Les relations algéro-marocaines «ne sont pas normales», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, en déplorant le fait qu'elles passent régulièrement par des «accès de fièvre». En réalité, les relations entre l'Algérie et le Maroc n'ont jamais été «normales» depuis l'indépendance, voire même depuis 1958 quand les autorités marocaines ont voulu obtenir des engagements du FLN, en guerre, sur le futur tracé des frontières entre les deux pays. Le FLN refusant les demandes, cela avait donné lieu à des pressions et même des violences qui ont marqué durablement les esprits. Les débuts de l'indépendance avec la «guerre des sables» n'ont, évidemment, pas contribué à donner un tour «normal» aux relations. Par contre, et c'est encore plus déprimant, les relations algéro-marocaines sont aujourd'hui encore «moins normales» qu'avant 1994 et l'épisode, funeste, des attentats de Marrakech et des accusations, infondées, en direction de l'Algérie. L'Algérie et le Maroc n'arrivent pas encore à revenir au niveau d'avant 94 quand les relations, qui n'étaient pas particulièrement chaudes, étaient portées néanmoins par l'esprit maghrébin de Zéralda confirmé par le lancement le 17 février 1989 à Marrakech de l'Union maghrébine. Il est bon de rappeler que le dossier du Sahara Occidental date de 1975 et qu'il n'a pas empêché d'entamer la démarche maghrébine. Sur cette question, la divergence ne relève pas de la pure invention et il n'y a pas de rapprochement possible entre l'invocation des «droits historiques» et la légitimité nouvelle que confère l'exercice du droit à l'autodétermination. Il n'y a pas de compromis possible sur ces aspects mais le progrès de la construction maghrébine pouvait ouvrir les voies du dépassement et de l'imagination. Pour les esprits visionnaires, comme celui de feu Abdelhamid Mehri, qui a eu un rôle important dans la préparation du sommet de Zéralda, les relations algéro-marocaines pouvaient en effet trouver dans le cadre maghrébin un moyen de devenir mieux que «normales». Eviter de faire de la question du Sahara Occidental un élément bloquant était - et reste - la meilleure des choses à faire. Et à l'évidence, pour les responsables des deux pays, la «moins facile» à faire. C'était pourtant cette conception qui a prévalu au moment du lancement de l'UMA. Mais, constatait Mehri (Voir Quotidien d'Oran du 3 mars 2009), cette conception prévalait par moment au Maroc et en Algérie mais qu'elle ne prévaut que rarement, pour ne pas dire jamais, «en même temps dans les deux capitales». ON EN EST LA ENCORE AVEC UNE FRONTIERE FERMEE ET DES RELATIONS QUI SONT D'UN NIVEAU INFERIEUR A CELLES QUI PREVALAIENT AVANT 1994. LES «ACCES DE FIEVRE», EUX, SONT FACILEMENT ALIMENTES. LA MANIERE DONT LA PRESSE DE CHACUN DES PAYS RACONTE L'AUTRE EST EXEMPLAIRE A CET EFFET. AUJOURD'HUI, ON EN EST TOUJOURS AUX CAMPAGNES DE PRESSE A DES REPONSES DE NORMAND SUR LA QUESTION DE LA REOUVERTURE DES FRONTIERES. A DE VAGUES SOUHAITS. LE PARI SUR L'AVENIR QUI S'EST AVERE VAIN ET RIEN N'INDIQUE QU'ON Y REVIENDRA SERIEUSEMENT. D'OU D'AILLEURS LA CONVICTION DE PLUS EN PLUS REPANDUE QUE LE MAGHREB DEPENDRA NECESSAIREMENT DES PROGRES - TOUJOURS FAIBLES ET PALES - DE LA DEMOCRATIE DANS LES DIFFERENTS PAYS ET DES RELATIONS HORIZONTALES ENTRE LES SOCIETES.