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L'université ou l'illusoire stabilité
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 04 - 11 - 2010

Ces derniers temps, on ne cesse de gloser sur les dernières augmentations salariales, comme si, à elles seules, elles pouvaient régler le problème d'une université médiocre, installée à la queue du classement international, africain et arabe.
Les syndicats, trop peu présents, appareils absents, exultent, occultant l'essentiel, c'est-à-dire la tragique désorganisation d'une université toujours en quête d'une illusoire stabilité. On continue à distribuer des diplômes qui se dévalorisent vite, ne résistant pas à l'usure d'un temps factice qui laisse à la porte du chômage une grande majorité de sortants et qui posent sérieusement le problème de la qualité d'un enseignement au rabais. Que se passe t-il à l'université ? Pourquoi nos cadres supérieurs préfèrent-ils « caser » leurs rejetons dans des universités étrangères ?
Les choses sont complexes, elles ne peuvent être réductibles à un simple constat, mais relèveraient d'une lecture diachronique mettant en relief les multiples dysfonctionnements caractérisant une université héritée de l'espace colonial. Certes, durant les années 70, des efforts colossaux ont été entrepris pour massifier l'entrée à l'université, mais avaient été vite sabordés par une politique d'algérianisation qui a fortement enlaidi et gravement appauvri une université qui accueillait de très grands professeurs étrangers comme Bettelheim, Balibar, Dowidar, Palloix, Lebray, Ngandu Nkashama…Cette erreur d'appréciation des pouvoirs publics conjuguée à un discours nationaliste désuet allait fermer une institution dont la vocation première est l'ouverture au monde. Ainsi, le savoir se retrouve condamné à une fonction de gendarme, perdue dans les arcanes de décisions politiques occultant la construction d'espaces symboliques pouvant bénéficier à une Algérie future.
Les jeux démagogiques avaient pignon sur les territoires politiques qui avaient également pris la décision trop rapide de mettre en œuvre une politique d'arabisation, certes légitime, mais sans une sérieuse préparation, déstabilisant encore plus le paysage universitaire et poussant déjà à l'exil de nombreux universitaires. L'écueil de la langue allait engendrer une sérieuse césure. L'enseignement devenait le lieu d'un simulacre de jeu de langues et de tentatives de s'en sortir avec des mots trop approximatifs d'enseignants vite convertis dans une langue qu'ils ne réussissaient pas à maitriser, malgré l'organisation de quelques stages censés leur permettre d'assurer des cours en arabe. Au même moment, les bibliothèques se vidaient, comme si l'Algérie voulait divorcer définitivement avec le savoir. L'enseignement se faisait au rabais préparant des sinistres futurs comme c'est le cas aujourd'hui.
l'université algérienne a atteint un stade avancé de déliquescence. Les revendications restent souvent, en dehors de la production scientifique, absente des travées des établissements universitaires, engluées dans l'organisation de colloques et de journées d'études, dans de nombreux cas, sans lien réel, avec la vocation d'un espace de connaissance. Les revues, souvent sans consistance, n'apportent que trop peu de choses à une université se limitant à gérer les examens, brandissant continuellement des chiffres peu opératoires, marqués du sceau de la pauvreté. Peut-on parler de scientificité dans un univers où Internet est absent, les bibliothèques trop peu fournies, les enseignants se trouvant sans bureaux ou lieux de travail réunissant leurs doctorants dans des cafés, les « projets de recherche », occupant une sorte d'adresse ambulante ? Il y eut même cette histoire d'un pôle universitaire construit, il y a quelques années, à Annaba, sans bibliothèque, d'ailleurs programmée à posteriori. Dans ce contexte désagréable, les étudiants se trouvent obligés de subir les contrecoups de situations parfois improvisées, comme ce casse-tête permanent du passage de la licence au Master. L'étudiant sait à quoi s'attendre à la porte de sortie. La miraculeuse « solution » du LMD (Licence, Master, Doctorat), calqué sur le système européen, qu'on a cherché à discuter après avoir déjà pris la définitive décision de l'appliquer n'a pas encore produit de résultats probants. La lecture des programmes et du contenu des enseignements proposés reste très discutable surtout si on le confronte aux données sociologiques algériennes. L'Algérie n'est pas l'Europe. Déjà, avec une licence de quatre années, de nombreuses filières ne s'en sortent pas, le niveau des étudiants et le manque tragique d'enseignants ne permettent pas logiquement d'adopter les contours d'un système qui exige des moyens considérables. Tout le monde tâtonne, l'université s'installe actuellement dans une sorte d'espace expérimental, avec une flagrante absence des moyens didactiques et d'espaces de savoir (salles de travail pour étudiants, bibliothèques bien fournies, actualisées, amphis dépassés et inutilisables…). On veut à tout prix atteindre le cap des examens, même si comme dans certains cas, les amphis et les salles utilisés, mal construits, rendent impossible toute possibilité d'assurer un cours. L'échange est ainsi exclu.
