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Algérie-France: Les «Panama Papers», les visas et la raison d'Etat
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 10 - 04 - 2016

Le Premier ministre français est venu à Alger mécontent en raison du refus des autorités algériennes de délivrer un visa au journaliste du Monde et à l'équipe de Canal Plus. Le mécontentement à Alger est aussi de taille.
L'autorité qui a refusé le visa aux journalistes français manque d'intelligence. Ce n'est pas la première fois que l'Algérie refuse de recevoir des représentants de médias internationaux notamment français. La raison, disent des responsables, est qu'« il y a toujours des arrière-pensées malveillantes à leur déplacement, ils annoncent des thèmes de travail et en font d'autres pour vendre des messages tendancieux sur le pays comme le retour du terrorisme, l'instabilité, la corruption, leur fixation sur la maladie du président, alors qu'il y a plein d'autres sujets qui, médiatisés, pourraient servir les deux pays, le leur et le nôtre ». Au-delà de cette accusation de manipulation de l'information qui n'est pas propre aux journalistes français mais existe à grande échelle partout ailleurs et en Algérie même, le refus du visa par Alger remet en cause voire piétine l'affirmation phare du président Bouteflika à chaque fois qu'il s'était agi pour lui de démontrer que l'Algérie n'avait rien à cacher. « Notre maison est de verre, transparente, nous n'avons rien à cacher, vous n'avez qu'à venir voir », n'a-t-il eu de cesse de répéter durant les années où ses longs et multiples discours étaient la seule actualité nationale.
Autre revendication algérienne remise en cause par la décision de refus du visa, la libre circulation des personnes. «Plus on donne des visas et plus on atténue de la frustration des citoyens mais aussi et surtout de la falsification de documents d'identité, l'ouverture entre les deux pays devra commencer par appliquer ce principe, d'ailleurs, les données enregistrées à ce sujet confortent largement notre point de vue », soutient en permanence le ministre des Affaires étrangères. A moins que dans cette demande d'ouverture, l'Algérie inclut des catégories de personnes qui, pour une raison ou une autre, doit être interdite de séjour. Dans ce cas de figure, Alger est en faute. Il est en effet connu qu'il est très rare que les services consulaires français refusent des visas à des journalistes algériens.
Les limites de la manipulation
Mais il est vrai aussi que ces derniers partent plus pour des séjours de détente que pour travailler, leurs employeurs en particulier privés ne les envoient que quand ils sont pris totalement en charge. C'est dire que le principe de la liberté de la presse peut très souvent frôler les limites de la manipulation. A la différence entre les deux rives, est qu'au nord, la raison d'Etat est respectée par tous, publics et privés. De ce côté-là, l'on ne sait pas vraiment ce que c'est, ou presque… La mode médiatique chez nous voudrait qu'à chaque fois qu'on nous demande notre avis sur l'Algérie, on tombe à bras raccourcis sur les gouvernants très souvent sans arguments alors qu'ils n'en manquent pas pour ceux qui veulent «analyser» la gouvernance des décideurs. Mais les critiques violentes, ça fait bien et ça fait démocrate. Curieuse appréciation de la liberté de la presse… Les journalistes français ne font mieux quand il s'agit de l'Algérie.
Le 1er ministre français a cependant toute latitude de se plaindre auprès des responsables algériens au sujet du refus d'octroi du visa à des journalistes de son pays. Seulement, il est attendu que le principe de la réciprocité en matière de mécontentement sera brandi par les autorités algériennes au regard donc des titillements et de l'insolence de certains écrits dans les médias français. Mais dans ce cas, peine perdue puisque la défense de Manuel Valls sera sans appel. La liberté de la presse sera avancée comme principe sacro-saint des institutions françaises.
Ceci ne changera rien au caractère «passionnel» qui a toujours animé la relation algéro-française même si les Français détestent quand on parle de passion à propos d'une relation qui repose strictement sur des intérêts historiques et géostratégiques par essence. Il est vrai aussi que très souvent, ces intérêts sont bassement matériels. La transition est toute faite pour noter que depuis la désignation de Abdeslam Bouchouareb comme ministre de l'Industrie et des Mines, Paris a bénéficié d'un favoritisme parfois têtu entremêlé à des considérations de soutiens à des choix politiques circonstanciels du pouvoir en place ou alors à des visées électoralistes et ceci de part et d'autre…
Au passage, Bouchouareb a plaidé non coupable pour avoir été cité nommément dans les Panama Papers de la grande évasion fiscale. Il faut lui reconnaître ne serait-ce qu'un brin de respect de l'Etat, ceci parce qu'il a, selon les documents, gelé ses avoirs au sein de la société incriminée dès sa prise de fonction en tant que ministre.
