur préparent n'est pas beau, ce n'est certainement pas eux, les cancres. Son neveu dit vrai, quand le cynisme atteint son comble, l'expérience raille ses cobayes.
Les élèves subissent doublement. Ils subissent une politique éducative convaincue de son efficacité et qui veut le prouver par les chiffres. Ils subissent le sarcasme de ceux qui déclament, probablement à raison, leur crédulité, sans égard à la bonne foi des apprenants.
Bouleversé, il essaie d'expliquer au jeune garçon que souvent les adultes oublient que leurs querelles heurtent l'innocence des enfants pour l'intérêt desquels ils pensent se battre. Et par déformation professionnelle, il plonge dans ses archives pour traiter le sujet du baccalauréat à sa manière. Créé par décret impérial, le baccalauréat a fêté ses deux siècles d'existence, en France, en mars 2008. Il a subi, au fil du temps, bien des déclinaisons, mais sa valeur mythique demeure intacte en dépit des critiques qui ne datent pas d'hier.
Premier grade de l'université, il sanctionne, en même temps, des études secondaires.
A sa création, c'est un examen qui porte sur les enseignements des trois dernières années du secondaire. Il nécessite, alors, un immense effort de mémoire et impose un rythme de travail épuisant. Un rythme que tout le monde ne peut soutenir, il fit d'ailleurs de célèbres victimes, Emile Zola y échoue en 1858 et Paul Verlaine en 1862.
Le bachotage est dénoncé dès les premières éditions et la multiplication des critiques conduit à une première réforme en 1874. Elle scinde l'examen en deux parties, la première, passée à la fin de la classe de première (correspondant à la deuxième année du secondaire) et la deuxième partie, sanctionnant les études d'une terminale en philosophie ou en mathématiques élémentaires. La série sciences expérimentales a vu le jour en 1950.
La première partie couronnait, dans les faits, des études secondaires et offrait aux impétrants la possibilité de quitter l'éducation avec un diplôme - Ce que fit Jean Monnet, véritable père de l'idée de l'Europe et dont les restes reposent au Panthéon depuis octobre 1988.
Elle se distingue, donc, de la seconde partie qui, elle, ouvre la porte de l'université - Georges Courteline s'y présente et échoue. Mais dès 1950, l'explosion du nombre de candidats pose à l'examen un sérieux problème de gestion des effectifs.
Le dispositif doit nécessairement être allégé et la première partie est remplacée par un examen probatoire à la charge de l'établissement pour réduire la tension sur le baccalauréat proprement dit.
Cette petite chirurgie n'est pas du goût des enseignants puristes qui l'accusent de « transformer l'examen en passoire et d'ouvrir les classes terminales à des élèves incapables de suivre».
Ces critiques trouvent un appui inattendu dans la réforme de l'enseignement supérieur qui réorganise ses enseignements et diversifie ses spécialisations, divorçant totalement avec l'architecture du secondaire. L'organisation du baccalauréat en deux parties n'a plus, alors, aucun sens et l'examen retrouve, en 1965, son unité à la fin de la terminale. En 1968 l'épreuve anticipée de français est instituée pour alléger les programmes de terminale. La seconde session est supprimée et l'oral est maintenu seulement pour les repêchés.
Cependant, l'augmentation massive du nombre des candidats continue à poser de sérieux problèmes à l'examen, qui essaie d'y faire face en se diversifiant et en mobilisant, de plus en plus, d'hommes et de moyens.
Aujourd'hui, le diplôme est obtenu en moyenne par 80% des postulants, on est bien loin du 1% de réussite de l'année 1900 et du 6% de 1950. En 2007 le taux a atteint 83,3% .
Ce progrès nourrit les critiques les plus acerbes qui avancent, à charge, un système de notation des plus aléatoire et une baisse continue du niveau.
Un procès d'irrationalité économique est fait au baccalauréat pour son coût exorbitant. Des voix s'élèvent pour remettre en cause son utilité sociale, du moment que la majorité des candidats finissent par l'obtenir.
