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Masses et élites : le dilemme de la communication
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 03 - 03 - 2016

Certains pensent qu'à notre époque les notions de «masses» et d'«élites» n'ont jamais disparu. Bien au contraire, elles sont toujours en cours de recyclage. Sujettes à des interprétations différentes à plusieurs échelles : communauté savante, partis politiques, société civile, citoyens, etc., elles ont rapidement évolué au fil du temps. En ce sens que chacun de ces derniers acteurs sociétaux part d'un paradigme d'analyse sociale, bien propre à lui, afin qu'il s'en fasse une idée précise. Ce que l'on appelle d'ailleurs «le perspectivisme historique» ou simplement d'un postulat «sociologique» naturel ou né par l'effet de la formation civique (structures structurées : modernité, citoyenneté, civisme, etc., et structures structurantes : école, cinémas, théâtres, etc., ). D'autres les voient plutôt, ces masses et ces élites s'entend, comme des notions mortes. D'autant que celles-ci ne sont, en vérité, que la résultante des fantasmes d'une poignée d'intellectuels avant-gardistes «critiques». Bien que ces derniers n'aient pas apporté grand-chose à ce qui aurait été dit auparavant à propos de ce dilemme, ils ont pu reprendre en la rénovant la traditionnelle division élites-masses (bien sûr la définition de ces termes se fait ici sous l'angle politique) en substitution de la division ancienne à caractère «économique» entre l'aristocratie, la bourgeoisie et le prolétariat (une définition qui tire sa substance du Moyen-âge européen, vulgarisée par la suite dans la vulgate marxiste), ou encore la plus récente entre haute classe, couches moyennes et bas-fonds de la société (classes déshéritées).
Notions mortes! Quiconque lit cette affirmation se rendra vite compte qu'il n'en est absolument rien. Car cette ligne de démarcation élites/masses est toujours opérationnelle dans les esprits d'abord, puis ensuite dans l'architecture sociétale (d'un côté, ceux qui ont l'arme des médias, et le triptyque pouvoir, argent et savoir, et de l'autre ceux qui en sont dépourvus). Même si le nivellement des mentalités ou la standardisation des comportements (je préfère ici le concept à la mode de «la macdonaldisation à l'américaine») qui s'est opéré ces dernières décennies par le biais des nouvelles T.I.C (technologies de l'information et de la communication) aurait en quelque sorte permis une cassure de barrières, fût-elle minime, entre les deux catégories. Autant dire, quoique de puissant impact, cette tendance à l'uniformisation n'a pas été en mesure d'effacer ce tri de séparation. De même, la culture des propagandes, des rumeurs, l'intox ou la vox-populi qui envahit par exemple, et de façon indistincte, via internet, les réseaux sociaux, les forums de discussion,etc., les cerveaux de l'intelligentsia comme ceux des masses n'était pas parvenue à rapprocher sinon à ressouder ces deux extrêmes au moyen d'une médiocrité généralisée, générée par la banalisation du savoir. Sans l'ombre d'un doute, l'ascendant pris par cette «médiocratie agissante» ou ces «nouveaux chiens de garde» médiatiques pour paraphraser le mot du journaliste Serge Halimi sur l'audimat aura mis les masses dans une position de «dépendance névrotique», voire obsessionnelle vis-à-vis des élites. La question qui se pose toutefois est la suivante : comment serait-il possible de fixer les normes pour une définition consensuelle qui jumelle les deux concepts alors qu'on sait tous la complexité des facteurs entrant en jeu (savoir, dynamisme mobilisateur dans la société, degré de conscience et de maturité, engagement, etc)? A vrai dire, en cette ère caractérisée par le simulacre, l'illusion et l'imposture permanente, il serait très difficile de faire l'impasse sur le flux d'informations que déversent sur nous les moyens de technologie modernes. Des informations massives, parcellaires, sans liaison, destinées le plus souvent au public dans l'unique objectif de manipuler, mélangées, pas toujours vérifiées.
Lesquelles fabriquent pour chacun de nous un quotient intellectuel artificiel, le dispensant de recourir aux services de ces «élites»! Mais est-ce vraiment suffisant pour se prétendre «cultivé» ou «intello»? Non! Mais pourquoi? Parce qu'on devient des «light men» (hommes légers) qui vivent à la mode du moment mais en dehors du courant de l'histoire, de la mémoire, ou de ce que définit le philosophe espagnol José Ortega y Gasset (1883-1955) par «vivencia», autrement dit, l'intégralité constructive entre le subjectif et l'objectif dans le corps de la pensée, c'est-à-dire l'homme, et par ricochet, dans l'espace civilisationnel dans lequel celui-ci évolue. Une chose est pour le moins sûre, ce sont les élites qui sont censées jouer le rôle d'éclaireurs dans la société et non plus l'inverse. Or aujourd'hui on trouve le contraire presque partout dans le monde Est-ce le début du déclin humain? Trop tôt pour trancher. D'un côté un «dogmatisme massificateur» qui se barricade derrière des connaissances acquises mais non maîtrisées et d'un autre «un empire de séduction» médiatique qui jette ses fondations dans une communication à deux vitesses (convaincre du bien fondé de la science, des connaissance académiques, des informations générales, des faits divers, etc., puis tendre à manipuler en masse et à détourner les opinions publiques). Ce qu'on oublie assez souvent est que les médias disposent d'une forte autorité spirituelle dans la démocratie du marché capitaliste dans la mesure où ils rabaissent au nom de l'idéologie des droits de l'homme et des libertés individuelles le pouvoir coercitif de l'Etat. De même qu'ils font contrepoids aux autres autorités spirituelles ou religieuses. Sans une promesse de fraîcheur ni d'authenticité, ils peuvent étouffer. Tout au plus, générateurs d'une sourde méfiance (notamment par rapport aux potentialités d'une toile ouverte à toutes sortes de diversions) ils inspirent ou plutôt cultivent une paranoïa collective. En gros, on remarque qu'il n'y pas de place à une culture de partage altruiste et désintéressée, mais tout bonnement à une culture de soupçon sans paradigme d'analyse ou prise de recul. C'est exactement dans ce vide que s'engouffrent les théories et toute la rhétorique conspirationniste. Peut-être est-ce pour cette raison d'ailleurs que l'école de Frankfort, issue du choc immense du Nazisme et du Communisme perçoit les médias comme dominateurs et totalitaires? La communication qui doit fonctionner en tant que force de mobilisation et surtout en opérateur d'ambiance et de «climatisation» pour reprendre les propres termes du philosophe Peter Sloterdjik devient un agent de perturbation et de confusion planétaire. A la dictature de l'actualité et du direct s'ajoute la variable changeante de la presse d'urgence qui agit sur le mode de l'impatience. Quel monde volatile de l'information?!


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