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L'échec des dictatures dans les sociétés de tradition non guerrière de classes
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 26 - 09 - 2019

Il n'y a pas une science économique, ou deux, celle orthodoxe et une autre hétérodoxe, mais des pratiques scientifiques de l'économie. Les sciences économiques sont des sciences sociales appliquées. À suivre Max Weber, Fernand Braudel et maintenant Gary Becker, l'économie est une rationalisation de l'activité sociale, des choix sociaux. Brièvement dites, elles dépendent de la pratique réflexive des savants dans un système social et politique donné.
Il faut en finir avec l'extraterritorialité sociale et culturelle de la science [1]. Dans la société de classes libérale, la science formelle exprime une posture de la société savante, celle de son extériorité par rapport à la société. J'opposerai ici globalement deux types de pratiques scientifiques : la pratique scientifique d'une société de tradition guerrière de classes sous-tendue par une idéologie trifonctionnelle/tripartite (G. Duby, G. Dumézil)[2], qui concentre le savoir dans les mains d'une classe, à la pratique réflexive d'une société de tradition non guerrière sous-tendue par ce que j'appellerai une idéologie d'égale liberté de base pour tous qui distribue le savoir de manière qu'il ne puisse pas être concentré dans les mains d'une classe avec ses composantes guerrières, capitaliste et savante. Cette société de tradition non guerrière de classes supposerait non plus l'ancienne indifférenciation sociale, mais une différenciation sociale où la compétition et la mobilité sociale permettraient un faible étirement de la pyramide sociale et un renouvellement constant de son sommet.
Dans la démocratie occidentale, les savants sont au service de la classe dirigeante, quand ils n'en font pas partie. Les sociétés occidentales, que j'ai appelées sociétés de traditions guerrières de classes (parce que dominées par la division fondamentale du travail entre guerriers et producteurs et soumises à une idéologie trifonctionnelle) relèvent d'une division du travail qui sépare verticalement la conception de l'exécution pour former deux classes distinctes, horizontalement l'action de la pensée pour former deux fractions d'une même classe [3]. Les valeurs et les richesses se diffusent de haut en bas. Les ingénieurs conçoivent et les travailleurs exécutent. Les savants pensent et les dirigeants (politiques, propriétaires) agissent. Les propriétaires s'enrichissent et les autres imitent. Sous l'autorité des possédants, ils vident la société de son savoir et l'incorporent dans des machines et des algorithmes sous propriété privée exclusive. Ils sont les vigiles de la propriété et de la mémoire sociale. Ils produisent un savoir qui sert des politiques de haut en bas et qui vise à conformer la société à l'image que veut en construire la société dirigeante et son idéologie tripartite. La science économique vise alors à conformer le comportement économique des agents à leur position dans la machine économique. La société qui est atomisée en individus séparés se prolétarise, les savoirs s'objectivent et deviennent la propriété de la classe dominante.
La société de tradition guerrière de classes a diffusé son idéologie, étendu son ordre hiérarchique au reste du monde. Elle a voulu se réserver la conception industrielle et faire du monde son fournisseur de matières premières et de main d'œuvre. Une telle mondialisation de son ordre interne et de son idéologie a rendu possible un compromis avec la classe travailleuse. Le fordisme a engagé une armée industrielle de travailleurs en lui offrant un certain niveau de vie. Une société consumériste a pu se constituer en bénéficiant des surprofits d'un tel ordre mondial. La classe dirigeante des sociétés de tradition guerrière continue à vivre de la guerre qu'elle a étendue au monde. Elle ne vit plus de l'exploitation des ressources locales et de la classe subordonnée comme au départ de la croissance (G. Duby, 1973[4]), mais des ressources mondiales en matières premières et en main d'œuvre.
