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Fortifications: Oran, une place forte en Méditerranée
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 06 - 11 - 2018

Le fort Santa Cruz, qui trône à plus de 375 mètres sur le pic de l'Aïdour, est omniprésent dans la vision des Oranais, il en est même devenu la carte postale.
De par sa situation et son imposante stature, il n'est en fait que la partie visible d'un ingénieux système fortifié formé d'un chapelet de forts et fortins comptant pas moins d'une vingtaine de bâtisses remarquables entre châteaux forts (Mers el Kébir, Santa Cruz, San Gregorio, Rosalcazar, San Andréas, San Felipe et la citadelle d'El Castillo Viejo) et nombreux forts et fortins (San Salvador, La Mona, Santiago, San Pedro, Nasciemento, San Fernando, San Carlos, San Luiz, San Miguel, Santa Teresa, Santa Anna, Santa Barbara, Torre Gorda, San José…) dont une bonne partie de ces derniers a disparu sous la poussée de l'urbanisme du début du 20ème siècle. Soit un système de fortifications des plus accomplis dans toute la Méditerranée... « De si nombreuses fortifications pour une si petite ville ! » s'étonnaient alors beaucoup de voyageurs. Une explication à cela ?
Un peu d'Histoire
- Fondée en 902 - 903 par des marins andalous de l'émirat omeyyade de Cordoue, en raison d'un certain nombre d'atouts qui vont faire sa prospérité : existence d'un port naturel bien protégé à Mers El Kébir et d'une source d'eau pouvant alimenter la population et les potagers du ravin de Ras El Aïn. Atouts que décrivent bien géographes, voyageurs…
« Wahran est près du bord de mer, elle fait face à Alméria sur la côte d'Andalousie dont elle est séparée par deux journées de navigation. Marsa el Kébir est un port qui n'a pas son pareil sur tous les rivages de la Berbérie. Les navires d'Andalousie y viennent souvent. L'eau potable des habitants est fournie par une rivière qui vient de l'intérieur des terres et qui arrose des vergers et des jardins» Mohamed El Idrissi (11ème siècle).
« Le port d'Oran est tellement sûr et bien abrité contre tous les vents que je ne pense pas qu'il ait son pareil dans tout le pays des Berbers. C'est au port que se fait le commerce avec l'Espagne » Ibn Hawkel (10ème siècle) « kitab el masalik wa el mamalik » :
De par sa situation stratégique, Oran va faire nécessairement l'objet de convoitises. Elle va changer de mains plusieurs fois. Elle fut tour à tour omeyyade, fatimide, almoravide, almohade, mérinide et enfin zianide, l'âge d'or de la cité. Cette période arabo-musulmane dura 6 siècles. A la veille de son occupation par les Espagnols en ce début du 16ème siècle, Hassan El Wazan, dit Leone l'Africain, écrit : «Oran est une grande cité bien fournie d'édifices et de toutes choses qui sont séantes à une bonne cité, comme collèges, hôpitaux, bains publics et hôtellerie, la ville étant ceinte par ailleurs de belles et hautes murailles».
Après la chute de Grenade en 1492, Oran va subir de plein fouet les effets de la Reconquista.
En 1505, Mers El Kébir tombe aux mains des Espagnols et, Oran, 4 ans plus tard. Cette occupation va durer près de trois siècles et va transformer la ville andalouse qu'était Oran en une ville médiévale fortifiée. Les Espagnols veulent faire de Mers El Kébir le verrou de la Méditerranée occidentale et d'Oran une place forte. Il faut rappeler que le 15ème siècle a vu la maîtrise de la poudre à des fins militaires et l'apparition et l'utilisation à grande échelle de l'artillerie, ce qui va chambouler et rendre obsolète toute l'architecture des vieux châteaux du moyen âge aux splendides donjons et aux très hautes murailles. Devenus cibles faciles devant les boulets de canon, ils vont tomber comme des châteaux de cartes à moins d'être remodelés de fond en comble ou remplacés par une autre génération de fortifications plus adaptées et plus résistantes à l'artillerie moderne. Ça sera la fortification bastionnée, inventée par les ingénieurs italiens, dont certains, à l'instar de la saga des Bautista, vont travailler pour le compte des Espagnols, et introduire la fortification bastionnée à Oran. On va aussi s'atteler à réaménager totalement l'existant à l'instar de «… Bordj el Ahmar que ne surpasse en hauteur aucun monument, puis l'autre forteresse, pour défendre les navires du port de Mers El Kébir » Abu Rass El Naceri .
Les donjons mérinides de Bordj El Ahmar vont être bastionnés et intégrés au nouveau Rosalcazar et le vieux fort de Mers el Kébir, bâti par les Mérinides, complètement reconstruit sur de nouvelles bases.
