La rumeur a devancé d'un jour le grand événement de la distribution des décisions des pré-affectations que tous les mal-logés attendaient avec impatience. Agissant par manque d'information ou sous l'effet de la précipitation et de la suspicion, une foule importante s'est rassemblée hier devant le palais des expositions, croyant que l'attribution des pré-affectations était programmée dimanche. Tôt dans la matinée, femmes et hommes se sont mobilisés devant les portes du palais dans l'espoir de voir le lancement de cette opération. Leur déception a été grande lorsqu'ils furent informés par les agents de sécurité de la date réelle fixée par les autorités locales. Le jour «J» est prévu le 9 janvier et non le 8 janvier, a confirmé hier le maire d'Oran, M.Hassam, contacté par téléphone. La précipitation des citoyens s'explique, selon le premier responsable de la commune, par la confusion qui s'est installée au sein de la population. Un constat confirmé sur place. Il est 12h30, les citoyens étaient encore amassés devant les portes du palais. Ils refusent de quitter les lieux, bien qu'ils furent informés par les agentes de la sécurité que l'opération de distribution est prévue ce lundi (aujourd'hui). Difficile de convaincre la population du contraire, après que la rumeur eut fait son effet. «On nous a bien dit que l'opération d'attribution se fera entre le 8 et le 9 janvier et nous avons pointé ici dès 6 h du matin pour assister à l'événement», lancent quelques femmes qui restaient figées derrière les barreaux guettant chaque mouvement de l'autre côté des barrières. Pour cette mère de famille, la cinquantaine environ, habitant une maison vétuste dans le quartier de Saint Eugène, accompagnée de sa fille, elle voulait savoir si elle sera parmi les bénéficiaires de logements ou non. «C'est bien des logements sociaux qu'il s'agit ?», s'interroge-t-elle. «Moi, j'ai déposé ma demande en 1976 et j'attends toujours qu'on m'appelle. Est-ce que les demandeurs qui détiennent des points sont concernés par cette opération ?», ajoute-elle en haussant le ton. A ce moment, des répliques d'autres femmes fusent ici et là enchaînant dans le même sens. Ces citoyens qui disent détenir des récépissés depuis les années 70 se demandent s'ils seront parmi les heureux élus cette fois-ci. «On nous a dit que les personnes qui vont bénéficier des pré-affectations ont reçu des bons et nous nous n'avons rien», déclarent toutes ces femmes. Tout près, des hommes sont regroupés sur la route. Ils semblent désorientés. Leur sujet de discussion n'est pas difficile à deviner. Des ouï-dire et des rumeurs, chacun y va avec son analyse de la situation. Une journée ratée pour ces citoyens, mais qui annonce déjà la couleur de ce que sera la journée d'aujourd'hui. Chaque opération de distribution de logements est une nouvelle épreuve pour les pouvoirs publics et une bombe à retardement qui risque d'éclater à tout moment. Sur ce point, le maire d'Oran s'est montré rassurant en annonçant que, durant la matinée d'aujourd'hui, il est prévu la distribution de 350 pré-affectations à titre symbolique et durant la soirée, les secteurs urbains prendront la relève en procédant à la remise de 3.800 pré-affectations en mains propres et à domicile aux autres bénéficiaires. Le P/APC a tenu cependant à préciser que cette opération entre dans le cadre du programme de la résorption de l'habitat précaire. Il est prévu prochainement une seconde opération axée essentiellement sur le social.