Maintenant que la domination militaire occidentale est battue en brèche, que la projection de son ordre mondial ne va plus de soi, que les richesses se concentrent toujours davantage et ne « ruissellent » plus du sommet de la pyramide sociale vers sa base, les politiques de haut en bas ne s'inscrivent plus dans le cours des choses, la base de la pyramide sociale n'est plus payée en retour (« imitez-nous, vous réussirez »). Mais alors que ré émergent des sociétés de tradition guerrière non occidentales, qu'émergent des sociétés sans traditions guerrières de classes, mais rebelles, que le mythe du développement s'effondre, des pratiques expérimentales de l'analyse économique apparaissent en même temps qu'un gouvernement algorithmique, un gouvernement indirect des désirs et des croyances. Avec les big data, les désirs et les croyances sont travaillés au ras du sol de la société. Dans les sociétés sans tradition guerrière de classes, la crise des politiques de haut en bas est plus grave, car elles ne prennent pas appui sur des structures stables. Ces sociétés ne sont pas accoutumées à être dirigées par une classe dirigeante dans laquelle elles s'identifieraient, de laquelle elles adopteraient les normes. Déstructurées, elles ne produisent plus leurs propres normes. Une redistribution généreuse, comme dans le cas des pays pétroliers, a pu masquer pendant un temps une telle déficience des structures et des dispositions sociales.
Ces sociétés sans tradition guerrière de classes, mais rebelles, ont été soumises à des dictatures faute de ne pouvoir établir des rapports symétriques avec les sociétés de traditions guerrières de classes, faute d'autre part de ne pouvoir produire une structure équilibrée des rapports de forces en mesure d'accueillir une démocratie représentative. Il faut considérer la dictature comme le produit d'une double asymétrie entre le monde et la société d'une part, l'Etat et la société d'autre part, où vient se loger une politique économique et industrielle de haut en bas sur une société sans structure sociale stabilisée. Cette politique de haut en bas s'est imposée du fait de l'insertion internationale de ces sociétés qui n'a intégré qu'une minorité sociale en la détachant de la société. La rente pétrolière a facilité une telle politique. L'échec de ces dictatures s'est traduit dans leur incapacité à produire une véritable armée industrielle, matrice d'une société civile en mesure de constituer un leadership pour l'ensemble de la société. La réussite de la Corée du Sud offre un excellent contre-exemple. Nos institutions importées labellisées modernes n'ont pas donné de capitaines d'industrie comme elle l'a fait en Extrême-Orient. La bataille de l'industrialisation n'a pas prolongé la guerre de libération. L'armée de libération nationale (ALN) aurait pu en être capable et tel aurait dû être son but, mais l'armée nationale populaire (ANP) qui lui a succédé a ignoré la genèse des institutions qu'elle a adoptées, elle a contrevenu à l'histoire non étatique de sa société et elle n'a pas compris l'économie mondiale de guerre dans laquelle elle était insérée [5]. Le dynamisme de la compétition sociale a donc été brisé.
Ce que nous appelons dictature aujourd'hui n'est pas différent de la dictature des guerriers de la société féodale, à la différence qu'elles ne sont pas reçues de la manière par l'esprit de l'époque et du milieu. Au Moyen Âge, comme dans les sociétés modernes de traditions guerrières non occidentales, les dictatures ont abouti. Les guerriers ont réussi à intégrer les marchands dans leurs campagnes, ils ont formés des armées industrielles victorieuses et fait émerger des sociétés civiles puissantes. L'exploitation du travail et des ressources naturelles a porté le progrès social, les richesses ont ruisselé de haut en bas.
Aujourd'hui, les dictatures sont le signe d'un passé révolu en même temps que le fait d'une soumission des sociétés non guerrières aux sociétés guerrières qui les ont intégrées dans leur système d'exploitation du monde. Aujourd'hui, les dictatures n'accumulent pas de puissance, elles dissipent les ressources collectives. La politique postcoloniale n'a pas réussi à rompre avec la politique coloniale d'expropriation de la société. Elle a poursuivi aveuglément une politique de dissipation des ressources, d'ensauvagement et de prolétarisation de la société (B. Stiegler) [6]. La politique industrielle a disparu derrière une politique de privatisation rampante. La doctrine libérale, avec sa sacralisation de l'individu et de la propriété privée exclusive, issues de l'autonomisation de la bourgeoisie vis-à-vis de l'Etat de tradition monarchique, s'insinue, mais ne peut pas se crédibiliser. Ce n'est plus la propriété privée exclusive et l'intégrité des marchands qu'il faut protéger, c'est la propriété collective qui se dissipe et ne se transforme plus en propriété progressiste. Les bienfaits de la propriété privée ne l'emportent plus sur ses méfaits. Face aux industries culturelles globales, c'est d'une expropriation de toutes les ressources de la société, jusqu'à sa mémoire, dont la société est menacée.
