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Quel remède pour la France ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 12 - 07 - 2014

PARIS – Un peu partout dans le monde on considère la France comme un pays qui ne parvient pas à tirer parti de la mondialisation et à moderniser son modèle économique et social. Les Français sont plus pessimistes quant à leur avenir qu'ils ne l'ont jamais été depuis des décennies. La question est de savoir s'ils peuvent trouver la voie pour s'en sortir, échapper à la morosité, et retrouver la prospérité.
Il faut commencer par un diagnostic lucide. Comparée aux pays qui avaient un niveau de développement similaire il y a 25 ans, la France réussit moins bien sur le plan économique. L'écart n'est pas dramatique (6 points de pourcentage du PIB par habitant), mais cette tendance est suffisamment marquée pour appeler un redressement. Le chômage reste à un niveau inacceptable. Et si le résultat de la France est meilleur pour d'autres indicateurs touchant à la santé, aux inégalités de revenus et à la lutte contre la pauvreté, la contrepartie en est une progression soutenue des dépenses publiques et de la dette.
Cette situation ne tient pas à un potentiel économique insuffisant. La France a certainement des faiblesses - un nombre relativement limité d'entreprises de taille intermédiaire, des relations de travail souvent conflictuelles, et des inefficacités dans la dépense publique, pour citer les principales. Mais elle a aussi des atouts : une population active bien mieux éduquée qu'il y a 25 ans, une population plus jeune que celle de la plupart des pays voisins, davantage de grandes entreprises multinationales qu'en Allemagne ou au Royaume-Uni, et d'excellentes infrastructures. Le bilan des atouts et des faiblesses ne justifie pas le pessimisme actuel.
Les causes du malaise français sont ailleurs. Avant tout, la France est bien trop hésitante quant à ses choix fondamentaux. La société française est ambivalente quant à son identité, à sa place en Europe, à son attitude face à la mondialisation ou à la manière de faire évoluer son modèle social. Et de plus en plus, elle en vient à douter de la croissance économique elle-même.
Certes, toutes les sociétés démocratiques connaissent des débats animés sur leurs préférences collectives. Mais les Français ont la particularité de ne faire confiance ni leurs institutions politiques ni à leurs dirigeants. Des institutions et des dirigeants dont la légitimité est reconnue et qui sont responsables devant les électeurs, c'est ce qui assure la cohésion d'une société divisée et l'aide à surmonter ses dilemmes. C'est ce liant dont la France manque aujourd'hui.
Les mauvais résultats de la France tiennent également à la manière dont elle mène ses réformes. Les réformes économiques et sociales sont souvent trop timides. Souvent, les gouvernements successifs ont procédé à des modifications d'ambition limitée et passé le témoin à leurs successeurs, ouvrant la voie à une réforme supplémentaire cinq ou dix ans plus tard.
Cette méthode fait que les Français considèrent toutes les réformes comme partielles, provisoires et peut-être même réversibles. Mais une demi-réforme produit moins que des demi-résultats, parce qu'elle ne suffit souvent pas à susciter des changements de comportement. Comme les règles du jeu qui sont supposées servir de guide aux individus et aux entreprises manquent de clarté et de stabilité, les politiques publiques sont moins efficaces qu'elles ne pourraient l'être.
La France a besoin de faire des choix clairs dans les domaines importants et d'agir en cohérence avec ces choix. Tout d'abord, elle doit construire une économie plus agile et plus ouverte. Elle ne peut plus compter sur une modèle de croissance qui lui a été bénéfique dans le passé, mais a aujourd'hui perdu de son efficacité. Les entreprises françaises de renommée mondiale comme Safran et L'Oréal demeurent des atouts importants, mais elles ne peuvent plus servir de plate-forme de croissance et d'exportation.
La France doit plutôt miser sur l'innovation et le potentiel de croissance des jeunes entreprises. Pour se développer, ces dernières doivent prospecter clients et fournisseurs à l'échelle de la planète. La France doit donc rejeter le mercantilisme et se fixer pour objectif d'accroître à la fois exportations et importations, afin que son économie soit davantage en phase avec les tendances mondiales. Elle doit aussi élargir le socle de sa compétitivité en s'engageant plus dans l'échange de services - par exemple en ouvrant davantage ses universités aux échanges avec les pays étrangers.
La société française reste trop hiérarchique et trop segmentée. L'élite économique, politique et culturelle est trop peu nombreuse, trop uniforme et trop refermée sur elle-même. C'est un bon moyen de décourager des salariés plus formés, qui bien trop souvent se voient refuser l'occasion de déployer leurs capacités. Les entreprises doivent miser davantage sur l'autonomie de leurs collaborateurs, elles doivent adapter leur gestion et leur gouvernance à cet objectif. L'Etat doit aussi s'ouvrir en recrutant davantage de dirigeants hors de la fonction publique.
Pour préparer ces changements, la France doit envoyer davantage d'étudiants à l'étranger et accueillir davantage d'étudiants étrangers. Mais cela ne suffit pas. Dans un pays où une part non négligeable de chaque génération ne maîtrise pas les bases de la lecture et du calcul, l'éducation publique doit rester une grande priorité. L'enseignement primaire est le seul secteur dont il faut accroître le budget. Dans l'ensemble, il faut aller au-delà des efforts engagés en matière de diminution des dépenses publiques ; mais il faut aussi la réallouer de manière à investir davantage dans le primaire.
L'argent public ne suffira cependant pas pour réussir. Les fonctionnaires français doivent admettre que l'égalité – cette valeur cardinale en France - ne rime pas avec uniformité, mais plutôt avec davantage de souplesse et de décentralisation. Il faut accorder aux écoles et aux services publics des quartiers défavorisés les moyens et l'autonomie dont ils ont besoin pour servir au mieux l'intérêt général.
Enfin, le modèle social français doit être repensé. Il a été créé pour un monde aujourd'hui disparu dans lequel les travailleurs conservaient souvent le même employeur pendant toute leur carrière. La protection de l'emploi, le droit à la formation tout au long de la vie et la protection sociale doivent être rebâtis autour de l'individu et non de l'emploi. Les politiques sociales vont devoir être recentrés sur la personne plutôt que de procéder d'une gestion en silo des risques.
C'est un programme ambitieux. Mais le doute des Français et le déficit de crédibilité de l'action publique sont maintenant tels que cette ambition est nécessaire. Nous en sommes à l'un de ces moments où il faut débattre ouvertement de choix collectifs et fixer clairement des orientations. La société a besoin d'un cap à horizon de dix ans, les Français ont besoin de savoir dans quel cadre inscrire leurs propres perspectives.
Traduit de l'anglais par Patrice Horovitz
* Enseigne à la Hertie School of Governance à Berlin , Il est également commissaire général à la stratégie et à la prospective, attaché au Premier ministre français à Paris. Il a été directeur de Bruegel, un cercle de réflexion économique basé à Bruxelles. Cet article prend appui sur le rapport au président de la République intitulé Quelle France dans dix ans ?


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