«En ma qualité de wali, je suis le premier défenseur du patrimoine de la ville. Aussi loin que je me souvienne, le site à sauvegarder de Sidi El-Houari était livré à lui-même. Je ne le répéterai jamais assez, on préservera ce qu'on peut préserver. Quand on a le souci de l'obligation publique, on se doit d'apporter des solutions. La sauvegarde ne veut pas dire l'inaction, l'inertie, au nom de la muséification ». C'est par ce recadrage de fond que le wali a amorcé sa réplique à la question d'une journaliste à propos du projet promotionnel prévu à la pêcherie par le biais du maître d'ouvrage, l'Agence foncière de wilaya, en marge de sa tournée effectuée lundi à travers des chantiers AADL et LPL. « Autant je suis un fervent défenseur de la préservation du patrimoine culturel et historique de la ville, autant je suis un ennemi juré de l'inertie. J'ai toujours été contre l'inertie, synonyme de la stagnation, de l'immobilisme », a-t-il poursuivi dans la même ligne de pensée. « J'ai effectivement reçu, hier dimanche dans mon bureau, l'auteur de la lettre se rapportant au projet prévu sur le site dit la Calère. L'objet premier de sa visite était de s'informer à la source sur ce projet. L'échange était tout à fait transparent. Nous avons donc levé certaines équivoques autour de ce projet et surtout bien expliqué le contexte de ce projet, qui intervient dans le cadre du processus d'aménagement et d'embellissement du périmètre de la Marina », a ajouté le chef de l'exécutif local. « En effet, tout le monde sait que le site mitoyen à la pêcherie refait peau neuve à coups d'opérations d'amélioration urbaine lancées de manière simultanée. Il fallait donc accompagner et conforter ce processus d'aménagement et d'ameublement urbains par d'autres actions de construction permettant de revitaliser ce segment proéminent de la ville, lequel, tout le monde en convient et nul n'y contredit, était dans un état lamentable. Dans ce contexte donc, nous avons conçu sur un terrain nu un petit ensemble promotionnel intégrant des services joignant l'utile à l'agréable qui soient compatibles, tant sur le plan fonctionnel que sur le plan architecturel, avec la structure et la vocation de la Marina ». L'assiette de près de 1.500 m2, terrain nu transformé un temps en un dépotoir à ciel ouvert avant d'être « reconverti » en aire de stationnement par les gardiens de parking de tout bord qui viennent racketter la clientèle des restaurants spécialité poisson, avec cet autre usage en temps creux en lieu d'étalage de poissons frais - qui n'en sont pas -, a même fait l'objet d'une tentative de squat par un particulier. « Le foncier en question ne relève pas du secteur sauvegardé de Sidi El-Houari. Il est tout à fait excentré », soulignant le recours systématique en pareil cas à une enquête préliminaire sur la nature juridique du terrain avant le choix définitif du site. SECTEUR A SAUVEGARDER DE SIDI EL-HOUARI : ETUDE SUR BUDGET DE WILAYA Le wali Mouloud Cherifi qui s'exprimait devant la presse, avec à ses côtés le président de l'Assemblée populaire de wilaya le Pr Mohamed Boubekeur, a dans le même ordre d'idées révélé qu'une grande étude ayant trait à la préservation du quartier de Sidi El-Houari sera bientôt lancée sur budget de wilaya. Il faut rappeler que le plan de sauvegarde pour lequel a été allouée une somme de 1,4 milliard de centimes, est bloqué en raison du gel de ce financement justement. Il a été annoncé au niveau local, il y a quelques mois, la levée du gel sur ce projet, en faisant référence alors à des informations en provenance du ministère de la Culture, mais aucune suite depuis. Rien de concret jusqu'ici, en tout cas. Concernant le projet de la Calère, il s'agit selon l'Agence foncière d'un aménagement mobilier urbain multifonctionnel de haut standing conjuguant le promotionnel intégré et les divers services gravitant autour du thème de la mer : restauration spécialité poisson et fruits de mer, shopping axé sur les activités nautiques, petit musée de la Méditerranée retraçant notamment l'histoire du littoral oranais avec effet zoom sur le port d'Oran, salle d'exposition agrémentée d'un grand aquarium, espace de jeux pour enfants avec à la clé un parking souterrain de deux niveaux. L'idée d'aménager le terrain escarpé, un talus assez abrupt du fait du dénivellement entre la route d'en haut (voie qui monte vers Sidi El-Houari via le nouveau rond-point de la pêcherie) et la route d'en bas (voie longeant le port de pêche et débouchant sur Bastos) qui se trouvait dans un piteux état et clochardisait tout le périmètre, avec notamment le vieux et dégradé massif en béton à l'arrière-fond qui servait autrefois de mur de soutènement, suggère donc de résorber un point noir, non pas au moyen trop facile d'un cache-misère (mur en voile, panneaux pub trompe-l'œil, espace vert tape à l'œil ) comme cela se faisait en d'autres temps, mais par la réalisation d'un projet bien étudié qui sied à ce haut lieu de tourisme - du moins c'est la nouvelle vocation qu'on veut imprégner à ce site et on est bien parti pour ce faire, à en juger des actions menées ou projetées dans le cadre du schéma d'aménagement de la Marina et tout le territoire sous-jacent.