Aujourd'hui, malgré les incessants appels à de profondes réformes, l'université reste trop silencieuse, marquée par un corps enseignant, en partie, amorphe et une armée d'étudiants dont trop peu réussissent à construire une phrase correcte en arabe ou en français. Cette situation catastrophique, les douloureuses années 90 et l'absence de compensation matérielle aux méritants ont incité des centaines d'enseignants, souvent, ayant produit des travaux scientifiques sérieux, à quitter le pays pour des universités européennes ou canadiennes. Les autres se sont retrouvés dans des universités du Golfe, moins exigeantes sur le plan scientifique. Nombreux ont paradoxalement bénéficié de « mises en disponibilité » continues alors qu'ils allaient enseigner dans des universités étrangères. Absurde ! Etrange ! Jusqu'à présent, l'université algérienne compte des compétences, souvent marginalisées, produisant des textes et des travaux de grande valeur.
Cette dramatique réalité est aggravée par le recrutement de milliers de vacataires ayant pour diplôme une simple licence. Comment, dans ces conditions, l'université algérienne pourrait former des étudiants brillants ou tout juste moyens ? Déjà, le niveau des enseignants prête, dans de nombreux cas, sérieusement à équivoque. Il faut aussi savoir que les conseils pédagogiques se réunissent très rarement. Ce qui engendre de sérieux malentendus. Il arrive parfois que les uns et les autres s'interrogent sur la fonction des enseignants et leurs relations absentes avec les étudiants comme si la raison d'être de beaucoup d'enseignants n'était pas l'étudiant qui a fortement appris à entreprendre une seule gymnastique, celle d'attendre et de quémander les notes. Des enseignants entreprennent une singulière gymnastique, celle d'additionner le plus grand nombre d'heures supplémentaires glanées ici et là, oubliant parfois d'assurer leurs cours normaux. N'est-il pas temps d'y mettre fin en les supprimant carrément ? Ne serait-il pas également d'imposer un quota d'achats de livres et d'abonnements obligatoires de revues spécialisées dans le cadre de la prime de documentation et d'éviter de mettre des freins à la recherche en instaurant des autorisations de communiquer en Algérie et à l'étranger. La recherche est l'espace, par excellence, de la liberté.
Le fonctionnement de ce qu'on appelle communément « conseils scientifiques » ne correspond nullement à la vocation scientifique de tels comités aujourd'hui réduits à n'être le plus souvent que des lieux comptables obéissant aux désidérata d'une administration trop peu intéressée par les jeux réels de la gestion d'établissements à caractère scientifique. Bourses bidon, rapports de soutenance faits à la va-vite, dont le temps de lecture se confond parfois avec le temps de la remise de la thèse, jurys de complaisance, jurys sans spécialistes de la question traitée dans la thèse, le plagiat est monnaie courante, publication d'articles dans des revues suspectes…constituent le lot quotidien d'une culture de l'ordinaire trop marquée par la complaisance et les jeux d'appareil. Les membres de certains conseils scientifiques ont appris, à l'instar de nos députés, à lever la main suivant celle du chef. L'éthique et la déontologie à la poubelle. C'est démodé et c'est ringard, parait-il. Les membres de ce conseil, ignorant le plus souvent les textes règlementaires (notamment le chapitre 4 du décret du 17 aout 1998 régissant le fonctionnement des conseils scientifiques), méconnaissent leurs prérogatives et évacuent souvent l'administration des questions scientifiques, cherchant parfois à satisfaire l'espace administratif (département, doyen, rectorat) en allant dans son sens, jusqu'à rédiger des communiqués de soutien ou de condamnation, qui ne sont nullement de leur ressort. Quand aura-t-on affaire à des débats scientifiques dans des universités où de nombreux enseignants demeurent encore prisonniers de la reproduction de cours jamais actualisés et d'articles ressemblant davantage à des exposés d'étudiants ? Un fonctionnement démocratique de l'université, avec un système électif, rompant avec cette pratique trop totalitaire des désignations, favorisant l'allégeance et le clientélisme, pourrait permettre de sérieux changements qualitatifs.