Aujourd'hui, suite aux crises de la gouvernance mondiale, beaucoup de savants se tournent vers une pratique expérimentale de l'analyse économique. Celle-ci n'est pas encore une pratique réflexive de la société, une politique d'expérimentation sociale, mais elle y fait signe. Le concept de science économique comme science expérimentale se fait plus fort. « L'économie expérimentale », qu'il s'agisse d'expériences « naturelles » ou « contrôlées », continue d'être une pratique qui s'insère toujours dans la vieille division de classes du travail, dans les cadres globaux d'expérimentation qu'elle autorise quoiqu'elle fasse preuve de quelques débordements. « L'économie expérimentale » ne fait pas encore entrer la science en démocratie (B. Latour, 1999) [7]. La doctrine libérale, sa propriété privée exclusive et son individu possessif, étant donnée, c'est la classe dominante qui expérimente au nom de la société.
Il faut aussi faire un sort à la neutralité axiologique selon Max Weber[8]. Le savant ne s'isole du monde dans son laboratoire que pour mieux y être connecté, que pour écarter les connexions impertinentes. Le savant n'est pas isolé des intérêts de ses financiers, ni des passions de ses collègues, ni des marchés et des clients que son produit doit convaincre. Il n'est pas détaché non plus de son intérêt passionné, son crédit scientifique, qu'il doit continuellement accumuler (B. Latour, 2001)[9]. Une telle conception a fait énormément de tort aux chercheurs dans les sociétés de tradition non guerrière. Elle les a isolés dans leur tour d'ivoire. L'idéologie trifonctionnelle et sa division du travail faisaient défaut dans leur société.
Dans le cadre d'une science économique comme science expérimentale, d'une analyse économique comme pratique scientifique et composante d'une pratique réflexive de la société, il ne s'agit plus pour la « science » de s'adresser aux politiques et à la classe dirigeante dont la prise sur la société et le monde devient de plus en plus faible. Les savants se transforment en partenaires de la société qui éprouve dans son expérimentation la pertinence de ses préférences et de ses choix en même temps que les hypothèses expérimentales des chercheurs. Ceux-ci expérimentent avec la société, avec laquelle ils confrontent une économie du désir (ce que l'on veut) et une économie réelle du pouvoir (ce que l'on peut). En étudiant les régularités, les connexions et les effets globaux des comportements particuliers, ils participent à l'élargissement de la rationalité limitée des agents individuels et collectifs et donc à la réduction de leur incertitude. Ils aident la société à ajuster les croyances, les désirs, les comportements particuliers et son comportement global dans un environnement international donné. Leur consensus se construit au sein de la société et avec elle, et non plus au-dessus d'elle. Le savoir est objectivé par la compétition en vue d'être distribué et non plus concentré et monopolisé. La conception et l'exécution ne sont plus d'un ordre hiérarchique. Les savants ne sont plus, ceux de l'étage du dessus, transcendant à partir d'une idéologie trifonctionnelle, prétendant savoir de l'extérieur ce que veut et ce que peut la société. Ils relèvent d'une division du travail intellectuelle qui n'est pas de classes. Ils participent à une politique d'expérimentation qui ne sépare la conception de l'exécution, la pensée de l'action que provisoirement et par commodité. La délibération sociale et politique qui restitue le savoir à la société renouvelle constamment leur unité.
