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Publié dans Le Quotidien d'Oran le 04 - 08 - 2010

Dans un pays pétrolier ami, Nacer a hérité d'une somptueuse maison à la sortie de la ville. Une sorte de cottage, à la lisière de l'agglomération urbaine conçue et édifiée par son défunt père émigré à Londres où il a fait fortune sur les places boursières.
Elle est la reproduction fidèle de leur maison anglaise, seul le jardin est de plus grande dimension. Belle et confortable elle lui offre toutes les commodités désirées.
Cependant, veuf et sans enfants il s'y sent bien seul à chacun de ses séjours de retour de Londres où il passe le plus grand de son temps. Elle est accueillante et très bien tenue par le vieux gardien recruté par son père et qui s'en occupe toujours. Le vieil homme réside sur les lieux, tout au bout du jardin, dans un «deux pièces» attenant à l'entrée principale. Il est heureux à chaque fois que le jeune maitre est là, redouble d'efforts pour satisfaire tous ses désirs et même les précéder, quand il le peut.
Il pense, par ce zèle, compenser l'ennui qu'il subodore chez son maitre et son envie, contenue, de changer de quartier. Manifestement, depuis la disparition quasi-simultanée de ses parents, Nacer ne se sent pas bien en ces lieux.
Mais c'était peine perdue. Un jour, ce qui devait arriver, arriva. La maison est rapidement cédée, le nouveau propriétaire s'installe aussitôt la vente conclue et lui et son maitre emménagent, dans la même ville, dans une petite villa sur le front de mer.
Elle est de dimensions bien plus modestes que la vieille maison familiale, mais, elle n'est pas moins coquette de façade et très bien aménagée à l'intérieur. Elle offre surtout l'avantage d'être en première ligne sur la mer, ce que recherche le propriétaire depuis toujours.
Nacer a enfin réalisé son vœu d'être face à l'immensité bleue et d'échapper au lot de solitude et de monotonie de l'ancienne demeure.
Il peut, à loisir, gaver ses yeux du spectacle des vagues et les accompagner jusqu'à leur étreinte avec le ciel. Il peut dormir au rythme de leur bruit et oublier le pesant silence du désert.
Il y reste tant que la fraicheur est entretenue par le vent marin dans une ville ou l'été est eternel. Quand la canicule devient insupportable, il s'enfuit à Londres et ne revient que forcé par des rhumatismes exacerbés par la glaciale humidité de l'exil londonien.
Mais, cette fois-ci, le vieux gardien risque d'attendre son maitre bien plus longtemps que d'habitude, car Nacer s'est, enfin, décidé, à subir des interventions chirurgicales qu'il a toujours retardées par manque de temps et surtout de courage.
Au bout de dix huit mois, les soins terminés et suivis d'une longue convalescence, il décide de rentrer au pays.
Le vol, pour la première fois, lui semble très long. Aussitôt délivré des formalités d'arrivée, il saute dans un taxi et donne son adresse au chauffeur.
A l'entrée de la ville, le taxi emprunte le boulevard qui mène au front de mer et au bout d'un moment bifurque à gauche, comme d'habitude.
Mais, la mer n'est, curieusement, pas en vue. Pourtant il lui semble reconnaître les bâtisses voisines de sa maison, bien que les constructions à sa droite l'intriguent et finissent par le persuader qu'il fait fausse route.
Alors, excédé, il répète l'adresse au chauffeur de taxi et lui intime l'ordre de retrouver le bon chemin. Le chauffeur ne comprend pas et affirme qu'il est bien dans la bonne direction, et au bout d'un court instant s'arrête devant une porte.
Nacer regarde avec insistance et reconnaît effectivement l'entrée de sa demeure. C'est bien sa maison, le vieux gardien en sort, d'ailleurs, pour l'accueillir.
Nacer a l'impression de rêver, mais d'où viennent ses bâtisses qui lui bouchent la vue sur la mer ? Sa maison a les pieds dans l'eau ? Comment se retrouve- t - elle au beau milieu d'un pâté de maisons à deux rues de la plage ?
Le voyant désemparé, le vieil homme s'empresse de le rassurer et lui explique, qu'en son absence, de gigantesques moyens ont été déployés pour gagner du terrain sur la mer. Des travaux soutenus ont été engagés pour bâtir deux rangées d'immeubles et plus loin un immense palais des congrès avec toutes ses annexes sur l'assise récupérée.
Nacer demeure un long moment silencieux, en proie à un combat interne. Ebahi par le véritable exploit de ses compatriotes mais floué dans tous ses calculs et contrecarré dans ses rêves.
Ainsi, il a sacrifié la demeure parentale pour se rapprocher de la mer et il se retrouve, après quelques mois d'absence, au point de départ avec, de surcroit, un capital immobilier très dévalué.
Grande est sa déception et il est définitivement convaincu que les hommes ont à la nature un rapport étrange et inquiétant à la fois. Dans le pays où sa famille a émigré les habitants de la côte sont confrontés à une toute autre situation.
La falaise est inexorablement attaquée par les flots et les maisons qui, hier encore, surplombaient la grève, glissent comme des brins de paille, englouties par les eaux.
La situation y est vécue comme un véritable drame. Les victimes expiatoires d'une nature en colère avouent leur impuissance devant la force des éléments et pleurent leurs paysages disparus.
Ils ont la compassion de tout le monde et la solidarité s'organise autour d'eux.
Ici, dans son pays natal, les hommes, enhardis par les ressources du sous - sol, s'attaquent à la mer, lui disputent son espace et s'en emparent par la force.
Ils l'annexent à leurs éphémères propriétés, y coulent leur béton et érigent leurs interminables tours.
Mais personne ne parle de drame. Au contraire, cette violence est saluée comme une prouesse.
Le statut de victime est rarement reconnu à la nature et encore moins à ses amoureux.
Mais tôt ou tard les éléments se font justice.


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