En Europe se poursuivait aussi et partout cette dynamique de reprise des fortifications après la crise provoquée par l'apparition de l'artillerie à poudre : on bastionne à tout va pour s'adapter aux nouvelles règles de la poliorcétique, l'art d'assiéger les villes. Cette innovation va précipiter la chute de la fortification classique du moyen âge et en même temps inciter les ingénieurs et architectes à trouver la parade : concevoir et construire des forts qui résistent le plus longtemps possible aux sièges et aux terribles boulets de canon. Une course-poursuite s'ensuivra durant des siècles. Vers la moitié du 19ème siècle l'apparition de l'artillerie rayée, l'obus en lieu et place du boulet, va précipiter cette fois-ci la fortification bastionnée, elle-même devenue à son tour caduque. L'âge du béton va permettre une réaction salutaire des bâtisseurs mais qui sera de courte durée vu l'évolution rapide des armes à destructions massives.
Les fortifications espagnoles
A Oran, durant près de 3 siècles, les Espagnols vont édifier plusieurs châteaux forts et une vingtaine de fortins, tours et portes. Ces fortifications avaient pour objet de défendre d'un côté Mers el Kébir et de l'autre la principale source d'eau qui coulait au fond du ravin de Ras El Aïn et s'opposer à toute attaque des autochtones et des régiments de l'armée algéro-ottomane. Les fortifications du Rosalcazar, de St André, de St Philipe et de St Fernando, sur la rive droite étaient reliées entre elles par une « barrera » une muraille ponctuée elle-même par des tours comme celle de la Torre Gorda et Santa Barbara. La rive gauche, moins exposée aux attaques, était néanmoins bien fournie pour surveiller la source et les vergers de Ras El Aïn avec la Tour Nasciemento, la tour de Guet et la citadelle du Castillo Viejo, flanquée au pied du ravin par le tambour San José. Ce qui donne la caractéristique de Système à ces fortifications c'est que chacune s'appuyant sur l'autre en cas d'attaque mais en même temps l'ensemble constitue un tout que lient d'impressionnantes galeries souterraines creusées en labyrinthe.
Chaque château est un ensemble défensif qui peut se suffire à lui-même. Le Rosalcazar, par exemple, outre ses six bastions, ravellin et double tenaille, possède les fortins avancés de Santa Anna, Santa Teresa et San Migel ; San Felipe en continuité de San Andreas ont respectivement San Luis, San Carlos et San Fernando comme postes avancés. L'exemple de la Casbah, le Castillo Viejo, est tout aussi exemplaire, flanquée des fortins de San Pedro et Santiago, sa double muraille est ponctuée de 5 bastions et que clôture une double tenaille en contrebas de la montagne du Murdjajo.
Par rapport à d'autres villes méditerranéennes et en particulier les « presidios » espagnols, Oran dispose d'un système de défense basé sur une logique constructive des plus remarquables, un fleuron de l'architecture militaire où les ingénieurs rivalisaient d'ingéniosité et de créativité : aucune fortification ne ressemble à une autre, chaque château fort est appuyé par un ou plusieurs fortins, chaque fortification utilisait les contraintes du terrain à son avantage en particulier par l'utilisation des ravins comme fossés naturels. La topographie des lieux au service total de la défense !
Un patrimoine bien inséré dans le tissu urbain… Un atout et une menace
Des siècles ont passé et ce patrimoine se trouve actuellement bien inséré dans le tissu urbain, ce qui constitue en même temps une menace et un atout. Le développement de la ville à la fin du 19ème siècle, va déjà entraîner la disparition des fortins avancés comme San Miguel, San Luiz et San Carlos ainsi que Santa Teresa suite à l'extension du port au début du 20ème siècle. Dans les années 30, il se trouvait des élus et gestionnaires de la municipalité coloniale qui demandèrent de déraser ces «murailles de pacotille» au motif que ça gênerait le développement de la ville et en particulier l'extension de la place d'Armes. Laissée pour compte un bon moment, l'architecture militaire bastionnée connaît un regain d'intérêt. Plus d'une vingtaine de thèses d'universitaires architectes, d'hispanisants, d'historiens ont été consacrées à cette thématique, favorisée en cela par la numérisation des archives de Simancas et du château de Vincennes. C'est dans ce contexte et sur initiative de l'OGEBC, office de gestion des biens culturels, qu'un dossier de classement du système défensif oranais est en cours d'élaboration au niveau du ministère de la Culture. Il pourrait même déboucher sur une inscription Unesco avec un portage algéro-espagnol comme patrimoine partagé. Rappelons que l'Unesco vient de classer d'un coup 12 sites majeurs des fortifications Vauban en France rendant ainsi un hommage à une architecture bastionnée classique qui a marqué le monde durant plus de trois siècles et qu'on a longtemps négligée.
Ce patrimoine, porteur il est vrai d'une forte symbolique militaire et belliqueuse, fait partie intégrante de l'histoire d'Oran et témoigne de nos histoires croisées avec les pays riverains de la Méditerranée. Réhabilité et requalifié afin de répondre aux besoins de la population, ce système défensif, qui a fait d'Oran une place forte et très disputée en Méditerranée, est un atout pour la ville tant sur un plan touristique que culturel.
(*) Président fondateur de l'association culturelle Bel Horizon - Auteur de «Oran, une ville de fortifications», 2013, Ed. Bel Horizon


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