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Etat d'urgence et urgences de l'Etat
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 17 - 02 - 2011

Le jeu complexe du politique ne brille ni par sa transparence, ni par sa cohérence. Les dernières tonitruantes et insidieuses déclarations politiciennes, loin d'apaiser les tensions sociales, n'ont fait qu'accroître les ressentiments.
L'histoire évolue. Les oligarques régressent. Deux d'entres eux, considérés comme des valeurs sûres par l'Occident, viennent d'être happés par la spirale des révoltes qui secouent en ce moment le monde arabe. D'autres sont en ligne de mire. Aucun pays n'est immunisé. L'Algérie, dont le processus démocratique est au point mort, vit dans la tourmente depuis plusieurs années. Ses turbulences ressemblent étrangement à celles de ses voisins. Même très violemment réprimée, l'agitation sociale n'a jamais connu de répit. Entouré par sa police et son armée, le pouvoir arbitraire et capricieux se croit fort. A travers les médias publics qu'il monopolise et les journalistes liges à sa solde, il tente en vain de donner l'impression fallacieuse qu'il est bon et que ce sont les manifestants qui sont des hors-la-loi. Un son de cloche trop souvent entendu.
Ce qui vient de se passer sous nos yeux, c'est un peu l'histoire du serpent qui avale l'éléphant. Image symbolique certes, mais qui a le mérite de lever le voile sur les coulisses du pouvoir politique. Si l'on en juge par l'inquiétude qui s'est emparée du président, sa perte de contrôle n'a d'égal que son incapacité à instaurer une démocratie véritable et à agir sur les événements autrement que par des louvoiements. Désemparé face à l'ampleur de la protesta, il fait feu de tout bois. Après avoir arbitrairement interdit toute opposition crédible, après avoir bloqué tous les canaux de communication, toutes les marches et tous les rassemblements, le voici maintenant obligé de recourir à la force brutale pour museler la conscience populaire. Jamais au grand jamais, les services de sécurité n'avaient eu recours à un tel déploiement de force (plus de trente mille policiers alignés pour faire face à moins de trois mille manifestants). Signe de panique certain et signe de faiblesse paradoxalement, l'arrogance est mauvaise conseillère. Contrairement à ce que certains observateurs pensent, le régime ne tient la situation en main que par la brutalité de ses sbires et de ses hommes de main dénués de scrupule.
En interdisant tout accès vers la capitale, et en procédant à des arrestations massives, les maitres de céans affichent un sentiment de victoire. Grosse maladresse ! L'ébullition en cours ne cessera que lorsque le peuple entrera, au besoin par effraction, dans une nouvelle ère démocratique. C'est mal connaître l'Algérien que de penser qu'il n'a plus sa fierté d'antan. Frondeur avant 62, il le demeure à ce jour. Décimé, asservi et quasiment exterminé, durant cent trente deux années, par une domination coloniale féroce, sans précédent dans l'histoire, le peuple algérien a fini par relever la tête. Sa libération n'a cependant pas été un long fleuve tranquille. A côté des révolutionnaires et des véritables héros qui n'ont pas hésité à sacrifier leurs vies, il y avait aussi des parias, des traitres, des harkis et des lâches qui ont fait couler beaucoup de sang de leurs frères. Il y avait aussi les monstrueux parasites qui, avant même le départ des colons, ont fait main basse sur le pouvoir et sur les richesses du pays. Ces derniers, tapis à l'ombre du pouvoir, poursuivent encore et en toute impunité le dépeçage du pays. Au lieu d'envoyer leurs pitbulls menaçants contre la mafia politico-financière, au lieu de s'en prendre aux prophètes autoproclamés qui, quinze années durant, ont laissé la population exsangue, le pouvoir actuel préfère s'en prendre aux marcheurs inoffensifs qui réclament un Etat de droit à même de protéger les plus vulnérables et de leur apporter un sentiment de sécurité et de confiance.
Le martyre devrait-il être le seul destin du peuple algérien ?