On voit bien que les cadres d'une telle science expérimentale ne peuvent pas être ceux de la société démocratique de classes, ceux d'une démocratie représentative de classes où une élite s'efforce de conformer la société selon une idéologie qui conforte sa position surplombante. Avec l'économie comme science expérimentale et pratique réflexive de la société, les bons cadres sont ceux de collectifs intelligents. Collectifs que la nouvelle donne technologique a tendance à substituer à l'ancienne armée industrielle et ses hiérarchies en polarisant cependant le marché du travail dans les sociétés de tradition guerrière capitaliste. La Chine a compris que la nouvelle donne technologique était une chance pour sa réémergence, quelques pays émergents d'Afrique aussi. Il reste que les dictatures qui n'ont pas pu produire d'armée industrielle auront du mal à saisir une telle opportunité pour produire une société civile adéquate. Circonstance atténuante, il ne souffre pas d'une polarisation du marché du travail. Il faut comprendre que la dictature était un passage obligé pour les sociétés déstructurées sans tradition guerrière de classes sous l'ordre international westphalien. Elles ont pris sur le marché ce qui était disponible : l'Etat de tradition monarchiste, que l'on se tourne vers la démocratie libérale ou l'Etat socialiste. Il nous a fallu attendre un demi-siècle pour nous confronter à notre refus de la monarchie, après que nous ayons quelque peu reculé face à la propriété privée exclusive que nous avons refusée à l'indépendance. Le problème est moins donc dans la dictature, car nous n'avions pas le choix. Nous étions pris dans un esprit du temps favorable à l'étatisme et nous avions hérité d'une société déstructurée. Aït Ahmed avait raison, mais il était impuissant. Il a averti, il n'a pas été écouté. Le problème réside dans le fait que nous n'avions pas compris ce que devait être la fonction de la dictature : la discipline militaire devait pallier la déficience des normes sociales et participer de la clarification des dispositions sociales. Ce qui importait, était de répondre à la question quelle discipline militaire devions-nous adopter pour pallier la déficience des normes sociales et que devions-nous en faire ? Je pense qu'il fallait répondre : construire une armée industrielle sur la base d'une certaine recomposition sociale qui restitue à la société la fabrication de ses normes. On devait se demander dans quelles organisations collectives compétitives il faudrait engager la société. Hier dans des organisations en mesure de construire une armée industrielle du travail, conformément au mode d'organisation du travail de la deuxième révolution industrielle ; aujourd'hui dans des collectifs intelligents, sur le mode d'organisation du travail des nouvelles révolutions technologiques. Il reste que ces collectifs devront être construits sur la base d'une différenciation sociale sans classes et d'une idéologie d'égale liberté de base pour tous afin d'éviter l'impasse de la polarisation du marché du travail et de la concentration du savoir. Leur mémoire est seule capable de protéger la société d'un étêtement par les industries culturelles mondiales, de lui donner une certaine cohésion.
[1] Ilya Prigogine et Isabelle Stengers, «La nouvelle alliance» (1979) et «Entre le temps et l'éternité» (2009).
[2] G. Duby, « Les trois ordres ou l'imaginaire du féodalisme » (1978) et G. Dumézil, « L'Ideìologie tripartite des Indo-europeìens » (1958). La tripartition, ou les fonctions tripartites indo-européennes, est une thèse d'abord formulée par Georges Dumézil à partir de la mythologie comparée. Selon lui, les sociétés d'origine indo-européenne organisent l'activité humaine en trois fonctions, correspondant aux domaines religieux, guerrier et économique, qui sont exercées comme des pouvoirs séparés et hiérarchisés.
[3] Bourdieu distingue deux formes principales de capital : le capital économique et le capital culturel. La matrice de la société occidentale, la féodalité et la monarchie, dans son idéologie tripartite, les contient déjà. Ces deux formes s'opposent, défendent leur autonomie respective, sans remettre en cause leur position de domination commune.
[4] Guerriers et paysans, VIIIe-XIIe siècles. Premier essor de l'économie européenne. Paris, Gallimard, 1973.
[5] Ce n'est pas l'histoire institutionnelle séparée des deux villes américaines et mexicaines de Nogales (Sonora) et Nogales (Arizona) qui explique leur état différent comme le défend ACEMOGLU, dans son ouvrage Why the nations fail ?, c'est l'histoire du monde qui explique la divergence des deux moitiés de la même ville, c'est leur appartenance à deux mondes différents qui explique la construction d'institutions « inclusives » ici et non là. Comparer les deux villes séparées par une frontière nationale, sans tenir compte de leur différence d'insertion internationale, c'est aller trop vite. L'économie de guerre à laquelle le monde est soumis est une évidence en Occident dont on ne tient plus compte.
[6] http://arsindustrialis.org/prol%C3%A9tarisation
[7] Politiques de la nature. Comment faire entrer les sciences en démocratie. La Découverte. 1999.
[8] « Chaque fois qu'un homme de science fait intervenir son propre jugement de valeur, il n'y a plus de compréhension intégrale des faits». Max Weber, Le Savant et le Politique (1919), Paris, Union Générale d'Editions, 1963, p. 19.
[9] Le métier de chercheur. Regard d'un anthropologue. Editions Quæ, « Sciences en questions », 2001


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