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L'exemple pédagogique algérien de ratage de la révolution agricole et sociale: Pays décolonisé depuis 57 ans et ne subsistant que par la rente pétrolière et sa prédation (1ère partie)
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 27 - 04 - 2019

  Le cas bien insolite de la dépos-session de la terre et de notre relation particulièrement histo-rique au sol, nous marquent bien singulièrement, nous Algé-riens, depuis les différentes colonisations et incessants mouvements de révolte, d'insurrections populaires et d'actions fédératives et généralisées de libération nationale.
La terre a toujours, et de tous temps, cons-titué l'enjeu fondamental et central des grandes révoltes et mouvements de libération en Algérie. Dans l'appel historique du FLN du 1er novembre 1954 marquant le déclenchement de la guerre de libération algérienne, il est précisé en son préambule, « conformément aux principes révolutionnaires, notre action est dirigée uniquement contre le colonialisme ». Ce dernier ne s'est, effectivement, érigé, fortifié en gangrenant la société et le peuple algérien que par fondamentalement ses différents processus d'usurpation des terres et d'inféodation des populations ou les propriétaires originels et légitimes des biens fonciers ont été transformés en ouvriers agricoles sous-payés, pour être chassés plus tard avec l'avènement de la mécanisation agricole vers les périphéries des villes et bidonvilles ou encore transformés en déportés économiques par l'émigration au grand profit du développement de la Métropole avec ces conséquences dramatiques impliquant, sans véritables solutions ni dénouement du déracinement, jusqu'à leur troisième génération, de ces populations, pour la plupart d'origine terrienne.
Dans ce contexte, presque deux siècles après le début de la colonisation et accaparement des terres, des questions hautement morales, historiques et économiques restent toujours ouvertes et pendantes !
Pourquoi 57 ans après l'indépendance, le fonds des terres de la colonisation soit plus de 4 millions d'hectares est-il resté dans un statut foncier figé. Il faudrait aussi préciser que l'autogestion de ces grands et riches domaines ex-coloniaux a été tellement étatisée, bureaucratisée et dévoyée par les instances étatiques pour décrédibiliser toute idée de collectivisation des terres ou de leurs libres affectations aux populations terriennes. Pourtant ce fonds terrien foncier représente à lui seul l'un des enjeux fondamentaux des diverses rebellions et révoltes régionales puis de la révolution algérienne. Cette terre, ne devait elle pas, naturellement dès l'indépendance, retourner aux populations terriennes ?
Pourquoi, juste après de recouvrement de l'indépendance du pays, alors que des recommandations et résolutions du Sommet de la Soummam prévoyaient l'organisation d'une réforme agraire, rien n'a été entrepris, de sérieux et courageux, pour réaffecter, avec un statut foncier juridiquement fondé et légal, aux populations rurales et agraires ces terres de la paysannerie algérienne usurpées et spoliées par le colonat.
Au lieu de cela, les différents régimes po-litiques en place ont tellement tergiversé par la ruse bureaucratique en expérimentant sans aucune conviction sincère l'autogestion et collectivisation de ces grands domaines. Il faut rappeler peut être que dans les faits cette forme de gestion était fortement étatisée sans aucune liberté d'action et de souveraineté des agriculteurs sur les terres qu'ils exploitaient et leurs moyens de production. Ajoutons à ce machiavélisme le fait que les bénéficiaires ne pouvaient disposer d'aucune garantie légale , ni statutaire et juridique des terres qu'ils exploitaient. Ce qui n'a pas manqué de réduire leur motivation et engagement à s'impliquer fortement dans leurs activités productives. Ils ont compris qu'ils n'étaient au juste que des employés agricoles de l'Etat... Enfin et précisément que de simples journaliers !
A ce propos, la question qu'on est en droit de se poser, est pourquoi l'Etat n'a pas imposé, au même moment, aux artisans, commerçants et entrepreneurs citadins de telles mesures et orientations de collectivisation ? Il y a t il donc, dès l'avènement de l'indépendance du pays, une ségrégation vivace et particulière vis-à-vis de la paysannerie et populations rurales ? Il est vrai que c'est bien cette classe sociale qui a tant perdu avec le colonialisme. Qui a été le fer de lance, le bras et l'esprit de la révolution algérienne. C'est, en effet, cette paysannerie spoliée, jusqu'à la corde par l'ordre colonial qui à nourri les révolutionnaires, offert ses enfants, et soutenu pleinement la Révolution. Est-ce pour cela que la gouvernance bourgeoise ''citadiniste'' se méfie d'elle ou cherche à la réduire, à la contrôler craignant ses potentiels débordements révolutionnaires !
Toujours est-il, que cette paysannerie a été pratiquement abandonnée par les pouvoirs d'Alger, affamée, mise en difficulté économique et réduite donc à l'exode vers les villes où, n'ayant aucun choix, elle s'est cantonnée autour des villes... Dans les bidonvilles.
En finalité , 57 ans après le cercle s'est presque entièrement fermé sur une paysannerie algérienne complètement disloquée, chassée de ses territoires naturels de vocation, sous prolétarisée et survivant dans les bidonvilles autour des principaux centres urbains pour être réduite à être corvéable et sous payée , le plus généralement en qualité de manœuvres sans aucune qualification, au service et à la merci économique des bourgeoisies citadines. On constate ainsi que ces dernières ont véritablement été les gagnantes et véritables bénéficiaires du Loto de l'indépendance et du ruissellement de la rente pétrolière !
