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«L'année miraculeuse» de Mohamed Magani: «La triste fin des commis de l'Etat»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 05 - 11 - 2019

Durant la seconde moitié de la toute dernière décade du siècle dernier, Ahmed Ouyahia, alors Premier ministre, sous le règne du Président Lamine Zeroual, devait s'adonner à cœur-joie à une «chasse aux sorcières» déguisée.
Nombreux étaient ces hauts fonctionnaires de l'Etat algérien qui furent traqués comme du gibier de chasse. La raison ? Pousser le peuple à accepter, la mort dans l'âme, les très drastiques et vraiment douloureuses réformes de l'Economie algérienne, sous les contraintes des très difficiles conditionnalités du Fonds monétaire international (FMI).
Les hauts fonctionnaires du régime et autres cadres supérieurs de l'Etat algérien avaient le choix entre partir rapidement en retraite anticipée ou alors tenter de «résister» au mouvement enclenché par le régime, et se retrouver finalement en prison, sous les injonctions très sévères, faites de vive voix à une justice aux ordres, qui mettait souvent tout le monde dans le même sac. Confectionner des dossiers compromettants contre les «récalcitrants» fut ce qu'il y a de plus normal et très aisé à faire, pour un sinistre Premier ministre qui jubilait à chaque fois que le gros filet de la flicaille livrait aux portes des pénitenciers tous ces désormais «criminels au col blanc», parmi la crème des cadres algériens, presque tous formés à l'étranger. Les quelque 3.000 cadres - en majorité presque tous injustement incarcérés -, ajoutés aux très nombreux départs à la retraite forcée de ceux jetés en un tournemain au chômage technique et endémique, d'une manière très chevaleresque et sans le moindre respect, quant à leur grade et services rendus à l'Etat et au profit de la Nation, devaient beaucoup inspirer l'auteur de ‘L'année miraculeuse' pour leur réserver, en retour, tout un volumineux roman.
Voici, en gros et quelques mots, tracé le décor général de l'ouvrage. Quant à son objet, c'est dans son excellent et très prémonitoire liminaire que Smail, le personnage central du roman, en situe déjà le fond, en songeant qu'«il est rare qu'une rencontre commence et finisse comme nous le voulons».
Grâce à cette très courte phrase, balancée tout de go, et qui donne déjà à réfléchir, il en situe les vrais contours de l'intrigue. Pour être plus précis, il est question de rencontre : celle de Smail avec Lotfia, mais aussi de son commencement : à bord d'un vol aérien pour Amsterdam, lequel sera, à coup sûr, très différent de son dénouement.
C'est sur ces petits mais très puissants détails et mots que le ton est déjà donné. Smail, comme tant d'autres parmi ses homologues, collègues et nombreux compatriotes, a été -tout juste- viré de son poste de travail. D'autres, plutôt plus impliqués dans la gestion des deniers publics et jouant aux récalcitrants avec un régime très puissant et usant de la force, faute de moyens de persuasion, se sont retrouvés, tous incarcérés dans les geôles d'une justice qui fonctionnait au téléphone, et parfois de nuit. Il l'aura échappé belle ! Lui, au moins, il a cette chance de voyager bien loin de la masure pour essayer d'oublier son malheur à des lieues du manoir. La trame du roman (*) voyage au gré des égarements et désagréments des deux personnages principaux entre Alger la Blanche et Amsterdam, connue au Pays-Bas pour être cette «Venise du nord», où l'homme désemparé de son triste sort a encore cette faculté de «disparaitre» pour un autre monde, sinon s'envoler pour d'autres Cieux, ou encore s'éclipser de ce monde pour celui de l'au-delà. Dans le même aéronef, à mi-distance entre cette misère et errance de galère intra-muros et ce rêve plutôt bien fou de refaire sa vie à bord de ces péniches qui glissent à la manière des skieurs sur ces venelles aquatiques, Smail fait la connaissance de Lotfia. Et à leur descente de l'avion, il s'emparera, à la manière d'un chapardeur, de sa valise dans une sorte de butin de cette rencontre. Leur départ pour Amsterdam est motivé par deux raisons différentes : Smail fuit un quotidien fait de mouise et de chômage, et Lotfia suit à la trace son rejeton qu'elle n'a plus revu depuis très longtemps, dans l'espoir de le serrer, comme autrefois, contre sa poitrine.
Mais la perte de son bagage dans un bref moment d'inattention lui fit également perdre la raison d'effectuer son long déplacement. Quelques notes de musique auraient suffi pour atténuer les affres de sa solitude, mais le vol de sa grande valise devait la laisser sur sa faim. L'homme qui a emporté avec lui la valise de Lotfia est loin d'être un professionnel du pillage des bagages. Il cherchait plutôt à habiter le cœur de sa propriétaire. Faute de l'avoir vite conquis ou définitivement acquis, par manque de temps nécessaire à un essai dans les formes admises en pareille circonstance, il l'a priva d'un objet très précieux dans sa vie qu'est son violon. Venue pour voir son fils, elle y sera privée de son violon. Que c'est dur de perdre cet instrument qui l'accompagnait si merveilleusement dans sa vie de toujours, en partant à la recherche de cet enfant à qui elle a donné la vie, et qui se trouve à présent si loin du giron de sa mère ?
Son espoir s'est-il soudainement volatilisé ? Sa quête est-elle vraiment désespérée ? De cette rencontre entre une femme au plus mal et un homme mal-en-point peut-il en résulter un dénouement qui sied à l'un et à l'autre ? La suite est aussi rocambolesque que leur histoire à rebondissement.
Ce roman est écrit dans un style fluide, aéré, simple et très fouillé. Il est conçu en des épisodes en «va-et-vient» et fragmentés, et se lit d'une seule traite. Œuvre d'un talent de synthèse qui plonge ses racines dans une large culture, ‘L'année miraculeuse' fait découvrir aux lecteurs un écrivain au verbe chatté qui tient, sans nul doute, à une littérature de voyage qui a forgé en lui ce romancier itinérant entre l'Occident et l'Afrique, pour voyager parfois bien loin de son propre continent.
‘L'année miraculeuse' est le dixième de roman de Mohamed Magani. Cette plume, très «british» dans son esprit et flegme légendaire, qui suivait de très près cette très improvisée campagne «mains propres» engagée sur des chapeaux de roues, nous dévoile à travers cet ouvrage comment arrivés à un âge d'or, ces cadres de l'Etat algérien étaient jetés dehors ou mis en taule.
Un décryptage assez pointu qui montre comment le régime Algérien fonctionnait.
(*)- «L'année miraculeuse» de Mohamed Magani- Editions Chihab - Bab El Oued - Alger - 2018
Une vente-dédicace de ce livre sera organisée par l'auteur au cours du Sila (du 30 octobre au 09 novembre 2019.


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