Le niveau d'insécurité à Haï El Hamri, en ce mois sacré, a atteint des proportions inquiétantes, à tel point qu'il ne se passe pas un jour, sans que des incidents, bagarres et agressions, soient signalés, un peu partout, dans ce quartier, mettant en exergue les pulsions animales de certains individus, dans l'impunité la plus absolue. La vente des psychotropes et des autres drogues dures est devenue quasi ordinaire et fait partie d'un décor, de plus en plus, malheureux et regrettable. Le plus inquiétant dans l'histoire, c'est que cette situation a complètement dégénéré, depuis quelques jours, suite à l'agression et l'humiliation, à El Hamri, d'un groupe de personnes habitant le quartier voisin de Mediouni et la détérioration de leur voiture. Avides de vengeance, ces derniers n'ont pas lésiné sur les moyens, notamment humains, pour se faire justice. Résultat: de violents affrontements ont éclaté entre les jeunes de ces deux quartiers, se transformant en une véritable bataille rangée. Dans la nuit de samedi à dimanche, l'artère principale qui sépare les deux quartiers, le boulevard des Martyrs, en l'occurrence, avait des allures de champ de bataille. Selon les témoignages des habitants des lieux, ce fut, carrément, l'enfer devant leurs portes où des jeunes, pour la plupart des repris de justice, se sont donné en spectacle, à coups de sabre, de fusil-harpon et de pierres. Hurlant des cris de guerre, avec leurs machettes brandies dans les airs, ces derniers se prirent en chasse, comme des bêtes sauvages. Des voitures et des vitres de maisons ont même été détruites. « C'est une véritable guerre de «houma». J'ai vu des jeunes qui sortaient à peine de prison, commettre des agressions. Nous avons peur pour nos vies et celle de nos enfants. Cela fait deux jours que nous n'avons pas fermé l'oeil», nous a expliqué, hier, un sexagénaire, habitant à El Hamri, exténué et sous l'effet d'une nuit fort agitée. D'après plusieurs témoignages, sur place, ces affrontements ont été, particulièrement, violents et les forces de l'ordre ont eu beaucoup de difficultés à faire revenir le calme, en utilisant du gaz lacrymogène. Bilan de cette nuit agitée : plusieurs blessés graves, une dizaine d'arrestations et plusieurs véhicules endommagés par des jets de pierre. Il faut dire que la ville d'Oran a connu, depuis le début du mois de Ramadhan, une recrudescence des actes de violence, notamment dans ces quartiers populaires. Le sentiment de vide et d'insécurité règne chez le citoyen oranais et appréhende tous les périls, tant les moyens de coercition ne sont plus adaptés à ces nouvelles formes de violence qui tendent à prendre de l'ampleur.