Et si vous avez remarqué que nos corvéa-bles '' mâcons bon marché'' avaient la réputation de faire des murs pas suffisamment droits ou quelque peu mal-finis, vous comprendrez aujourd'hui aisément qu'ils n'ont choisi de quitter, de gaité de cœur, leurs beaux et si dignes paysages ruraux. Et qu'ils n'ont cessé, depuis , d'accumuler, révolte sourde, hargne et même ressentiment vis-à-vis des citadins ou de leurs protecteurs politiques qui les ont, quelque part, spolié de leurs terres, puis réduit en esclavage ; insidieusement et beaucoup plus que ne l'a fait le colonialisme durant plus de 130 ans !
Aussi, la baisse des cours du pétrole de 2014, a vu surgir chez les décideurs la proposition d'accorder en longue concession à des partenariats agro-capitalistes du type 51 - 49 % de vastes territoires, soucieux de préserver ou de rechercher une autre voie permettant un remplacement de la rente pétrolière par une hypothétique rente agricole. Voici un nouveau et bien singulier dispositif de réforme agraire, non dirigée vers les besoins légitimes d'une paysannerie en quête de terres, mais au service seulement de lobbys et montages financiaro-capitalistes qui recherchent la réalisation de profits rapides et extrêmement rentables et utilisant pour cela la plus large et plus agressive, du point de vue environnemental et sanitaire, panoplie d'intrants chimiques, de phytosanitaires de synthèse et de semences hybrides et surtout OGM. Après 57 ans de veille d'une relative souveraineté nationale en matière économique et de protection des ressources naturels et de la biodiversité algérienne, on ose par ce dispositif insidieux et destructeur, faire rentrer le Loup impérialiste dans la bergerie. C'est d'autant plus dramatique que cela se fait au Dinar symbolique, avec des facilitations d'Etat, des lignes de crédit, des exonérations d'impôts et de taxes diverses... L'affront extrême d'indignation vient d'être porté à ce qui subsistaient comme derniers lambeaux de la paysannerie algérienne qui a toujours été le fer de lance, le bras et l'esprit des révoltes, insurrections et Révolution de ce pays , appelé autrefois '' le Grenier de Rome''.
Car l'économie de la mondialisation est une économie désincarnée ; elle n'a pas d'âme, de visage, ni de nationalité. Et c'est pour cela qu'elle sera terrible, féroce et sans états d'âme dans le processus d'accaparement des terres, d'exclusion des paysans et de destruction des sols et des ressources naturelles. Et c'est ainsi que l'on assiste, presque sans constat de révoltes consommées, à ces scènes devenues ordinaires et bien banales aujourd'hui où des paysans d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie sont chassés de leurs terres, parfois après être bastonnés ou seulement intimidés par les soldats et vigiles de leur propre gouvernement. Il prennent juste ce que l'on peut prendre avec les deux mains, ou ce qu'on peut entasser pêle-mêle sur une charrette ou une bicyclette pour aller se rajouter et s'entasser dans le bidonville le plus proche où ils ne tarderont pas à connaître, l'indignation, la précarité, la pauvreté, l'indigence, les maladies, la mendicité, la prostitution avant de ne pouvoir que rêver à émigrer plus loin, plus au nord; là où le rêve d'un Eldorado semble encore possible et fait encore mirage !
Il ne pourrait y avoir plus flagrante injustice historique et déni de libération que de devoir constater qu'aujourd'hui, soit 57 ans après l'indépendance, les héritiers de cette paysannerie spoliée doivent pour se loger consentir le plus haut des sacrifices financiers pour l'acquisition d'une cinquantaine de mètres carrés suspendus entre ciel et terre, c'est-à-dire nulle part sur la terre, mais hypothétiquement suspendus, comme dans un mauvais songe ou chimère,... dans les airs ! L'Algérie était au lendemain de son indépendance à plus de 90% rurale ; aujourd'hui sa composante urbaine et péri-urbaine excède largement les 70%. Où va-t-on et pour quels types d'intérêts nous conduit-on ? Les individus ou ''sous-citoyens'' ne sont plus considérés qu'à titre de potentiels consommateurs et acquéreurs pour servir le plus grand marché, jamais égalé auparavant, de spéculation foncière et de vol légalisé. De la surabondance de notre patrimoine commun en terres, ils ont organisé la rareté pour mieux spéculer et s'enrichir en nous rétrocédant nos biens légitimes au prix d'or ?
Il est vrai que ces phénomènes et nouvelles formes de manipulation et d'exploitation ne concernent pas seulement l'Algérie, mais bien la planète aujourd'hui dans son sud comme dans son nord. Il y a de ces économies factices qui ne créent pas ou plus de réelles nouvelles richesses mais qui ne reposent que sur un large système de recyclage de la rente par, entre autres, l'organisation de la rareté en condition préalable à la mise en place de véritables systèmes spéculatifs. Où sont aujourd'hui les responsabilités de régulation, de protection de réelle solidarité et de vision lointaine et stratégique des Etats et gouvernants ?
(A suivre)


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