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Ouyahia : un homme, un destin
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 07 - 04 - 2011

A la télé, il était tout, sauf Premier ministre ou président de parti.
Il se serait mis conjoncturellement dans la peau de monsieur Tout-le-Monde. Il n'a rien dit d'essentiel. Mais a suscité beaucoup d'interrogations.
Au titre de citoyen badaud ou fonctionnaire flemmard,il passait plus qu'un militant d'un idéal indéterminé. Son angélique visage fait penser à ceux qui l'entraperçoivent pour une première fois, qu'ils sont en face d'un gentil pédiatre. En fait, il est affable, courtois et surtout tolérant. Bon père de famille, digne fils, tranquille en dehors des horaires de ses vacations. Mais en surface, sur ce plateau ; en cette soirée l'homme défiait toute naïveté. Un ton trop évasif, lui avait permis, car choisi ; de contourner avec une attitude de niais, les virages dangereux qu'emprunte la politique nationale depuis janvier. Cette politique qui se laisse faire, se laisse aller au gré de l'information provenant de la chute ou non des régimes mis sous test populaire. La Libye et le Yémen. Maintenant la Syrie. L'invité de l'écran, à ce propos est arrivé, diplomate résiduel qu'il reste à créer une rhétorique que « l'Algérie soutenait les Etats et non les régimes ». Ouyahia dans cette scène sentait le génie personnifié. Eh oui ! Il était impeccablement subtil, tant qu'il a pu dérouter, dès le lendemain tous les titres. Lui, goinfre et affamé de tout ce qui se scripte et se graphe. A son honneur dirions-nous. Car la prestation offerte ne ressemblait en rien au débit oral entretenu jusqu'ici par l'intervenant. Sa qualité de Directeur général des ministères ou de parti avait un peu compati à son pli, habituant ses auditeurs à plus de flux verbal et de reflux salivaire. Le monsieur est un loup blanc, l'avions-nous connu, en termes de verbiage, chiffres et loquacité. Néanmoins, il usa de tout un substrat métaphorique qu'il condensa dans une forme d'hilarité déconcertante, le plaçant ainsi un peu au-dessus de l'actualité.
Si Giscard d'Estaing porte en son sein patronymique une phonétique providentielle (Giscard destin) le laissant affirmer qu'être « président de la république n'est qu'une rencontre d'un homme avec son destin », Ouyahia doit croire aussi à la béatitude sémantique. Car l'homme sémiologique Ouyahia, traduit devient littéralement un verbe présent éternellement conjugable au futur de 2014. « Revivra » « ou vivra ». Quand il observe son passé composé, il est tout de même heureux de ce présent plus que parfait et ne craint pas ainsi que son futur soit un temps simple ou imparfait même si un deal conditionnel reste un à établir.
Le monsieur n'attire pas vers lui toutes les douceurs. L'on dirait qu'il fait tout pour qu'il se mette dans des situations peu enviables. Il suscite la parole satirique tout en suggérant les failles possibles dans lesquelles, il se met de la façon la plus expresse. Gestionnaire orthodoxe, il s'attire les foudres du populisme. Impopulaire dans ses mesures, il persévère dans son inflexibilité budgétaire et économique. Quand le monsieur parle, il attise l'ire de son auditoire. Quand il propose il se soumet sous une moissonneuse batteuse verbale qui ne finit pas de si tôt son travail. Alors quand il décide, il se fait verser du vitriol en pleine gueule. Le monsieur n'est pas un nouveau-né, comme le fut sa machine-parti. Il provient de la profondeur des entrailles systémiques. Il semble même être à l'origine de la régénération vivifiante du système lorsque celui-ci se trouva en phase finale de pénitence. On dit ne pas l'aimer trop, mais il semble utile à la stabilité des barres parallèles du pouvoir.
