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Ce que fut Warda, malgré elle
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 19 - 05 - 2012

Quel est le lien entre Warda El-Djazaïria, les 220 sièges du FLN, Bouteflika et la nostalgie ? Réponse : la nostalgie. Warda est la chanteuse de cette époque où les Algériens votaient FLN car c'était un parti unique, comme aujourd'hui. Bouteflika y était jeune, le socialisme vivant et meurtrier pour l'agriculture, et la naïveté faisait foi. Warda est donc devenue, malgré elle, le symbole de cette époque : elle incarne la chanson patriotique sur commande, le boumediénisme culturel, l'exclusion de tout ce qui ne fait pas partie de «la culture, Ethakafa El-Wataniya», la culture nationale de «l'authenticité», arabité, nassérisme et panarabisme.
Le régime l'aime parce qu'elle lui rappelle son âge d'or et ses cheveux et ses parades non alignées. Des Algériens l'aiment aussi pour cette raison. D'autres parce qu'ils aiment ses chansons. Les régimes durs, de par l'histoire de l'humanité, connaissent ces rares cas d'affection pour quelques chanteurs ou quelques artistes dont ils subissent la perte comme un deuil qui se doit d'être national.
Et les autres figures algériennes ? C'est selon : si vous faites parti des registres émotifs du régime et ses hommes, vous avez droit à un enterrement national. Sinon, non. Le pays gère ses cimetières selon ses affects et pas ses institutions. Messali (et plus que d'autres artistes, écrivains et hommes et femmes algériens) a eu moins d'honneur que Warda, même s'il s'agit de ne pas comparer deux époques avec une troisième. Warda sera donc l'incarnation de cette conception dirigiste et «nationaliste» de la culture : culture conservatrice, épurée de la diversité nationale, «arabe, arabe, arabe» trois fois, proche du régime qui se confond abusivement avec patriotisme sous monopole. Cette même culture anti-raï, anti-kabyle, anti-amazigh, anti-régions, anti-opposant confondu avec traîtres à la nation. Une culture en préfabriqué identitaire qui en appelle à l'émotion, à la nostalgie ravageuse, au vote FLN et au narcissisme du révolutionnaire. Vous l'avez vu sur ce fameux clip d'un opérateur de téléphonie, durant lequel Warda a campé le rôle d'une Algérie qui réunit ses enfants dans ses bras. Cette femme était sincère et n'y était pour rien dans cette affaire cependant.
Curieux symbolisme aussi : Warda est algérienne, elle s'appelle El-Djazaïria, mais vit en Egypte. Parfait symbole de la tentation nassériste de l'Algérie de Ben Bella qui vient de mourir, chantée par Warda qui vient de mourir, attristant Bouteflika qui se dit fatigué, appelant à voter FLN qui explique qu'on est en 62.
Bien sûr, la condoléance est obligatoire et il faut cesser cette culture de la haine pour ce qui est différent de nous. Mais il faut aussi rappeler la vérité : Warda a été bonne chanteuse en Egypte quand elle a chanté des chansons, pas des hymnes. Ici en Algérie, pays mortuaire, elle n'a pas chanté la vie, mais la mort sublime, le martyr et cet étouffant patriotisme qu'il faut hurler en hystérie, en public, chanter en portant le drapeau sur les épaules et en souriant béatement devant les caméras. Fatigués nous aussi de ces simplistes recettes pour peuplades nord-coréennes : mon patriotisme est plus esthétique que ces recettes criardes qui ressemblent à des séances de rééducation culturelle de Mao Tsé Toung.
Warda est morte. Nasser aussi. Et Ben Bella. Tout le monde est mort. Sauf le vieux FLN. Il nous enterrera peut-être tous. Lui, le système qui le maintient debout, le régime qui s'en nourrit et qui, quand il a bien mangé, appuie sur «on» et écoute une chanson de Warda, lui rappelant cette époque où il s'appelait Nasser l'Algérien. Dans son délire nostalgique.


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