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Mères célibataires, bébés abandonnés: Un tabou et des dizaines de victimes
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 27 - 02 - 2012

Le phénomène des mères célibataires est une réalité criarde. Mais le jugement d'une société qui refuse d'admettre ce fait social, qui prend de plus en plus d'ampleur, finit par contribuer à l'aggravation de ce phénomène et condamne les enfants nés sous X. La majorité des mères célibataires rejettent leurs enfants de peur d'être rejetées par leurs familles et par la société. Les sociologues affirment que ce phénomène a pris de l'ampleur, ces dernières années, pour diverses raisons : la pauvreté qui a poussé des jeunes filles à la prostitution, l'ouverture médiatique, la moyenne d'âge du mariage qui dépasse les 28 ans pour les filles et 33 ans pour les garçons, ce qui les poussent à chercher des relations hors mariage, car ils n'ont aucune perspective de pouvoir fonder, un jour, un foyer à cause, notamment, de la crise du logement et du problème du chômage.
Selon la direction de l'Action sociale, 172 enfants abandonnés ont été recueillis par la pouponnière l'année dernière. Alors que depuis le début de l'année une quinzaine d'enfants ont été placés dans cette structure. En fait, ce chiffre ne concerne que les plus «privilégiés» d'entre les nouveau-nés abandonnés, à savoir ceux laissés dans les maternités ou encore ceux déposés volontairement par leurs mamans au siège même de la pouponnière. Car par manque d'informations, les mères célibataires, de crainte d'être reconnues et identifiées, au lieu de s'adresser au centre d'accueil des enfants ou aux pouponnières, préfèrent abandonner leur progéniture dans la rue. Devant des conditions climatiques difficiles, ces nourrissons finissent par périr. Cette année 10 nouveau-nés ont été découverts dans les rues d'El Bahia. La plupart ont été découverts morts et leurs dépouilles évacuées vers la morgue. En 2011, une trentaine de cadavres de nourrissons ont été découverts abandonnés dans les rues et les quartiers de la wilaya d'Oran. Constituant des proies pour les animaux errants et victimes des mauvaises conditions climatiques, certains bébés ont été découverts en état de décomposition très avancé, mutilés, morts par strangulation ou par hypothermie. Le cas le plus stupéfiant est celui d'une jeune maman et son nouveau-né découverts en état de décomposition très avancé dans la «Forêt des lions», dans la localité Benyebka . Un nouveau-né de sexe masculin a aussi été découvert dans une valise devant un bain maure à Sidi El-Bachir. D'autres ont été découverts dans des décharges ou des gares routières entre autres.
VICTIMES ET REJETEES PAR LA SOCIETE
Ce sujet encore peu évoqué en Algérie, car une grossesse illégitime qui constitue un tabou sur le plan social est également un péché du côté religieux. Or, le nombre d'enfants nés de relations hors mariage ne cesse d'augmenter. A Oran, la situation est devenue plus que jamais inquiétante. Des nouveau-nés sans vie sont souvent découverts par la gendarmerie nationale ou la police. Selon une étude faite par Mme Yamina Rahou chercheur au centre de recherche en anthropologie, sociale et culturel (CRASC) d'Oran, «parler des mères célibataires dans notre pays, c'est parler de la transgression d'un tabou, de la violation d'un interdit celui de la grossesse hors mariage. Les mères célibataires sont une réalité occultée, niée mais figurant sur les registres et les statistiques des hôpitaux et de la direction de l'Action sociale, à travers l'abandon de l'enfant. Les jeunes filles, femmes venant dans la plus part des cas accoucher dans l'anonymat, en milieu hospitalier, sont appelées dans le milieu médical : cas social. Leur sort, leur devenir n'intéresse officiellement personne, ni les structures de l'Etat ni les services sociaux. Leur nombre est de plus en plus croissant. Le paradoxe d'une société patriarcale : incriminer la mère et de déresponsabiliser le père. La société incombe la responsabilité de la grossesse uniquement à la femme. Dans cette situation, le rapport à l'homme est exclu. La loi d'inspiration moraliste et religieuse nie la femme devenue mère célibataire. Certes si l'interdit touche l'homme et la femme, l'attitude de la société est plus tolérante et permissive envers l'homme. Elle reflète une société qui cultive la culture de la ruse. Les normes et les règles qui régissent notre société sont ébranlées par l'existence des mères célibataires, une catégorie qui d'ailleurs a toujours existé mais dont la régulation s'est faite par des stratégies qui tentaient d'atténuer et de rendre invisibles le phénomène, à travers le mariage précoce, infanticide. Actuellement face aux mutations de la société : l'allongement de l'âge du mariage, l'instruction, le travail, la mobilité des femmes et les exigences de leur aspiration en tant qu'individu font que les modes de régulation anciens et traditionnels, même s'ils persistent deviennent obsolètes. Cette transgression par la mère célibataire pose le problème du statut de la femme en tant qu'individu autonome dans la société et dans ses relations avec autrui». Selon un sociologue, «beaucoup pensent que les relations affectueuses sont la raison exclusive de la grossesse, ce qui est en réalité totalement faux, puisque dans une grande partie des cas, les mères célibataires ne sont que des victimes. Certaines ont été violées et sont nombreuses qui par peur ou par ignorance renoncent à dénoncer et préfèrent fuir le foyer familial, et mettre au monde leur enfant et l'abandonner par la suite».