Quarante neuf années se sont écoulées depuis l'indépendance et ce valeureux peuple, aujourd'hui rajeuni, souffre encore des stigmates du passé et des injustices du présent. Tout comme leurs ainés qui ont brisé les chaînes de la dépendance, les jeunes d'aujourd'hui refusent l'humiliation. Ils veulent s'affirmer, se libérer de la chape de terreur et se débarrasser de tout ostracisme et de tout asservissement. Ce sont toujours les injustices qui nourrissent les révoltes. A terme, ces dernières peuvent se transformer en révolutions. Que peut-il bien se passer dans la tête de ceux qui, consciemment, délibérément, attisent les haines et la discorde ? Comment se fait-il que ceux qui entretiennent le chaos pour se perpétuer et poursuivre leur entreprise de prédation ne soient jamais inquiétés ? Est-il normal d'absoudre de leurs fautes ceux qui provoquent l'insécurité dont ils ont besoin pour masquer leurs délits ?
Il en est ainsi à chaque grande manifestation. Cela commence par des mots qui fâchent, des insultes tranchantes comme un scalpel, des réparties cruelles qui cinglent fort. Et puis, très vite, arrivent les bousculades, les coups de matraques aux endroits sensibles et les arrestations odieuses qui donnent le signal à l'embrasement généralisé. Ces gestes de folie de la force publique détruisent toute velléité d'entente et transforment le rêve en cauchemar collectif. La primauté accordée à la répression brutale a provoque un schisme dans notre pays. Comment sortir de ces arcanes politiques putrescents où règne un autoritarisme sans limite ? Nul ne peut prédire ce qui se passera samedi prochain. Mais, une chose est certaine : les luttes à venir seront acerbes et ardentes. Le chemin vers une démocratisation du système est parsemé d'embûches et les bornes à franchir nombreuses. L'Etat manœuvrier a fait sortir ses tambourineurs de leur léthargie. On les voit surgir de partout, satisfaits d'eux-mêmes, moralisateurs, distillant avec force un argumentaire alambiqué et des promesses à l'emporte-pièce. Ministres, sénateurs, députés, maires, walis, conseillers de tout poil et laudateurs, qui ont tout à perdre d'un changement, s'agitent comme dans une ruche inquiète, balisent le terrain pour de nouvelles épreuves en s'appliquant à respecter à la lettre, la «feuille de route» tracée par le chef d'orchestre, sans même s'interroger sur sa clarté.
Entre l'amère senteur des glauques et les intérêts sordides, le quotidien est triste à en pleurer. Où allons-nous ? Serions-nous à nouveau colonisés sans le savoir ? Comment ne pas redouter le pire ? Rien n'interdit de penser que l'on est à l'abri du totalitarisme ou d'une dictature plus affirmée. Rien non plus ne nous autorise à croire que l'on est sorti de l'ornière du nihilisme terroriste qui nous éclabousse encore de ses soubresauts sanglants. On aurait tort de ne pas se soucier des signes avant coureurs qui donnent tout leur sens à ces lancinantes interrogations. Les faits récents témoignent de la montée bien réelle des périls : une activité économique en stand by, un Etat de droit en désagrégation, une emprise plus croissante des parasites et un peuple asphyxié par strangulation qui s'enfonce chaque jour un peu plus dans le mutisme et le désespoir. La montée des pratiques déviantes qui s'effectue au grand jour avive les inquiétudes et sème l'effroi. A côté des grandes connivences, combien de petites lâchetés dont l'étalage fâcheux accentue le climat de surenchère ? Combien de scandales politico-économiques étouffés dans l'oeuf ? On voudrait bien sortir de ce tohu-bohu politicien. ne plus lire la presse, mais celle ci s'impose à nous, nous harcèle et nous oblige à assister, impuissants, au spectacle navrant d'un pays qui se perd à vau l'eau.
Finalement, rien n'a fondamentalement changé ou presque dans les mœurs politiques. L'indicateur du climat politique est toujours en stand-by et la côte de confiance en baisse. Aucun signal clair de reprise. L'esprit d'intolérance s'enracine et la fureur politique est à son paroxysme. Selon le baromètre social, le débat public, de plus en plus monocorde, exacerbe les passions. Le bilan de ces douze dernières années tourne au fiasco. L'Etat, qui s'est avéré être un piètre stratège, n'arrive pas à remettre le pays sur les rails. Le résultat de tout ce remue ménage est malheureusement bien connu : de nouvelles servitudes pour les citoyens, plus lourdes et plus inflexibles que les précédentes. Il faut admettre qu'il est bien difficile de trouver une cohérence à toutes les gesticulations politiques des Flnistes en pleine déconfiture, des Rndistes insubmersibles qui s'agrippent fort au pouvoir, des PTéistes qui tournent casaques, et de khobzistes coriaces qui hésitent sur l'outsider à suivre. En fait, si rien n'est fait avant les législatives de mai 2012, l'hypothétique alternative politique, s'inscrira automatiquement aux calendes grecques.