Les jeux sont truqués, les pouvoirs publics comme de très nombreux enseignants semblent se satisfaire d'une réalité qui sauvegarde les privilèges du grand nombre et pénalise lourdement les compétences. Il est des professeurs qui ressassent le même cours depuis leur recrutement, d'autres reproduisent tout simplement le cours de leurs professeurs. Le drame de la qualification reste posé dans la mesure où des professeurs et des maîtres de conférences assurent des cours et dirigent des thèses ou des mémoires ne correspondant nullement à leur spécialité. Autre chose : l'institution maladroite d'une prime de 100000 da à chaque enseignant ayant réussi à faire soutenir un doctorant en moins de quatre ans a suscité des arrangements trop peu éthiques.
Des mémoires de magister et des thèses de doctorat sont dirigés par des enseignants étrangers à la spécialité. D'autres sont de véritables touche à tout. Ce qui pose souvent le problème des mémoires et des thèses soutenus, parfois (euphémisme ?) teintés de plagiat. Cette pratique semble marquer le secteur des lettres et des sciences humaines, mais aussi les sciences exactes. On se souvient des universitaires japonais qui s'étaient plaints à l'administration d'une université algérienne contre le vol de leur travail par un enseignant algérien. Il serait nécessaire de passer au crible tous les mémoires et thèses déposés, en utilisant les logiciels anti-plagiat par exemple. La pratique est devenue ordinaire. Ces derniers temps, l'image de l'Algérie est ternie par des cas de plagiat-avérés ou supposés-de plagiat, rendus publics dans la presse internationale.
Le statut de l'enseignant-chercheur y fait explicitement mention. Le ministre de l'enseignement supérieur a même promis des sanctions contre ces pratiques extrêmement condamnables. On attend également la mise en place de comités d'éthique qui sont, pour le moment, aux abonnés absents. La chose scientifique est dévalorisée dans une université marquée par la primauté de l'espace administratif à tel point que les bureaux des responsables et leurs subalternes occupent des superficies exagérément grandes alors que des professeurs, sans gîte de fonction, côtoient dans les couloirs leurs étudiants, également privés de salles de travail. D'ailleurs, l'administration semble trop passive, fragilisant ce corps hétéroclite, dans sa majorité amorphe et d'un affligeant conservatisme, en mettant en place un système de rente s'accommodant parfois avec l'illégalité comme la nature de la rétribution des responsables (chefs de département, doyens, vice-recteurs ou chefs de domaines ou de filières). Il ne faut nullement parler dans de nombreux espaces universitaires de micro-ordinateurs ou d'Internet, totalement absents de l'univers enseignant et étudiant. Ainsi, la distribution des bourses ressemblant étrangement aux fameux bénéfices de la révolution agraire, pénalise lourdement les réels méritants. Ne serait-il pas plus juste de n'accorder ces émoluments qu'aux seuls enseignants possédant un projet et ne pouvant pas trouver leurs documents ou leur matériel en Algérie ? Il serait utile d'exiger au retour de chaque mission un rapport détaillé pour chaque bénéficiaire qu'examinerait sérieusement l'instance scientifique.
Mais souvent le conseil scientifique a pour fonction de comptabiliser, calculette en bandoulière, les points pour permettre à des centaines d'enseignants de bénéficier de ces bourses. L'université se muerait en agence de voyages. Les responsables bénéficient automatiquement de cette allocation sans passer par le cap de la sélection. Le conseil scientifique qui n'est que consultatif s'intéresse rarement au côté scientifique à tel point que des colloques sans fin, avec des sujets généraux, sont organisés permettant exclusivement aux uns et aux autres de bénéficier d'attestations à présenter à la commission universitaire nationale. Parfois, des enseignants interviennent dans de nombreux colloques en changeant tout simplement le titre de sa communication. L'attestation servirait à un futur dossier pour une éventuelle promotion à un grade supérieur. La thèse subit de sérieuses frappes chirurgicales, se démultipliant en plusieurs morceaux publiés dans des revues encore trop peu performantes, permettant à l'auteur de gagner de nombreux points et de postuler à une promotion où être enfant de chahid ou moudjahid permet à l'heureux élu de remporter la victoire en glanant des points et des années et de devenir professeur en un temps plus court. Quand le scientifique épouse l'Histoire, la fausse couche n'est pas loin. L « habilitation à diriger des recherches », appelée à changer, fonctionne également de cette manière.
