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Une science plus désespérante que jamais
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 10 - 05 - 2015

BERKELEY - Depuis 25 ans, un débat houleux fait rage entre les économistes les plus éminents sur la scène internationale. Le cœur du débat tournait autour de la nature des cycles économiques qui se serait fondamentalement modifiée à la fin des " Trente Glorieuses ", la période qui a succédé à la Seconde Guerre mondiale, alors que l'économie était caractérisée par une croissance vigoureuse, le plein emploi et un penchant vers une inflation modérée. Trois groupes se sont campés sur leurs positions.
Larry Summers fut le premier à se prononcer, en 1991, par le truchement d'un article fondateur, intitulé " How Should Long-Term Monetary Policy Be Determined? " (Comment déterminer la politique monétaire à long terme ?) dans lequel il exprimait des doutes sur l'hypothèse d'une réalité économique sous-jacente en train de se transformer. Son propos portait donc principalement sur des aspects techniques - une démarche pour prévenir une éventuelle répétition des perturbations inflationnistes des années soixante-dix qui ont marqué la fin des Trente Glorieuses. Sa prescription consistait à raffermir l'indépendance technocratique des banques centrales. Les responsables politiques doivent établir les objectifs, mais aussi éviter de gérer les menus détails de l'économie ou d'imposer des règles trop rigides qui échoueraient inévitablement au moindre aléa. Selon Summers, les technocrates étaient plus à même de mener les politiques à bien, s'orientant sur une cible de 2 à 3 % d'inflation annuelle.
Le débat se poursuit avec l'article de 1998 de Paul Krugman, " It's Baaack: Japan's Slump and the Return of the Liquidity Trap " (De retourrr : le Japon en chute et le siphon des liquidités) et dans son livre The Return of Depression Economics (Le retour des théories économiques de la dépression) publié l'année suivante. Krugman y fait valoir que les banques centrales étaient déjà parvenues à ancrer vers le bas les attentes inflationnistes, mais n'avait toutefois pas réussi à remettre l'économie sur ses rails. Selon Krugman, les économies européennes et américaines sont tombées de leur piédestal sur une trame de " dépression économique " calquée sur celle de l'entre-deux-guerres caractérisée par une demande globale déficitaire, des risques de déflation, des crises financières et des pièges de liquidité.

Ken Rogoff a ensuite pris part au débat en commentant l'article de Krugman. D'après Rogoff, ce que Krugman a décrit comme un retour à une norme à long terme de " dépression économique " n'était en fait qu'une situation temporaire, résultante d'une réglementation déficiente et de l'absence de mesures pour freiner le gonflement de la dette. Ce phénomène, qu'il a identifié comme la cause des turbulences économiques, a inévitablement fini en catastrophe, qui ne pourra être résolu que par un désendettement douloureux et des radiations de dette imposée par les autorités gouvernementales qui vont à l'encontre de l'orthodoxie économique.

D'autres éminents économistes - notamment Joseph Stiglitz, Ben Bernanke et Martin Feldstein - ont également contribué au débat. Or, pour la plupart d'entre eux, ils n'ont pas vraiment pris position, mais ont plutôt adopté la posture ambiguë du chat de Schrödinger, se commettant parfois par écrit comme quoi ils estiment que les années glorieuses d'après-guerre n'ont jamais cessé, d'autres fois ils avancent des arguments qui font écho à ceux de Krugman, de Summers ou de Rogoff.
Aujourd'hui, à un certain degré, un consensus s'est dégagé. Il ne sert plus à grand-chose de se demander si les jours de gloires sont terminés. Les modèles et les méthodes élaborés pour trouver les causes du cycle économique d'après-guerre accompagné d'une inflation modérée sont maintenant complètement inopérants. Le fait que les économistes ne peuvent actuellement s'entendre reflète moins des positions différentes sur l'état de l'économie, que des questionnements sur la capacité des politiques macroéconomiques de vraiment régler le problème.
Summers a plus moins cessé de croire que les autorités monétaires ont le pouvoir, la volonté, ou le mandat d'empêcher le retour de cycles économiques dépressionnaires. Les banques centrales auraient peut-être pu atteindre l'idéal technocratique de la gestion macroéconomique des cycles que Summers espérait faire renaître en 1991, mais il est clair qu'elles n'y ont pas réussi. Quelques rarissimes dirigeants de banques centrales semblent avoir quelques bonnes idées de changements institutionnels qui pourraient renforcer leur capacité d'accomplir sa mission.
Dans l'optique de Summers, avec laquelle je suis d'accord, les instances doivent assumer une plus grande responsabilité pour les activités à long terme de planification et d'investissements plus risqués. En réalité, les Etats qui ont le privilège de battre monnaie dans une des devises qui fait partie des monnaies des réserves mondiales sont en mesure d'assumer ce rôle sans faire peser un fardeau de dette démesuré sur les prochaines générations de contribuables.

Pourtant, même si Summers et Krugman estiment désormais que des politiques budgétaires expansionnistes pourraient beaucoup améliorer les choses, Rogoff continue d'adhérer aux positions de Minsky sur lesquelles ses analyses s'appuient depuis 1998 : pour connaître de bons résultats macroéconomiques, il faut réglementer le secteur financier et freiner l'endettement dans les cycles haussiers. Il est beaucoup trop périlleux de tenter de remédier un surendettement privé en émettant des montagnes de titres souverains " sûrs ". Après tout, lors de l'émission de cette dette privée, n'était-elle pas jugée comme sûre ?
Peu importe l'échelle d'application des politiques - macro ou micro -, qui donne les meilleurs résultats pour régler les problèmes économiques actuels, une chose est néanmoins certaine : l'optimisme n'est plus de mise.
Traduit de l'anglais par Pierre Castegnier
* professeur d'économie à l'Université de Californie à Berkeley , associé de recherche au National Bureau of Economic Research.


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