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La liberté et le droit de ne pas jeûner
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 25 - 08 - 2010

C'est un phénomène intéressant qui mérite que l'on s'y attarde même s'il dérange ou que l'on juge son impact médiatique démesuré au regard d'autres problèmes que connaît le monde musulman. Au Maroc, un groupe de jeunes blogueurs appartenant au Mouvement alternatif pour les libertés individuelles, plus connu sous le nom Mali, réclame ouvertement le droit à ne pas jeûner pendant le Ramadan. Il y a un an, ces activistes s'étaient déjà fait connaître pendant la même période en annonçant la tenue d'un pique-nique en plein jour. A l'époque, l'affaire avait fait grand bruit dans le Royaume chérifien et les témoignages rapportent que les policiers en uniforme ou en civil, qui avaient encerclé et investi le lieu du rassemblement, étaient bien plus nombreux que les participants au pique-nique ou les badauds qui s'étaient déplacés par simple curiosité.
Cette fois-ci, c'est via internet et le réseau social facebook que les membres du Mali ont lancé leur mouvement. Pour Najib Chaouki, l'un des blogueurs les plus actifs du mouvement, il ne s'agit pas d'appeler au non-jeûne mais « de défendre les droits de ceux qui ne veulent pas observer le jeûne pendant le Ramadan ». Et de préciser que ces droits relèvent de la liberté de conscience et de religion. En clair, chaque Marocain devrait avoir la possibilité de ne pas jeûner sans avoir à se cacher pour manger. Bien entendu, les autorités marocaines ne l'entendent pas de cette oreille. Comme en Algérie ou dans la plupart des pays musulmans, ne pas respecter le jeûne en public, peut valoir une amende et un emprisonnement de plusieurs mois. Parfois, la punition se limite, surtout s'il s'agit de mineurs, à une bonne correction dans un commissariat voire même en pleine rue.
Cette initiative marocaine fait écho à celle du collectif algérien SOS LIBERTES, qui a récemment appelé au respect des libertés de conscience en déplorant le fait que les non-pratiquant « risquent, une nouvelle fois, d'être la cible des forces de sécurité, transformées pour la circonstance en bras armés de l'inquisition. » Comme au Maroc, mais aussi en Tunisie, l'Algérie a connu ces dernières années de nombreuses arrestations de non-jeûneurs, parfois lourdement condamnés pour avoir mangé en public ou tout simplement avoir été surpris à le faire dans des endroits qu'ils croyaient suffisamment discrets. On se souvient de ces jeunes de Biskra accusés de « porter atteinte à l'ordre public » pour avoir été surpris par des policiers en possession de bouteilles d'eau minérale. On se souvient aussi de ces deux cousins, arrêtés et incarcérés quelques heures pour avoir « cassé » le jeûne à Ben Aknoun.
Pour se justifier – lorsqu'elles acceptent de le faire – les autorités rappellent que force doit rester à la loi et que des textes existent pour punir ceux qui dénigrent le dogme ou les préceptes de l'Islam. Parfois, l'explication emprunte des voies moins martiales puisqu'il est alors question de respect pour les jeûneurs et de la nécessité qu'ils ne soient pas indisposés par celles et ceux qui mangeraient en public. Enfin, les diverses initiatives qui s'appuient sur la liberté de conscience et de religion pour défendre les non-jeûneurs sont qualifiées de démarches isolées et totalement décalées par rapport au reste de la société quand elles ne sont pas tout simplement assimilées à la fameuse « main de l'étranger ».
Le fait est qu'aucun de ces trois arguments ne tient la route. La religion est une affaire individuelle et chacun est libre de respecter ou pas les commandements divins. On ne peut obliger les gens à être de « bons musulmans » et, d'ailleurs, quel prix pourrait-on accorder à des jeûnes imposés par la coercition ? Ne pas jeûner, ce n'est pas insulter l'islam ou les musulmans. C'est faire un choix qui ne regarde personne d'autre que l'individu lui-même. D'ailleurs, la logique policière qui veut que l'on fasse la chasse aux non-jeûneurs est quelque peu spécieuse. Pourquoi alors ne pas embastiller celles et ceux qui ne prient pas, la prière étant aussi l'un des cinq piliers de l'islam ?
Les sociétés maghrébines ont parfaitement accepté et intégré le fait que nombre d'hommes et de femmes ne prient ni chez eux ni à la mosquée. A l'inverse, la pratique ostensible du jeûne semble avoir un poids bien plus déterminant qui n'en est que plus suspect. Trop souvent, il ne s'agit en fait que de religiosité formelle qui masque des déficiences en matière de valeurs profondes, que ces dernières soient spirituelles ou non. Dès lors, cela incite à l'outrance et cela offre aux autorités la possibilité de s'ériger comme protectrices à bon compte du dogme et d'un ordre juste. Il est plus facile de traquer et de débusquer le non-jeûneur que de poursuivre et d'arrêter les spéculateurs qui organisent la pénurie et la hausse des prix à chaque veille de Ramadan…
Dans une société musulmane apaisée et évoluée, le Ramadan, tout en continuant à être une période particulière, ne serait-ce que sous l'angle des manifestations religieuses et culturelles, ne devrait pas signifier la mise entre parenthèse de la vie ordinaire. Cafés, salons de thé et restaurants devraient rester ouverts et, surtout, les non-jeûneurs devraient être libre de manger et boire au grand jour, sans avoir à se terrer (à charge pour eux, est-il utile de le préciser, de ne pas agiter de sandwichs tentateurs sous le nez des « Observants »…). Celles et ceux qui jeûnent en terre non-musulmane peuvent en témoigner : être entouré de non-jeûneurs ne pose guère de problème.
Pour finir, la question du droit à ne pas jeûner et les polémiques qui l'entourent, prouve une urgence. Il est en effet plus que temps que la société algérienne se débarrasse des oripeaux d'une religiosité obsessionnelle et qu'elle réalise que la liberté de conscience n'est en rien une menace pour l'islam. Bien au contraire, cela montrerait que cette religion est sûre d'elle-même, qu'elle n'est pas sur la défensive et, plus que tout, qu'elle peut parfaitement s'accommoder de l'existence de non-pratiquants, ou de non-croyants, au grand jour.


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