La chefferie gouvernementale ou la primeur ministérielle ne l'émeut plus outre mesure. L'homme pourvu d'un long pragmatisme s'attelle sans le dire à aller vers la rencontre d'un destin. Mis à maintes fois en porte-à-faux avec Bouteflika celui que l'on qualifie mal à l'endroit de cet homme comme étant un tuteur potentiel, il avait su maintenir la case successorale toujours à son avantage. Son parrain se trouve déjà loin dans les arcanes du pouvoir. Ouyahia, rodait, à peine ayant atteint ses 25 années dans les alentours de la présidence où il intégra sans fracas l'équipe des relations publiques. Son esprit se forma à l'esprit d'équipe et son sens relationnel et public s'aiguisa davantage. L'esbroufe et le coulissage, il en a vu, stagiaire. Il s'en est inspiré, titulaire. Peu après Zeroual ; prônait en lui alors la jouvence qui manquait au rafraichissement des icones de l'Etat. L'homme semblait posséder à merveille l'art de conduire les rapports les plus difficiles dans la problématique institutionnelle. Il savait aussi gérer les cabinets. Lieu où tous les mystères sphériques du pouvoir se dissipent ou s'accentuent. Son privilège c'est d'avoir été l'homme des conjonctures inouïes et d'être l'homme de toutes les conjonctures. Affabulé sur le terrorisme résiduel, attaqué sur les ponctions, désavoué sur la non-augmentation des salaires, le robot humain Ouyahia, politiquement insensible avance sereinement en face de l'imperturbable et de l'irrésistible. Sa force ne résiderait-elle pas fermement dans cette puissante aptitude à l'encaissement ?
« Lui, n'a jamais envisagé une seule seconde une action d'émancipation à l'égard de la maison mère. Intelligence des situations ou carriérisme sans relief ? » S'est interrogé un confrère en février 2000. Ceci reste, 11 ans après comme une certitude inébranlable. Seulement que l'homme dans son intervention télévisée a parlé de « maison » et du « propriétaire de la maison ». Croyant qu'il faisait allusion au président de la république, l'animatrice s'est reconquise quand il «propriétés» la maison au peuple, seul détenteur légal de l'acte patrimonial. N'y a-t-il pas ici une certaine distanciation à l'égard de l'opinion officielle établissant la propriété à une personne, à un clan ou à autre légitimité ? L'émancipation qui lui manquait une décennie durant n'est-elle pas ainsi inscrite dans un commencement d'ébranlement ? Mais l'homme caractérisé par un excès de prudence, vogue comme un esquif léger dans une mer qu'il sait totalement agitée. Il tente d'éviter les éventuels écueils tout en étant rassuré de l'orientation prise pour lui et sa traversée. Niant toute crise politique, à moins qu'il en fait une autre analyse il passe furtivement sur le feu qui s'excite et souffle dans l'attente de se propager dans la « maison ». Il entretient sciemment l'amalgame brouillon sur le paysage politique, sachant en toute évidence que des réformettes simples et administratives ne peuvent créer l'effet rénovateur et rédempteur tant attendu. Il enfonce le silence et accentue la loi de l'omerta sur l'ouverture du champ audio-visuel tout en esquivant mais sans conviction les remous dans la scène régionale que provoquent les révolutions arabes. Il réfute l'effet domino.
Défenseur émérite du « patriotisme économique », qu'il théorisa en néoprotectionnisme ; il s'est mis sur le dos tout le patronat français et national pour les mesures fiscales annoncées dans la loi de finances complémentaire de 2009. A ce chapitre le monsieur s'est illustré comme un vaillant combattant des intérêts de la nation. Ces mesures ont provoqué un climat d'hystérie au sein du mouvement patronal français. La relation algéro-française osait, sinon s'était compromise. M. Courtaigne, vice-président et directeur général de Medef international affirmait lors d'une séance de travail « c'est aussi l'occasion de mettre au point les messages politiques et économiques que nous délivrerons aux autorités algériennes lors de la délégation de chefs d'entreprise qui aura lieu du dimanche 22 au mardi 24 novembre 2009». Réunion d'ailleurs fermée à la presse dans une terre de liberté. Lui emboitant le pas des élus de la ville de Marseille demandaient à être reçus par le Président Bouteflika. Un chef d'entreprise français gardant l'anonymat confiait alors «Le contexte est particulier, les soubresauts politiques déteignent sur l'économique et vice versa ». Ouyahia aurait-il usé par tout ce stratagème d'un alibi fiscal et commercial pour faire fléchir une position politique que la politique nationale n'avait pas pu engendrer ? Avait-il réussi à faire d'une simple disposition financière ce que la diplomatie a échoué de faire ? C'est son coté de techno-politicien économique qui semble le mieux resurgir de sa prestation. Comparant l'économie algérienne en 2011 à une R8, l'homme tous attributs fonctionnels confondus ; continue à croire à la fragilité de l'appareil industriel et économique du pays. Sa position de patron par filialisation du secteur public économique, à travers les holdings et le CNPE font de lui un œil vigilant et trop regardant. La CNI est une autre manette de régulation des grands dossiers de l'investissement. Ce sont en fait ces grandes prérogatives qui font ou défont un décideur. Le président de la république veillant à l'équilibre des forces politiques, n'a pas assez de flair pour l'essence économique, laissée en legs, aux bons soins d'un chef du gouvernement reconverti en prime-minister.