54 MERES CELIBATAIRES ONT RECUPERE LEURS ENFANTS
L'étude de Mme Rahou ajoute que «la plupart des mères célibataires abandonnent leurs enfants, celles qui décident d'assumer leur maternité à savoir d'assumer leur rôle de mère célibataire subissent une double discrimination: celle d'un individu ayant transgressé un interdit à savoir enfanter en dehors du mariage légalement établi, celle de femme désirant assumer sa responsabilité seule vis-à-vis de son enfant, en dehors de la reconnaissance paternelle. Cela dit, elle est sanctionnée pour ne pas avoir respecté les règles et les normes établies en matière de grossesse et sanctionnée pour avoir respecté sa mission de mère.
Par ailleurs celles qui tentent d'entamer une procédure de reconnaissance en paternité, sont souvent déboutées car la loi ne leur permet pas de poursuivre le géniteur en justice. La filiation de la mère est attribuée à l'enfant au cas où cette dernière reconnaît l'enfant, car il existe des enfants nés sous X. Le géniteur n'a aucune obligation à reconnaître l'enfant sauf dans le cas où la mère est mineure. Certes la grande majorité des jeunes filles, femmes ayant eu des enfants hors mariage, finissent par abandonner ses nouveau-nés car dans la plupart des cas elles n'ont pas désiré leur grossesse et aussi faute de soutien et de prise en charge.
Mais, il existe des femmes et des jeunes devenues enceintes et souvent rejetées par leur partenaire mais qui décident d'assumer la garde de l'enfant. Elles font preuve d'une conscience aiguë de leur responsabilité et d'un niveau de maturité élevé. Elles disposent aussi d'un emploi pour pouvoir assurer l'entretien de leurs enfants. Ces femmes assument leurs rôles de mères malgré l'hostilité de la famille, de la société et malgré leur négation par la législation». Durant les deux dernières années, 54 femmes célibataires ont récupéré leurs enfants.
Les mères qui abandonnent leurs enfants ont trois mois pour revenir sur leur décision si elles émettent le vœu de les récupérer dès le premier mois de l'abandon. Une fois le délai expiré, l'enfant sera systématiquement placé en milieu familial… Les services concernés (pouponnière ou centre d'accueil) se portent garants de la discrétion pour tout ce qui touche à l'identification de la mère biologique. D'autre part, 236 enfants ont été pris en charge par des familles d'accueil, dans le cadre de la «kafala », durant la même période. Selon une source de la direction de l'Action sociale «la demande de kafala exprimée par les couples est plus importante que le nombre d'enfants abandonnés». Sur plus de 400 demandes exprimées en moyenne annuellement, quelque 150 cas aboutissent. La famille «kafila» a toujours le libre choix du sexe et de l'âge de l'enfant. Le travail ne s'arrête pas là car une enquête sociale, économique et psychologique doit se faire d'abord sur les lieux pour s'assurer que l'enfant grandira dans des conditions favorables et que le couple est vraiment prêt à ouvrir ses bras à cet enfant pour lui offrir le lien de parenté, dont il a été privé par ses parents biologiques, pour le reconstruire et le vivre pleinement avec ses parents adoptifs. Une fois l'enquête bouclée, les dossiers présentés doivent passer par une commission présidée par le directeur de la DAS qui décidera, au cas par cas, du placement de chaque bébé. Toutefois, pour une grande partie des personnes nées hors mariage, vivre dans une société qui les rejette pour être nées sous X n'est guère facile à supporter. C'est souvent cette injuste attitude adoptée par la société envers les enfants nés sous X qui est à l'origine de la souffrance et de la majorité des traumatismes psychologiques que subissent les enfants abandonnés par leurs parents biologiques.


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