Etat de droit ou Etat des partis
Mais qui incarne ce «système» dont on parle tant ces dernières années ? Le président au trois quart, les militaires, les services de sécurité, ou tout à la fois ? Nul n'ignore en fait que le véritable jeu politique se poursuit ailleurs, loin des antres feutrés, bien à l'abri des regards indiscrets. Ses «boss» de service, FLN, RND, HSM réunis dans une alliance, dite présidentielle ont investi la scène politique par un savant dosage de religiosité et d'affaires. Tous ces partis politiques, alibi du pouvoir, ainsi que les membres des deux chambres parlementaires et même le Conseil constitutionnel, n'ont été autorisés qu'à faire de la figuration. Aux friponneries des courtisans et des notables politiques, a succédé la corruption au plus haut niveau. Ses flammes ont investi les plus hautes sphères de l'administration dévastant tout sur leur passage. Les dégâts causés sont impressionnants. Des milliards sont partis en fumée. Qui nous dira le montant d'argent public dilapidé dans les gouffres de l'inconscience des dirigeants ? Qui nous expliquera pourquoi les auteurs de délits aussi énormes ne sont ni inquiétés ni justiciables ? Ces crimes horribles contre la nation, demeureront-ils impunis à jamais ? Leurs auteurs seront-ils amnistiés par une concorde blanchisseuse ?
Des frasques de Zeggar des années 70, aux filouteries récentes, la corruption d'Etat n'a ni changé de style, ni même cherché à dissimuler ses nasses. La seule différence est que le pillage des ressources par la violence ou par la terreur se poursuit à un rythme effréné. Aux feuilletons «Shorafa», «Al Khalifa », «BCIA»... qui ont défrayé la chronique il y a quelques années, sont venus s'ajouter de nouveaux scandales financiers fortement médiatisés, qui ont porté le coup de grâce à une gouvernance vacillante qui ne réagit quasi plus. La palme d'or de la cupidité et du désir immodéré de puissance et de gloire a été attribuée à été partagée aux cadres de Sonatrach, à ceux des autoroutes et à ceux des barrages, à ce jour impunis. Que dire des fortunes colossales qui ne cessent de se constituer au pays comme à l'étranger, fruits de la rapine et du pillage des ressources ? Comble de l'incohérence : les pestiférés que l'on cloue au pilori, ce ne sont pas les pilleurs de ressources, ni ceux qui ont montré leur incapacité à mettre un terme aux dérives et à la corruption, mais plutôt ceux qui les dénoncent et qui dévoilent au grand jour l'incurie et la déliquescence. Ainsi va ce pouvoir autoritaire qui persiste et signe en hypothéquant gravement l'image d'un pays qui vit crise sur crise.
Les attaques frontales contre les décideurs iniques, auxquelles se sont livrées quelques journalistes, montrent bien, qu'au delà du gouvernement, du président de la république et des services, c'est le système dans son ensemble qui est mis sur la sellette. Cela inquiète les francs-tireurs et tireurs au flanc qui fourbissent déjà leurs armes pour sauver leur tête et créer le chaos. Face à ce Méli-mélo, les citoyens se déclarent pessimistes et même profondément inquiets. Désormais, le bunker gouvernemental s'offre aux regards indiscrets. Les hommes politiques et les cercles mafieux – du moins certains — sont devenus particulièrement vulnérables. L'onde de choc emportera tout dans son passage. Qu'on se le dise. Tant que la justice demeurera soumise à l'Etat, tant que le contrôle démocratique fera défaut, tant que le véritable pluralisme politique et médiatique ne sera pas instauré, et tant que les Algériens demeurent empêchés de jouer leur rôle de citoyens, les escrocs, les entremetteurs et les receleurs couleront des jours heureux dans une Oasis arabe ou sous d'autres cieux plus cléments, aux frais du contribuable qu'ils auront spoliés. Sans dramatiser outre mesure la situation, il nous semble urgent de prendre au sérieux les menaces qui planent sur nos têtes.


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