Dédié à la coopération économique d'abord, la quatrième session du Forum de Crans-Montana n'a pu éviter l'actualité brûlante du monde arabe. Abdelhamid Temmar, qui a été distingué par le prix de la fondation, a eu fort à faire pour l'image de l'Algérie. Tenue du 16 au 19 février à Bruxelles, la 4ème session du Forum «Crans-Montana» a été consacrée à l'Afrique et au monde arabe. Ministres, patrons d'entreprises publiques et privées, chercheurs et lobbyistes ont débattu de sujets d'actualité divers concernant les politiques économiques nationales, la coopération, les stratégies énergétiques, les questions humaines et démographiques, le tourisme, le phénomène terroriste, etc. L'Algérie a été représentée par le ministre de la Prospective et des Statistiques, Abdelhamid Temmar, les PDG de Sonatrach, de Sonelgaz et de Saidal, ainsi que des patrons d'entreprises privées telles Giga, SIM, NCA, etc. Signalons tout de suite que l'Algérie a été, avec deux autres participants, lauréate du prix de la Fondation «Crans-Montana». Ce fut le ministre Abdelhamid Temmar qui a reçu le prix des mains du ministre des Finances belge, Didier Reynders, qui a présidé la cérémonie de remise des prix. A ce stade, et lors de son allocution, le ministre belge a évoqué les circonstances tendues que vit le monde arabe en ces moments, et a émis l'espoir que les revendications de la jeunesse soient entendues et que les gouvernants arabes rejoignent cet appel à la liberté et à la démocratie de la jeunesse. «Notre préoccupation ? Ce sont les jeunes. Il faudra relever le défi démocratique pour que la jeunesse puisse trouver sa place dans la politique, l'économie Nous sommes prêts à aider à cela », a-t-il déclaré. Ce qui a fait «grommeler» le ministre algérien, alors qu'il recevait le prix en question du ministre belge. «J'ai été troublé par vos propos concernant la jeunesse algérienne alors que l'Algérie construit, importe et dépense jusqu'à 200 milliards de dollars par an » Ces quelques propos entendus au micro ont fait réagir le président d'honneur du Forum, et modérateur pour la circonstance, M. Jean Paul Carteron : «Vous aurez, dans un instant, la parole M. Temmar, ne vous inquiétez pas.» Chose promise, chose due. Dès la fin de la cérémonie de remise des 3 prix et des deux médailles, le ministre algérien au pupitre annonce d'emblée : «Je ne savais pas qu'il fallait préparer un discours - après la remise du prix - auquel cas j'aurais mis à profit mes talents de professeur. Soit » Et M. Temmar de se lancer dans un plaidoyer sur les efforts «titanesques» accomplis par l'Algérie durant la dernière décennie : «30% de taux de chômage en 2002, contre 9,4 % aujourd'hui. Nous avons 1,5 million d'étudiants et 45 universités Nous avons construit 1.400 km d'autoroute, sachant que le kilomètre coûte 7,5 millions de dollars Nous avons édifié des ouvrages pour ramener de l'eau de l'est du pays vers l'ouest qui en manque cruellement » Puis de se rappeler : «Crans-Montana est quelque chose d'important pour moi, parce qu'il marque mon retour à la politique après 20 ans d'exil. Ce fut lors de la première sortie à l'étranger du président Bouteflika, en 1999. Crans-Montana sera dans mes mémoires.» Le ministre algérien a mis l'accent sur les réformes touchant à tous les domaines de la vie nationale : les ressources humaines, l'administration, l'économie, etc. avant de résumer : «L'Algérie est l'un des rares pays au monde à ne pas avoir d'endettement. Un endettement de zéro %.» En marge des travaux du Forum, juste avant la pause-déjeuner dont-il était l'hôte, M. Temmar nous a concédé quelques minutes. Il passe rapidement sur le Forum : «Vous avez le programme ?» questionne-t-il en réponse à la question sur le sujet du jour. Puis de lui-même, il aborde l'actualité nationale. «Il est certain que notre pays a quelques autres difficultés, mais il faut comprendre que ce ne sont pas les jeunes qui appellent à manifester, comme chez nos voisins, mais ce sont des partis politiques l'Algérie a recyclé totalement sa rente - hydrocarbures - dans le développement du pays», explique-t-il, avant de donner des exemples : routes et autoroutes, logement social, éducation, agriculture, etc. Ainsi, «Crans-Montana», prestigieux Forum dédié à la coopération internationale, s'est transformé lui aussi, à Bruxelles, le temps d'une cérémonie, en un prétoire au nom de la jeunesse. Lancé en 1989 en Suisse, Crans-Montana a fêté ses 21 printemps à Bruxelles.
