C'est un passage très discret, sans point de presse, qu'a effectué la secrétaire d'Etat US, Mme Hillary Clinton, en Algérie où elle a été reçue notamment par le Président Abdelaziz Bouteflika. La situation au Mali et le problème posé par les groupes djihadistes ont été au cœur des discussions. L'intervention militaire au nord du Mali sous la couverture de la Cédéao, son timing et les conditions à réunir devraient avoir été au menu des discussions. Mais il serait difficile de tirer des conclusions quelconques des propos d'Hillary Clinton rapportés par l'agence APS. Les discussions auraient été «très approfondies» sur la situation au Sahel et particulièrement au nord du Mali. «Nous avons fait le point sur nos relations bilatérales extrêmement fortes et nous avons souligné le fait que nous venons tout juste de tenir une excellente conférence de dialogue stratégique qui s'est tenue, la semaine dernière, à Washington, comme nous avons eu des discussions très approfondies sur la situation dans la région (Sahel) et surtout la situation qui prévaut dans le nord du Mali», a déclaré Mme Clinton après s'être entretenue avec le Président Bouteflika. La secrétaire d'Etat américaine dit avoir «apprécié l'analyse du Président Bouteflika qui est fortement enrichie de sa très longue expérience de la région pour faire face à la situation très complexe et aux problématiques très compliquées au nord du Mali, mais aussi pour faire face aux problèmes du terrorisme et de trafic de drogue dans la région». DES «PROBLEMATIQUES TRES COMPLIQUEES» Un éloge et une énumération des problèmes mais aucun élément d'information sur la manière de les traiter ne transparaît dans les propos de Mme Hillary Clinton. Il reste qu'en mettant en avant la «situation très complexe» et les «problématiques très compliquées», Mme Clinton paraît avoir donné un peu d'appui à la prudence de l'Algérie sur le dossier malien. Elle a indiqué que ces discussions seront suivies par le «biais des experts en mode bilatéral et dans le cadre de concertations avec les partenaires de la région, avec l'Union africaine, la Cédéao et les Nations unies pour essayer de trouver des solutions à ces problèmes». Cette visite, presque silencieuse de Mme Hillary Clinton, en fin de mission (elle ne restera pas au département d'Etat après l'élection présidentielle, certains affirment qu'elle aurait des vues sur la Banque Mondiale), peut être éclairée par les propos de Michael Pelletier, sous-secrétaire d'Etat adjoint en charge du Sahel et du Mali à RFI. Sans être langue de bois, Michael Pelletier fait preuve d'une remarquable prudence et laisse clairement entendre que les Etats-Unis n'ont pas une idée définitive sur l'ensemble des aspects. Ainsi, la situation au Mali est «complexe», elle impose de «tenir compte de tous les paramètres» mais il souligne qu'une «initiative sécuritaire devient de plus en plus évidente». «C'EST UNE BONNE CHOSE QU'ILS REFLECHISSENT » A la question qui fâche entre Alger et Paris, sur la qualité d'interlocuteur ou non du mouvement des Ançar Eddine, M. Pelletier s'en tire par un équivoque : «Je ne sais pas s'ils sont des interlocuteurs. Posez la question aux Maliens !» L'ensemble de l'entretien de M. Pelletier laisse entendre que les Américains, même s'ils ont appuyé la résolution du Conseil de sécurité, n'ont pas définitivement tranché sur la manière d'agir et de l'appliquer. Allant un peu dans le sens de l'Algérie, M. Pelletier souligne que tout effort au Nord-Mali doit être «bien organisé, bien planifié et mené par les Africains». Il a également souligné que ce n'est pas le moment de parler d'un éventuel rôle opérationnel des Etats-Unis au Mali. Au sujet de la «prudence» de l'Algérie, il a relevé que le terrorisme était une «question importante pour les Algériens. C'est une bonne chose qu'ils réfléchissent avant de faire quoi que ce soit ».