Le Roi du Maroc a fait, contrairement à ses habitudes, un discours amical et rassurant à l'égard de l'Algérie, rappelant au passage l'histoire commune des résistants des deux pays face au colonialisme français. Mohamed VI a, dans son discours à la Nation, prononcé à l'occasion du «63ème anniversaire de la Révolution du roi et du peuple», pratiquement fait «amende honorable» à l'Algérie, l'invitant à ouvrir une nouvelle page des relations entre les deux pays. Il a ainsi souligné qu'il faut «oeuvrer ensemble, avec sincérité et de bonne foi, pour servir les causes maghrébines et arabes et pour relever les défis qui se posent au continent africain». Il a ainsi rappelé «la coordination et la solidarité entre les chefs de la Résistance marocaine et le Front de Libération nationale algérien» contre le colonisateur français. «La Résistance marocaine a apporté son soutien matériel et moral à la Révolution algérienne, en butte à une campagne violente engagée à son encontre par les forces coloniales qui entendaient la réduire à néant avant même qu'elle ne fête son premier anniversaire», a-t-il dit, avant de relever que «ce soulèvement et cette solidarité ont contribué à redonner vie à la Révolution algérienne. Tant et si bien qu'à terme, les deux pays ont joué un rôle majeur dans la libération et l'indépendance de l'Afrique.» Il appelle ainsi de ses vœux, un nouveau chapitre dans les relations entre les deux pays, lorsqu'il affirme que «nous aspirons donc au renouvellement de cet engagement et de cette solidarité sincère qui unit, depuis toujours, les peuples algérien et marocain, afin de continuer à œuvrer ensemble, avec sincérité et de bonne foi, pour servir les causes maghrébines et arabes » Et puis, il lance que «nous avons tant besoin aujourd'hui, dans la conjoncture que traverse les peuples arabes et la région du Maghreb, de cet esprit de solidarité pour relever les défis communs de développement, les défis liés à la sécurité». Le discours du monarque marocain, à l'occasion de la Révolution du Roi et du peuple, commémore en fait le soulèvement des Marocains, le 23 août 1953, lorsque les autorités coloniales avaient renversé le sultan Mohamed Benyoussef, exilé d'abord en Corse puis à Antsirabe, sur les hauts plateaux de Madagascar, à quelque 200 km de Tananarive. La tentative de renversement du Sultana a déclenché des manifestations populaires, puis des émeutes, qui mèneront à l'indépendance du Maroc, en 1956 avec Ben Youssef, qui deviendra Mohamed V, comme roi. Le Président Abdelaziz Bouteflika a, de son, côté, adressé un message de vœux au Roi Mohammed VI. «En cette heureuse circonstance qui marque une étape importante dans l'histoire de la lutte du peuple marocain frère pour le recouvrement de sa liberté et de son indépendance, je tiens à remémorer les valeurs d'entraide, de cohésion et de construction commune puisées dans la lutte commune et les énormes sacrifices consentis par nos peuples maghrébins pour se libérer du joug colonial», a affirmé le Président Bouteflika. Il a ajouté que «je saisis, également, cette occasion pour vous réitérer notre ferme détermination à œuvrer de concert avec votre majesté au raffermissement des liens de fraternité et de solidarité entre nos deux peuples frères, au mieux de leurs aspirations au progrès et à la prospérité.» Pour autant, c'est la première fois que le roi du Maroc, dans un discours officiel, ne fait pas mention du problème du Sahara Occidental, qu'il occupe depuis 1975. Par contre, Mohamed VI a réservé une large place dans son «speech» au terrorisme, et à la nécessité de le combattre, mais également à la cohabitation entre «gens du Livre».