Le taux de 80% avoisine les 90% après les rattrapages et même les 95% en comptabilisant, dans la même cohorte, ceux qui le repassent pour la seconde fois. Dès lors, quel est l'intérêt de mettre en œuvre une lourde et coûteuse machinerie pour éliminer 5% d'une génération de candidats ?
Mais le reproche le plus grave est fait au système de notation. Il ne s'agit ni de remettre en cause l'objectivité voire l'honnêteté des correcteurs, ni la valeur des candidats, mais les faits sont là. Ils démontrent que des décisions administratives, prises, apparemment, dans un souci d'équité, peuvent avoir pour effet de desservir les enseignants comme les candidats et d'altérer sérieusement la valeur du diplôme.
Tout d'abord, il existe des documents confidentiels véritables «notices d'emploi» pour éclairer les correcteurs sur la manière d'appliquer les barèmes et veiller à noter «la mobilisation des capacités» plus que la réponse en elle-même. La démarche vaut autant, sinon plus, que l'aboutissement. Ensuite, la commission d'harmonisation des notes, instituée par académie, va veiller à équilibrer les notes des épreuves d'une même discipline par comparaison des moyennes entre les différents jurys. Elle a toute latitude de procéder aux réajustements nécessaires.
Ainsi des précautions, prises dans un souci d'objectivité et de justice, peuvent se transformer en de véritables opérations de relèvement des notes. Le résultat en est, évidemment, le redressement spectaculaire du taux de réussite. Les bénéficiaires, cependant, n'en sont sûrement pas les bons élèves. Ils voient, plutôt, leur avantage comparatif rogné par «des alignements de rangs».
Cependant le baccalauréat n'est pas un concours et tout cela se passe en France.
Ailleurs, beaucoup de pays misent plus sur l'efficacité de tout leur système éducatif que sur un examen final. La Belgique n'a pas de baccalauréat, mais, du primaire au secondaire, les élèves sont, chaque année, soumis à deux véritables examens semestriels. En Espagne, aussi, n'existe que le contrôle continu. Au Portugal, en Grèce et en Italie, un système mixte associe épreuves écrites et résultats de toute l'année, mais l'accès à l'université est soumis à un examen propre à chaque formation supérieure.
En Allemagne il s'agit d'une évaluation générale composée de quatre épreuves, d'un travail personnel encadré et des résultats de l'année. Un examen spécifique donne accès à l'université. En Finlande, l'équivalent du lycée n'existant pas, il n'y a pas d'équivalent au baccalauréat, il y a seulement un examen d'entrée à l'université.
Mais, en fait, le baccalauréat, là où il existe, n'a plus qu'une valeur mythique. Sa valeur pratique, c'est aux portes de l'université qu'elle se décline. Et c'est à ce moment qu'il prend toute sa signification. Tous les bacheliers ne sont pas égaux face aux exigences des facultés, des instituts et des grandes écoles.
Face à la démocratisation du baccalauréat l'Université a, depuis longtemps, appris à réagir. Elle protège ses filières, crée les grandes écoles qui recrutent après la graduation, ouvre des classes préparatoires qui sélectionnent les prétendants et refoulent la grande masse des bacheliers vers des orientations par défaut. Le baccalauréat n'est plus un. Il est multiple et de valeurs différentes. Mais son appellation n'est pas retenue que par commodité, elle perpétue un mythe au service de la discipline sociale. Il est le «panache blanc» qui guide les troupes d'élèves et donne le moyen de lutter contre un décrochage scolaire, anticipé et massif.
La valeur du baccalauréat n'est, en fin de parcours, que la valeur du cursus qui y mène. Au lieu de louvoyer entre les achoppements d'une amère réalité, il est peut-être temps de repenser le système éducatif dans son ensemble. Il est temps de s'occuper sérieusement de l'encadrement humain. Il est temps de confectionner des programmes pour la vie et non pour la nostalgie et la chimère. Il est temps d'accompagner nos enfants vers un niveau auquel nous n'aurons plus à douter de leurs capacités à avoir le baccalauréat même dans leur écrasante majorité.


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