L'héritage du ministre et le devoir de la justice
Peur d'être démasqué ou nécessaire mise en veilleuse d'affaires personnelles pendant la période de gestion d'affaires de l'Etat, le ministre est assez malin pour en connaître les conséquences d'un tel enchevêtrement. Il a déjà été interrogé par la Cour suprême dans l'affaire Khalifa pour pouvoir en juger ne serait-ce que le coût psychologique. Pour les Panama Papers, tous les économistes de renommée internationale estiment que le scandale n'en est pas vraiment un parce que les sociétés offshore ne sont pas illégales, elles pullulent à travers le monde et en évidence dans ceux qui abritent des paradis fiscaux. Bouchaoureb n'a même pas mis en avant cette réalité. Il a déclaré, comme déjà dit, que l'argent qu'il y a placé (700 000 euros) est un héritage. Ce qui peut être vrai puisqu'il est le fils d'un grand Caïd de Aïn El Kercha. Un Caïd est par définition riche, au-delà du fait qu'il lui soit collé la non-participation dans la guerre de libération nationale. Mohamed Betchine doit en principe s'en rappeler pour lui avoir interdit d'être membre fondateur du RND comme le sont tous les ministres du gouvernement Ouyahia de 1997, date de la création du parti. C'est parce qu'il est fils de Caïd qu'il a été mis de côté. Il faut croire qu'il a été mis juste en réserve puisque à peine quelques années plus tard, il devient le directeur de cabinet de ce même RND et personne n'a trouvé à redire.
Bouchouareb doit être le digne fils de son père pour avoir en évidence hérité de ses richesses, tout autant d'ailleurs que ses autres frères et sœur. Lorsqu'il était président du CNES en 1995, il donnait souvent sa paie en tant que tel aux hospices de vieux ou d'enfants abandonnés et envoyait des camions remplis de boîtes de purée de pommes de terre et de paquets de chips, produits par son usine où son chef de cabinet actuel était son fondé de pouvoir. Depuis qu'il a émergé du lot des hommes d'affaires algériens (il a été responsable et membre de la CGOEA), tout au début des années 90, « et même avant », on disait que Bouchouareb passait ses week-ends dans les hôtels palaces de Monte-Carlo et d'autres endroits de contes de fées. L'on dit que c'est un grand danseur de tango habitué qu'il est au faste depuis son très jeune âge et pas du tout avare de sous. Il reste que les révélations des Panama Papers devront obliger la justice à s'autosaisir pour s'enquérir de la vérité auprès du ministre. C'est une action que doit s'imposer un Etat de droit.
Gros investissements contre compromis politiques ?
Et puisque le Panama Papers n'est pas véritablement un scandale, il peut être venu remplir les cases laissées vides par l'affaire Wikileaks. Il paraît que cette dernière, premier «lâché» par les laboratoires américains d'informations-déclarations tendancieuses sur des décideurs et de hauts dignitaires surtout arabes, n'a pas permis d'atteindre les objectifs escomptés pour l'instauration d'un nouvel ordre mondial tel qu'imaginé et conçu par les Etats-Unis.
Contrairement à ce qui a été prévu par leurs concepteurs, «les printemps arabes» ont parfois permis la résurrection de forces données pour «dépassées» mais qui ont pu accaparer des pouvoirs sans précédent. Ce qui ne doit pas arranger les visées des Occidentaux.
La crise en Libye est à cet effet ce dossier qui les agace. Essaradj qu'on donne proche de l'Algérie ne plaît pas aux Français. L'entêtement de l'Algérie à ne pas faire intervenir son armée en Libye pour désamorcer un pays qui a été déflagré par les forces de l'OTAN sous les fortes pressions de la France et son président d'alors, Nicolas Sarkozy, les agace encore davantage. La menace d'une intervention militaire occidentale musclée est souvent brandie par les Occidentaux pour forcer la main à Alger. John Kerry l'a dit clairement dans ses propos. La Syrie et le sort de Bachar El Assad ne diffère pas pour être ce dossier qui divise l'Algérie, la France et ses alliés. La dernière visite d'El Maâlam, le MAE syrien, à Alger n'a pas plu à l'autre rive parce qu'elle est signe d'un rapprochement soutenu entre l'Algérie et la Syrie avec en prime la Russie et l'Iran, « les diables » de la politique. Les pourparlers avec l'Iran débarrassé du poids des lourdes négociations après sa signature de l'accord sur le nucléaire avec les 5+1, est aussi de mauvais goût pour les Occidentaux. Enfin, le dossier du Sahara Occidental ne peut être en reste dans ce magma politico-stratégique qui place l'Algérie au banc des accusés.
Alger et Paris ont de quoi parler et sur quoi s'entendre. Ou pas. Comme les jeux sont trop durs à gagner sans compromis, au temps de Sarkozy, ils avaient juré tous les deux de ne travailler que sur les dossiers économiques. Mais en économie, les temps sont tout autant durs. Si des concessions ont été faites par l'Algérie pour avoir accepté, entre autres, l'ouverture d'un petit hangar de montage de voitures à Oued Tlélat, la France reste toujours avare d'investissements dignes de ce nom. La visite actuelle de Valls à Alger, « si elle ne casse pas la tirelire », sera sans impact sur les grandes questions politiques. Encore faudra-il que l'Algérie change de positions qui lui ont forgé ce caractère d'un pays qui a «sa souveraineté nationale» à fleur de peau.


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