La recherche reste encore peu présente dans un univers où trop peu de professeurs ont publié des ouvrages scientifiques, hors des textes à comptes d'auteurs. L'absence d'une structure sérieuse de publication universitaire ne règle pas la question lancinante de l'édition. On ne sait pas si l'OPU (Office des publications universitaires) existe toujours. Elle serait inscrite aux abonnés absents de l'université. Les laboratoires et les projets de recherche restent encore des espaces peu marqués par les jeux de la performance et de la qualité.
Si dans les années soixante-dix et quatre vingt, malgré toutes les contraintes, il existait à l'université des voix intellectuelles, aujourd'hui, nous avons souvent affaire à de simples reproducteurs du savoir, sans interrogation. D'ailleurs, souvent les articles des universitaires sont prisonniers de leurs sources livresques et de leurs références bibliographiques ignorant le plus souvent le terrain ; pour parler de l'Algérie, il faudrait passer obligatoirement par des médiations théoriques livresques.
Dans ce contexte peu reluisant, est-il possible de parler de l'existence d‘une université nationale ? Les moyens matériels (ronéo, photocopie, micro-ordinateurs…) ne sont pas mis à la disposition des enseignants et des étudiants appelés à se débrouiller dans des établissements supérieurs où toute activité culturelle est répudiée, exclue. Ni ciné club, ni théâtre, ni espaces littéraires et de débats. Les bibliothèques sont tellement vides que de nombreux enseignants obtiennent des bourses pour se documenter dans des bibliothèques étrangères comme la bibliothèque El Assad de Damas qui n'est d'ailleurs pas très fournie, sa direction s'est plainte du manque de sérieux de nombreux universitaires algériens. Ce ne sont pas les interminables réunions qui suppléeront au grave déficit sur le plan scientifique et pédagogique. De nombreuses écoles doctorales se sont même substituées à la fonction publique en limitant l'âge pour le concours de Magister ou l'inscription en thèse de doctorat. Il serait plutôt temps de faire un sérieux état des lieux de ces écoles doctorales comme l'école doctorale algéro-française de français par exemple.
Souvent, quand on parle du problème de la qualité de l'enseignement, on jette la pierre aux étudiants comme s‘ils étaient les seuls à gripper une machine depuis longtemps défaillante. Les étudiants savent bien, qu'une fois les études terminées, la rue les attend ou ce rêve trop illusoire de prendre babor l'Australie pour paraphraser l'ami Fellag. Déjà, à l'université, ils vivaient une sorte de perpétuel ennui que n'arrangeait pas du tout l'absence de livres dans des bibliothèques trop peu fournies et d'activités culturelles.
Aucun débat sérieux, hors quelques colloques, n'est possible à l'intérieur de nos universités. Il est parfois à regretter l'absence de l'enseignement des littératures algériennes d'expression arabe ou de textes arabes récents dans les départements de lettres arabes (graduation), prisonniers des temps anciens, de travaux autonomes (magisters ou doctorats), pas de seconde main, des départements d'Histoire, de communication ou de quelques langues étrangères (« civilisation » par exemple, trop vague…).
Il est peut-être temps de réfléchir sérieusement à un statut spécifique de l'université tout en définissant les contours de cette structure sans laxisme ni jeu de passe-passe en l'ouvrant sans complexe à des compétences étrangères. L'université est un espace élitaire exigeant un fonctionnement particulier ; l'enseignant aurait ainsi une place de choix dans une société qui apprendra à le respecter s'il entreprenait une sorte d'autocritique libératrice. L'université devrait être autonome, éloignée des discours néolibéraux qui semblent la viser, dirigée par un personnel élu au niveau de tous les espaces de responsabilité (recteur, doyen, chef de département).
Ce qui lui permettrait de se libérer des carcans bureaucratiques et du poids des désignations, souvent produits d'arrangements extra-universitaires tout en demeurant un véritable service public.
C'est cette université au service des étudiants et d'une Algérie ouverte au monde et au savoir, à travers le recrutement de compétences étrangères qu'il est temps de bâtir. Cette augmentation des salaires, contrairement aux discours des syndicats, ne changera rien à la situation de l'université si des décisions concrètes et courageuses ne sont pas prises dans le sens de la revalorisation du savoir et d'une sérieuse réorganisation de l'université, en partant de situations concrètes.


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