Le destin de cet homme n'est qu'une prédestinée. Il ne peut en dehors de l'acte politique, faire autre chose. Invétéré dans la gestion de la collectivité locale, ses tares y sont multiples. Si l'on lui nomme des ministres avec qui la symbiose de l'approche gouvernementale n'est pas prête pour déclencher le travail d'équipe, l'on peut dire qu'Ouyahia est parfois seul, en compagnie cependant de quelques ministres partisans, à assumer l'irrationnel politique. L'observateur sait, qu'il n'a pas les coudées entièrement franches dans le choix des hommes. Des ministres sont prescrits comme un médicament dans une ordonnance au même titre que le sont certains walis. Sinon par quoi va-t-on justifier cet écart comportemental qui sépare le chef de ses représentants ? Quel est ce critère sélectif, politique ou managérial rendant ministre le ministre, et wali le wali ? Au moment où Ouyahia, ouvert et tolérant, nonobstant leur impertinence gratifie souvent ses détracteurs, certains walis méprisent les plus nobles des leurs : les éboueurs communaux. Ces walis qui dans leur quasi-majorité défient les limites d'âge (68 ans ?) pensent n'avoir rien à perdre maintenant. Révolution ou pas, émeute ou pas. Ils ne risquent absolument rien. Evincés, limogés ou mis fin à leurs fonctions ; ils ne seront que dans une retraite tardive, étant dans une situation de profit (fayda). Une année… après, c'est l'épitaphe, l'esseulement funéraire et l'oraison funèbre qui les guettent. Pourtant, il existe à leur honneur certains gouverneurs de wilaya, peu nombreux hélas qui continuent à croire que « le développement est un ensemble d'équations à plusieurs paramètres » il suffit disent-ils, « d'avoir en finalité comme objectif la création du bonheur social ». En même temps, d'autres moins enclins à la culture d'Etat, réduisent la gestion locale à un assaut permanent où le « tu m'emmerdes !» vociféré à tous les ordres du jour, n'est pas à leur sens (le sien) ; un propos insalubre et outrageux. C'est ici, en face de la l'insolence que la révolution des bureaux devait commencer. De tels potentats favorisent l'ampleur de la contestation civile, quand ils ne se trouvent pas bêtement derrière. Ouyahia est interpellé à plus d'un titre de mettre fin a ceux qui « nommés par erreur subsistent peut être par oubli »
Comme l'opportunité est parfois une option à saisir au vol, Ouyahia tentera-t-il durant les 3 années à venir de se faire un lifting politique et se préparer à l'échéance 2014 ? La scène est inoccupée. Aucun visage n'est exposé dans la vitrine présidentielle. Le système, depuis 1999 s'est abstenu volontairement de créer un personnage de remplacement. Il aurait voulu qu'aucun nom n'apparaisse potentiellement à la magistrature suprême. Ainsi le vide provoqué délibérément, précipitant la décision finale en cas de péril, aurait à justifier celle-ci. Il entrainera par conséquent un consensus par adhésion. Certes son gouvernement actuel doit partir, lui se doit, penserait-il ; d'élire domicile dans la tête pensive du RND. Ce parti en pack, il doit le repenser autrement à peine de scoliose. Là, à la faveur d'une recomposition politique rendue obligatoire d'ici peu, il disparaitra doucereusement des couloirs du palais du gouvernement pour faire la méditation de ces futures années sabbatiques. Ainsi la rencontre de l'homme et de son destin dépendra en grande partie, de quelques positions à prendre en ce jour, avant son pèlerinage vers l'oubli triennal. Il « revivra » le Ahmed d'Estaing de chez nous. Il l‘a toujours fait.


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